On croit souvent à tort que, au Québec, il y a peu de personnes analphabètes. Et pourtant : selon le Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA), 19 % des Québécois sont analphabètes (niveaux -1 et 1 de littératie) et 34,3 % éprouvent de grandes difficultés de lecture. Ils se qualifient donc d’analphabètes fonctionnels.
Et les enfants?
Qui dit « analphabète » ne dit pas nécessairement « personne âgée » ou « immigrant ». Au contraire : Statistique Canada estime que 10% des analphabètes ont de 26 à 46 ans, soit qu'ils sont en âge d’être parents. « Une personne qui naît en milieu défavorisé de parents faiblement scolarisés risque davantage d’être analphabète ou de connaître de grandes difficultés d’apprentissage, explique Myriam Désourdy, chargée aux communications et événements pour la Fondation pour l’alphabétisation. C’est ce que nous appelons la transmission intergénérationnelle de l’analphabétisme. »
En somme, un enfant dont les parents sont sous scolarisés ou analphabètes serait plus susceptible de l’être à son tour. Heureusement, lorsque les parents sont sensibilisés à l’importance de la lecture en bas âge, ils peuvent tout de même aider leur enfant.
De l’aide et des outils
« Il est reconnu que la précocité du contact avec le langage écrit constitue le facteur-clé de réussite scolaire et d’assiduité à la lecture, souligne Mme Désourdy. Autrement dit, plus un enfant est mis en contact tôt avec le livre, meilleur sera son rapport à la lecture tout au long de sa vie. Aimer lire aide à mieux réussir à l’école. »
Elle se dit par ailleurs optimiste : « Il y a énormément d’outils, tel que notre programme La lecture en cadeau. » La lecture en cadeau s’adresse aux enfants de 0 à 12 ans qui vivent en milieux défavorisés aux quatre coins du Québec. Grâce à la générosité des gens, 40 225 enfants vivant en milieux défavorisés ont reçu un livre en cadeau en mai 2016. « Le programme vise à prévenir les difficultés de lecture et d’écriture susceptibles de mener au décrochage scolaire, puis à l’analphabétisme », précise Mme Désourdy.
D’autres organismes ont des programmes d’aide. C'est le cas d'Abracadabra, une ressource web pour faciliter l’enseignement et l’apprentissage du français, une superbe initiative de l'UQÀM.
Bref, « si les parents sont sensibilisés à l’importance de la lecture en bas âge et qu’ils obtiennent le soutien nécessaire pour participer à la stimulation de leur enfant à la maison, ce dernier arrivera à l’école mieux outillé et aura de meilleures chances de réussir », dit Myriam Désourdy.
Notons que l’entourage de l’enfant, comme la famille, les amis et, bien entendu, les professeurs, aura aussi un important rôle à jouer dans sa réussite scolaire.
La Journée internationale de l’alphabétisation
Le plaisir de lire et d’apprendre en famille, c'est ce que promeut la Journée internationale de l'alphabétisation qui se tient aujourd'hui (8 septembre 2017). Il existe aussi la Journée de l'alphabétisation familiale, une initiative d’ABC Alpha pour la vie. « Partout à travers le pays, les familles, les organismes (communautaires et d’alphabétisation), bibliothèques et écoles sont invitées à organiser des activités d’apprentissage en famille. Comme mentionné, la précocité du contact avec le langage écrit constitue le facteur clé de réussite scolaire et d’assiduité à la lecture », conclut Mme Désourdy.
Pour aller plus loin
- Des détails au sujet du programme La lecture en cadeau
- De beaux et bons choix de lecture pour les 0 à 7 ans
- Les choix de livres de notre blogueuse littérature jeunesse