« Le Comité de gestion de la taxe scolaire de l’île de Montréal voulait savoir si l’exercice peut améliorer la réussite scolaire, relate Suzanne Laberge, l’auteure de l’étude. Mais comme il existe des milliers de facteurs qui influent sur la réussite – au premier chef les facteurs socioéconomiques, le milieu familial, l’âge et l’expérience de vie –, on ne pouvait s’attendre à ce que 45 minutes d’activité physique par jour puissent renverser l’effet bœuf de ces facteurs. » On a donc choisi de mesurer l’effet de l’exercice sur les conditions d’apprentissage. Cinq éléments ont été retenus : l’attention concentration, le contrôle de soi, l’estime de soi, la compétence sociale et les relations interculturelles. Pour observer l’incidence de l’activité physique sur ces éléments, les chercheuses ont construit un programme comportant huit activités (hip-hop, kung-fu, danses africaines, arts martiaux, danse aérobique, musculation, sports d’équipe et Playstation) de 45 minutes chacune et s’étalant sur une période de 18 semaines. Sur une base volontaire, 131 élèves de deuxième secondaire d’un milieu multiethnique et défavorisé se sont inscrits à ces activités offertes à l’heure du diner à l’école même.
« Une corrélation positive nettement significative a été observée entre la participation au programme et le degré d’attention et de concentration mesuré avant et après l’expérience », affirme Suzanne Laberge. En poussant l’analyse des résultats un peu plus loin, elles se sont aperçues que la différence quant à la concentration était uniquement le fait des garçons. « Plus souvent ils ont pris part aux activités, plus la différence dans leur capacité d’attention s’est révélée importante. Ce résultat inattendu a dépassé de beaucoup mes attentes. » Le fait que la corrélation a été observée uniquement chez les garçons serait dû, à son avis, au trop-plein d’énergie des adolescents en pleine croissance, et qui ont besoin d’un exutoire pour maintenir un niveau adéquat de concentration.
Cela invalide les réticences de certains enseignants, qui craignent que trop d’activités physiques nuisent aux apprentissages. Selon eux, les jeunes en reviendraient trop excités pour se concentrer sur les matières scolaires. « Contrairement à ce que certains croient, si l’on fait faire plus d’exercice aux adolescents à l’école, ils seront plus attentifs, déclare la chercheuse. Et si l’attention a un effet sur le rendement scolaire, l’exercice ne peut qu’aider. » Selon les données de l’Enquête sociale et de santé auprès des enfants et des adolescents québécois, 57 % des garçons et 61 % des filles ne font pas suffisamment d’exercice.