L'autre jour, ma fille me demandait ce que les annonceurs publicitaires entendaient par « des vacances réussies ». Elle se demandait, un peu inquiète, de quelle façon on pourrait « manquer » nos vacances. Spontanément, je lui ai dit qu’à leur avis, tout le monde pouvait passer du bon temps à la destination qu’ils proposent.
Puis, en y pensant bien, j’ai réalisé qu’ils avaient menti. Tout le monde n’y passerait pas autant de bon temps. Non pas parce que le Nouveau-Brunswick n’est pas une destination extraordinaire, ni parce que la Ronde est moins magique qu’avant avec ses manèges et ses feux d’artifice, c’est plutôt que certaines personnes ne s’amuseront qu’une fois rendus à destination, et encore...
J’ai donc nuancé ma réponse en lui racontant les vacances que nous pourrions avoir si nous allions par exemple à Disneyland Paris.
D’abord, il faudrait choisir des vêtements, parfois c’est long. Il faudrait aussi préparer les bagages, ensuite on pourrait prendre un taxi, mais c’est beaucoup trop cher. On prendrait donc l’auto. Le stationnement aussi est très cher à l’aéroport, sauf si on se stationne plus loin, mais les bagages sont lourds et ce n’est pas très pratique. Ensuite on prendrait un avion qui sera probablement en retard, on fera la file, on paiera peut-être un extra pour les valises et on embarquera sur cet avion bondé où la nourriture est bien ordinaire. Ensuite, après avoir été dérangés plusieurs fois par des agents de bord et peut-être même un bébé en détresse, nous atterririons à Paris, une ville que nous connaissons peu et où nous devrons trouver un taxi pour arriver à l’hôtel qui ne serait pas nécessairement comme sur la photo.
Ensuite, on pourrait commencer à s’amuser…
- Est-ce que ce serait un beau voyage selon toi?
- Moyen, répond ma fille.
Mais ma belle, on pourrait choisir nos plus beaux vêtements, ceux qu’on ne garde que pour les occasions spéciales et les mettre dans notre valise en pensant aux belles sorties qu’on va faire. On écouterait de la musique française dans la voiture, on demanderait à papa de nous conduire à la porte principale de l’aéroport avec les valises et on l’attendrait pendant qu’il va se stationner. Il aime ça marcher, papa! On regarderait où les gens s’en vont, on parlerait des destinations affichées sur le tableau et, si l’avion était en retard, on grignoterait quelque chose. On poserait des questions au gentil agent de bord quand il viendra nous porter à boire. Une fois arrivés, on chercherait des yeux la tour Eiffel et on parlerait un peu à notre chauffeur de taxi parisien avant d’arriver à Disneyland et nous amuser…
Ma fille était heureuse de constater qu’elle choisit toujours la meilleure option, et c’est vrai qu’elle le fait. De mon côté, pas toujours. Quand je suis fatiguée ou stressée, je deviens parfois impatiente et je perçois le bonheur incontrôlable de mes enfants comme de l’insubordination alors que je devrais probablement sauter de joie aussi.
On dit que le bonheur est un voyage, pas une destination, alors cet été, amusons-nous tout au long de nos vacances, malgré la fatigue et les imprévus.
Je vous souhaite de profiter de l’été. Avec un peu de chance, vos enfants, comme l’adorable fils de mon ami, vous demanderont de « déménager en vacances (là où le jus de pommes est offert à volonté) ».
