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Vie scolaire

L’éducation vue par… une enseignante issue de l’école à la maison

Mariane Lauzon-Morin a un parcours scolaire atypique. Elle a tour à tour appris en classe et expérimenté l’école à la maison. Aujourd’hui, elle s’apprête à enseigner à des jeunes du secondaire.

Mariane Lauzon-Morin a fréquenté l’école primaire comme tout le monde. À la fin de sa deuxième année, sa mère lui propose la possibilité de faire l’école à la maison. En avril, elle vide son pupitre et son casier pour terminer son année scolaire à la maison.

Au secondaire, elle fréquente l’école à temps partiel. Les journées où elle reste à la maison sont consacrées à des apprentissages pratiques, comme l’exploitation d’une fermette touristique avec sa mère. À 14 ans, elle décide d’arrêter l’école complètement, malgré sa réussite scolaire et son plaisir d’apprendre, afin de se consacrer à l’élevage de moutons!

À 16 ans, la jeune bergère entrepreneure renoue avec le système scolaire pour obtenir son diplôme d’études secondaire. À l’école des adultes, elle rencontre une enseignante qui l’inspire. Ayant toujours eu de la facilité à apprendre, Mariane avance vite. Son enseignante l’encourage à donner un coup de main à ses camarades de classe. Cette expérience influencera son choix de carrière.

Aujourd’hui âgée de 25 ans, Mariane Lauzon-Morin sera bientôt enseignante. En avril prochain, elle terminera son baccalauréat en enseignement du français au secondaire qu’elle poursuit à l’Université du Québec à Rimouski. Nous avons discuté avec la future enseignante pour comprendre sa vision de l’éducation.

Comment appreniez-vous à la maison?

On faisait beaucoup d’activités spontanées. Par exemple, pour pratiquer la communication orale, ma mère me demandait d’appeler des entreprises pour leur demander des informations. Et la construction d’une cage à lapin se transformait en leçon de mathématiques : combien de pieds de grillage, calculer les coûts, etc. Aussi, quand j’ai quitté l’école à 14 ans, j’ai réalisé un plan d’affaires pour un projet d’élevage. Ç’a été très formateur.

Votre parcours scolaire atypique influence-t-il votre façon d’enseigner aux jeunes?

J’aimerais beaucoup que mon parcours influence mon enseignement! Actuellement, je poursuis mon dernier stage en enseignement du français dans une classe de 5e secondaire. Je dis souvent à mes élèves qu’après leur passage au secondaire, ils ont la vie devant eux. Ils sont libres de choisir ce qu’ils veulent faire. Ayant eu la possibilité de modeler ma vie alors que j’étais au primaire et au secondaire, j’ai pu essayer plein de choses pour découvrir ce qui m’intéressait.

L’école à la maison a certainement de nombreux bienfaits. Mais la déscolarisation ne semble accessible qu’aux mieux nantis…

Ma mère était monoparentale sur l’aide sociale. Elle était à la maison avec mon frère et ma sœur plus jeunes. C’est pourquoi elle a pu m’offrir l’école à la maison. Si elle avait travaillé, cela aurait été impossible. Je suis contente qu’elle ait fait ça pour moi, alors que sa situation n’était pas idéale.

Apprendre à la maison comporte-t-il des risques en ce qui concerne le développement des enfants selon vous?

Sur le plan social, je crois que l’école contribue à la socialisation des enfants et leur apprend à vivre en groupe. Mais, ça dépend aussi de l’encadrement à la maison. Pour ma part, comme j’ai fréquenté l’école à certaines périodes, j’avais une certaine stabilité sociale. Durant les périodes où je faisais l’école à la maison, ma mère a toujours veillé à inviter mes amis la fin de semaine.

Par contre, lorsque j’ai cessé l’école au secondaire, mon réseau social a été affecté. Certaines amies étaient fâchées contre moi. Je crois qu’elles n’acceptaient pas que je les quitte, que j’aie cette possibilité de sortir du système scolaire. Mais les amitiés qui ont survécu à ce changement ont été solidifiées. On avait hâte de se retrouver la fin de semaine!

À la lumière de votre formation en enseignement, pensez-vous que les parents ont les compétences requises et les outils pour faire l’école à la maison à leurs enfants?

Ça dépend vraiment de chaque situation. Chaque parent éduque son enfant de la façon qu’il pense être la meilleure. Si certains parents ne possèdent pas les connaissances que doivent apprendre les jeunes, ce sera plus difficile pour eux de les transmettre à leurs enfants. Dans ce cas, c’est peut-être mieux d’envoyer les enfants à l’école… Mais si un parent m’informe qu’il souhaite faire l’école à la maison à l’un de mes élèves, je crois que mon rôle, en tant qu’enseignante, serait de le soutenir au meilleur de mes compétences.

C’est ce que l’école à la maison vous a permis : apprendre à votre rythme…

Exactement. J’ai pu aller plus vite là où ça allait bien et passer plus de temps sur les concepts qui étaient plus ardus pour moi. J’ai aussi eu la chance d’explorer. Je pense que cette forme d’apprentissage plus libre a contribué à développer ma curiosité, mon sens critique. J’ai appris à faire des choix de façon autonome. Selon moi, ces aspects plus exploratoires manquent à la formation scolaire actuelle. On conduit les élèves, mais on ne leur apprend pas à réfléchir à ce qui se passe autour d’eux.

Une fois votre diplôme en poche, dans quel genre d’école souhaitez-vous enseigner : alternative ou traditionnelle?

C’est certain que je porte le milieu alternatif dans mon cœur! Cela dit, je vise tout de même l’école traditionnelle. Ma vision de l’enseignement est de former des citoyens avertis. Il s’agit d’une mission que je peux accomplir au sein de l’école traditionnelle. Mais je réfléchis encore la façon dont je vais intégrer dans mon enseignement la pédagogie alternative que ma mère m’a offerte.

Écrit par Marilynn Guay-Racicot

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