La dérogation scolaire est une mesure d’exception permettant d’identifier des caractéristiques «exceptionnelles » chez un enfant.
Situation #1 : Marguerite a 4 ans, sait lire, écrire, compter, s’ennuie au CPE et a une personnalité hors du commun. Tout votre entourage -famille, éducatrice, amis, parents d’amis- vous dit que votre enfant est spéciale et qu’elle devrait faire son entrée plus tôt à la maternelle, car elle « perd son temps » à la garderie.
Situation #2 : Antoine aura 5 ans le 5 octobre, mais puisqu’au Québec il faut avoir 5 ans avant le 30 septembre pour être admis en maternelle, il ira une année de plus au CPE. Il est le plus vieux de son groupe au CPE et tout le monde dit qu’il « perdra » une année scolaire à cause de sa date de fête.
Pourquoi la dérogation scolaire?
On considère la dérogation scolaire pertinente quand les parents ou autres intervenants observent que leur enfant a des habiletés particulières et un niveau de développement avancé nécessaires pour commencer l’école une année plus tôt, et qu’il en retirera des avantages sur le plan personnel, social et académique.
En quoi consiste la dérogation?
La dérogation scolaire consiste en une évaluation des aptitudes de l’enfant sur trois aspects de son développement :
- Cognitif (évaluation intellectuelle)
- Socio-affectif
- Psychomoteur
Seuls un psychologue ou un psychoéducateur habilité à ce type d’évaluation peut entreprendre de faire une dérogation scolaire.
Pour considérer qu’un enfant passe la dérogation, il doit se démarquer de façon évidente de la moyenne (selon les critères établis par l’Ordre des psychologues du Québec-OPQ) aux trois sphères de développement. La seule présence d’un quotient intellectuel (QI) très élevé ne suffit pas pour recommander une dérogation. Dès qu’une des trois évaluations ne rencontre pas les critères, la démarche d’évaluation se termine et un rapport contenant les recommandations est remis aux parents. Si l’enfant passe au travers de l’ensemble des évaluations, le spécialiste remettra alors son rapport à la fin de la démarche.
Quels sont les critères d’acceptation?
Le spécialiste doit clairement établir la présence ou non d’un préjudice grave pouvant être causé à l’enfant s’il ne devance pas son admission à l’école. Il doit s’assurer que ses recommandations ne briment pas l’enfant dans son développement. Pour ce faire, il a le devoir de se référer aux critères d’acceptation établis par l’OPQ et faire ses recommandations en conséquence. De mauvaises recommandations basées sur des critères autres que ceux déterminés pourraient engendrer des préjudices graves chez l’enfant et sa famille.
Quels sont les préjudices que mon enfant pourrait vivre?
- Frustration et ennui
- Démotivation
- Baisse de l’effort
- Sous-performance
- Difficulté d’intégration sociale
Ces préjudices s’appliquent aussi bien à l’enfant « prêt » qui n’entre pas précocement à l’école qu’à celui qui entre alors qu’il n’est « pas prêt ». Ils peuvent influencer l’ensemble de la scolarité de l’enfant et ainsi influencer son évolution.
Quand entreprendre les démarches?
Il n’y a pas de date fixe, quant aux démarches de la dérogation scolaire. Chaque commission scolaire détermine ses propres échéanciers. Cependant, puisqu’en quelques mois le développement d’un enfant peut beaucoup changer, il est conseillé d’évaluer l’enfant au moment le plus près possible de sa rentrée scolaire. En général, les dérogations se font entre les mois de février et juin.
Mon enfant entrera-t-il automatiquement en maternelle ou 1ère année s’il passe la dérogation scolaire?
Non. Le spécialiste a le mandat d’établir si oui on non l’enfant est éligible à une entrée précoce sans vivre de préjudice. Il en fait ses recommandations dans un rapport qui est par la suite remis aux parents. C’est à la commission scolaire que revient la décision finale de suivre ou non les recommandations du psychologue. Les parents, dont l’enfant se voit refusé par sa commission scolaire, ont la possibilité d’entreprendre des démarches de révision de dossier auprès de cette même commission scolaire et de demander des explications sur les raisons du refus.
Enfin…
Il est important d’être confronté à l’idée que votre enfant ne passe pas les critères d’admission. Peu d’enfants remplissent les critères de réussite d’une dérogation. Comme il est mentionné plus haut, la dérogation scolaire est une mesure d’exception. Un refus n’indique pas que l’enfant n’a pas de bonnes aptitudes, mais seulement qu’il ne se démarque pas de façon significative de la moyenne. Un parcours scolaire « régulier » sera alors davantage conseillé pour ne pas nuire à son développement.
Pour connaître les dates limites d’acceptation des dossiers de dérogation, contactez votre commission scolaire. Vous pourrez ainsi mentionner la date limite au spécialiste qui pourra déterminer le moment opportun pour rencontrer votre enfant et ainsi mettre toutes les chances de son côté. L’Ordre des Psychologues du Québec et l’Ordre des psychoéducateurs du Québec peuvent répondre à vos questions et vous aider à trouver un spécialiste habilité à faire des dérogations scolaires, dans votre région. N’hésitez pas à les contacter : L’Ordre des Psychologues du Québec et L’Ordre des psychoéducateurs du Québec.