Voir le monde, petit à petit, voilà ce qui nous passionne chez nous! En mai 2010, alors enceinte de 3 mois, nous étions à découvrir la Jordanie quand mon conjoint et moi nous sommes promis de transmettre cette passion à notre premier enfant à naitre. Il aura certainement fallu un peu plus de recherche et de planification qu’à l’habitude, mais nous avons fait nos devoirs et nous nous sommes préparés pour que tout se déroule le mieux possible et qu’on en profite pour découvrir, s’amuser et se sentir en vacances.
Nous avons donc choisi de partir alors que fiston avait un peu plus de 6 mois, alors que l’introduction des aliments est encore à ses débuts, et que l’allaitement (mixte) se déroule bien. Nous avions aussi convenu de tenter de maintenir un semblant de routine le plus possible, pour aider bébé dans cette aventure.
La préparation
Mais où allons-nous aller, fut la première question à régler. Tant de pays qui restent à voir et qui nous intéressent! Toutes les régions du monde y sont passées et nous avons finalement opté pour la Pologne, qui nous attirait, et où l’on savait qu’on trouverait assez facilement ce qu’il nous faut pour les besoins de bébé. Et disons qu’un conjoint polonais qui parle le polonais, ça facilite drôlement la découverte d’un pays!
Que de détermination nous avions à voyager léger, malgré les couches, la nourriture et le lit de voyage de bébé, que nous voulions apporter! Nous avons donc apportés le minimum de vêtements, pour tenir le coup une semaine, avec bien sûr, quelques rechanges de plus pour bébé, tout en prévoyant faire une petite brassée de lavage en route! Les couches et les petits pots de purées seraient achetés à destination, alors que les céréales et le lait maternisé en poudre ont mérité leur place dans les valises. Le lit de voyage? Il est si compact et ne pèse que 7 lb, il s’est donc taillé une place dans ma valise. Après une bonne grosse heure à épurer ma pile initiale de vêtements, on a réussi à boucler 2 valises, l’une de 15 kg, l’autre de 20 kg, une poussette parapluie, ainsi que nos 2 petits sacs à dos pour l’avion. Premier défi? Réussi!
L’avion
Ah, l’avion! On veut que ça se déroule sans anicroche, que bébé ne pleure pas trop par crainte de déranger les autres, on veut dormir et relaxer. Toute une commande pour un premier transit de 12 heures, incluant une escale à Philadelphie avant d’atterrir à Dublin, en Irlande.
Rien ne vaut mieux qu’une bonne préparation, du calme et gérer nos attentes. Il y a bien des gens dans l’avion qui ont eux-mêmes des enfants et qui comprennent ce que ça représente! En mettant bébé au sein au décollage et à l’atterrissage et en maintenant sa routine de boires et de dodos le mieux possible, c’est lui qui est arrivé à destination le plus en forme! Le chanceux arrivait à dormir avant même que l’avion quitte la piste, et se réveillait pratiquement à destination. J’en étais envieuse.
Après un petit 48 heures sans histoire sur la côte ouest de l’Irlande, nous avons repris l’avion pour nous rendre à Gdansk en Pologne. Cette fois, nous avions choisi une compagnie aérienne à bas prix, ce qui veut aussi dire un minimum de service. Lorsqu’aucun préembarquement n’est prévu pour les familles (à moins de payer un surplus), que les bancs sont si près les uns des autres et que les places ne sont pas assignées sur l’avion, c’est la galère pour un parent. Le niveau de stress augmente considérablement. Soit on comprend bien dans quoi on s’embarque, soit on opte pour une autre compagnie aérienne et on paie un peu plus cher. Dans notre cas, nous accepterions de payer un peu plus la prochaine fois, même si tout s’est bien passé.
La Pologne, du nord au sud
12 jours, 4 villes, 4 hébergements et 1600 km d’auto. Voilà le programme qu’on avait organisé pour la Pologne, un peu naïvement.
Les premiers jours à Gdansk ont été consacrés au repos pour se remettre du décalage, pour voir la famille de mon conjoint, faire nos emplettes et découvrir la région. Quel privilège que la famille puisse nous prêter une voiture et un siège d’auto! Autrement, nous aurions dû louer une voiture, et nous assurer d’avoir un siège d’auto de la compagnie de location ou encore de trimballer le nôtre. Une fois le déjeuner englouti et les sacs à dos du jour prêts, on s’assurait de quitter l’hébergement un peu avant la sieste du matin pour que bébé puisse s’endormir dans sa poussette. Nous avons ainsi pu voir Gdansk, Sopot et Gdynia, à raison d’une ville par jour, en marchant beaucoup : les vieux quartiers, les monuments, les places publiques.
Après 4 jours, nous avons pris la direction de Cracovie, une longue journée de route de 600 km, sur 12 heures plutôt que les 8 heures et quelques minutes que suggérait GoogleMaps. Cette étape devait être parsemée de pauses, pour permettre à bébé de se dégourdir, de manger et de jouer un peu parce que c’était impensable de lui faire passer la journée dans son siège d’auto.
L’appartement-hôtel que nous avions réservé était en plein cœur du vieux Cracovie, donc nul besoin de la voiture pour quelques jours. De plus, ce style d’hébergement nous offrait la possibilité de cuisiner au besoin et d’avoir accès à un frigo. Chaque matin, on partait à pied à la découverte de la ville, et on pouvait repasser à l’appartement au besoin ou pour faire faire un petit dodo à Alexandre en fin d’après-midi au besoin. Et pourquoi pas une petite sieste pour nous aussi, c’est les vacances après tout! Un peu de tout était au programme : Rynek Glowny (la place publique), des églises et cathédrales à couper le souffle, le château de Wawel, l’usine de Schindler. Les Bar Mlecny, ces bars laitiers qui offrent un menu complet de délicieux plats polonais en style cafétéria furent notre endroit de prédilection pour de bons diners. J’ai même eu le plaisir d’assister à un concert de musique de chambre à l’église Saints-Pierre-et-Paul qui a, semble-t-il, une des meilleures acoustiques en ville, un moment magique de ce voyage. Ce fut ma soirée de congé, pendant que papa et fiston se sont offert une petite marche en duo.
Comme on avait à ce stade-ci fait le plein de la ville, direction Zakopane, la ville montagnarde des Carpates, prisée des Polonais pour ses stations de ski. Les propriétaires d’un petit gîte nous attendaient pour 2 nuits. Nous avons pu aller au sommet de Kasprowy Wierch à 1987 m d’altitude en téléphérique, mais une fois en haut, sous la pluie battante, nous n’avons pu découvrir les paysages à couper le souffle. Et Alexandre n’a rien vu aller parce qu'il dormait profondément au grand air, dans le porte-bébé! Nous nous sommes repris le lendemain, en allant voir le lac Morskie Oko (qui veut dire l’œil de la mer), une randonnée de 18 km aller-retour en 5 heures, avec 600 m de dénivelé. Une autre idée ambitieuse qu’on prévoyait faire avec bébé dans le porte-bébé, mais quelle bonne surprise d’apprendre une fois sur les lieux que le chemin était asphalté jusqu’en haut. Nous avons ainsi pu opter pour la poussette et le porte-bébé nous a servi de complément en chemin. Et si tant de groupes scolaires s’y trouvaient, on pouvait certainement réussir nous aussi. Un allaitement en cours de route s’est imposé (sous le regard curieux des nombreux élèves), mais nous sommes parvenus au sommet. Pas question de marcher le lendemain, que je me suis dit en me couchant fatiguée, mais heureuse ce soir-là!
Comme on était à la frontière sud du pays à Zakopane, le temps était venu de reprendre la route vers le nord, pour revenir à Gdansk, en arrêtant à Auschiwtz-Birkenau puis à Varsovie pour 2 jours. Encore une fois, ces journées se sont avérées riches en apprentissages, en réflexions et... en marche! Alexandre se portait toujours bien dans tous ces déplacements. Il dormait bien, mangeait bien, était joyeux et tout sourire!
Sur le chemin du retour, en passant par Dublin, Irlande
Après avoir parcouru tant de route, il était temps de rendre la voiture à Gdansk et de reprendre un vol vers Dublin pour y passer 48 heures avant de rentrer au Canada. Un autre segment de vol avec cette compagnie aérienne à bas prix nous attendait. De courage et de patience nous nous sommes armés, car en plus du chaos qui allait régner, notre vol quittait à 22h pour arriver à Dublin vers minuit (heure locale).
C’est ici que tout le repos s’est volatilisé à cause de l’heure du vol qui a fait que nous nous sommes couchés très tard ce soir-là. Une autre leçon à tirer que nous nous sommes dits... Inutile de préciser que le lendemain fut assez tranquille et que nous avons opté pour un tour de ville en autobus plutôt qu’à pied, pour respecter nos limites et celles de bébé. On a eu une magnifique journée pour l’Irlande : +16C, venteux, peu de pluie. Durant ces 2 dernières journées à Dublin, la joie de vivre des Irlandais nous a fait oublier que nous étions fatigués.
Bons coups, mauvais coups!
Évidemment, nous avons appris énormément de cette belle aventure. Voici quelques leçons.
Les bons coups
- Toujours avoir sur moi un châle, qui pouvait me servir de cape d’allaitement au besoin, de petite couverture pour bébé, de foulard, ou encore pour couvrir la poussette lors des siestes.
- Compartimenter le contenu de mon sac à dos d’un jour (qui était aussi mon bagage à main dans l’avion) : un sac refermable pour le nécessaire à l’alimentation et un autre sac refermable pour les changements de couches. Chaque matin, je refaisais le plein avant de partir à la découverte des villes, en incluant 2 petits biberons d’eau bouillie pour le lait et les céréales.
- Rester au même endroit de 2 à 3 nuits, pour éviter de refermer les valises et le lit de voyage chaque matin.
- Faire les emplettes à destination – ça allège les bagages et dites-vous que là-bas aussi ils ont des bébés! un peu de recherche sur les produits disponibles à destination, avant le départ, vaut le coup.
- Avoir préparé Alexandre à manger ses céréales, ses purées et son lait maternisé à la température de la pièce avant le départ.
Les moins bons coups
- un itinéraire de 3 segments de vol, incluant une escale d’un peu plus de 48 heures en Irlande, à l’aller comme au retour. C’est bien beau l’Irlande, mais ces mini-escales n’en valaient pas la chandelle. Trop de transits pour rien nous ont bien fatigués. Un vol direct vers la Pologne pour un peu plus cher aurait été plus judicieux.
- Toujours, toujours, toujours, avoir des vêtements de rechange pour bébé. La seule fois où on a oublié fut celle qu’Alexandre a choisie pour se salir... nous avons rebroussé chemin pour revenir à l’hôtel le changer adéquatement, alors qu’on avait si faim!
Bien sûr, bébé ne se souviendra de rien, mais nous saurons certainement lui raconter ce premier voyage, et l’illustrer de tous les clichés rapportés. Ce fut un voyage rafraichissant, stimulant, ou on a su rire de nos erreurs en cours de route. Comme une personne dans mon entourage m’avait dit déjà : « On voit moins de choses, mais on voit mieux, et sous un regard bien différent! »