Les parents à la tête d'un recours collectif contre Playtex, Gerber et Avent sont persuadés que les grandes entreprises savaient que leurs biberons et gobelets fabriqués avec du bisphénol A (BPA) étaient nocifs pour la santé des bébés.
La preuve? La plupart des bouteilles et gobelets contenant du BPA ont été retirés des tablettes dès que le gouvernement fédéral a annoncé son intention d'en réglementer la vente. En quelques semaines, les produits ont été remplacés par d'autres, exempts de BPA.
Des questions se posent, croit Me David Bourgoin, du cabinet Woods, qui représente les requérants à la tête du recours collectif. « Il y avait des produits de remplacement. La preuve : ça n'a pas pris de temps à les sortir sur le marché », a lancé Me Bourgoin.
Le BPA est un produit chimique utilisé dans la fabrication d'un plastique dur et transparent, le polycarbonate. Lorsque le plastique est chauffé, la substance traverse les parois et peut se retrouver dans le liquide, comme le lait. Selon des études, le BPA pourrait être responsable de certains cancers et problèmes hormonaux à long terme. Les bébés seraient plus à risque.
Après une consultation au printemps dernier, le Canada est devenu le premier pays à réglementer et limiter l'utilisation du BPA, principalement dans les produits pour les jeunes enfants.
Mis sur pied en avril 2008, le recours collectif est mené par trois mères de famille, requérantes contre chacune des trois entreprises. Mais à ce jour, une quarantaine de personnes se sont inscrites, a souligné Me Bourgoin. Cette semaine, une étape importante sera franchie avec l'interrogatoire des plaignantes. Il servira à préparer l'audition de la requête en Cour supérieure, le 30 avril. C'est à ce moment que l'on saura si l'action est autorisée ou non.
Requérante contre l'entreprise Playtex, Isabelle Morasse est l'une des trois plaignantes au dossier. Elle s'est procuré un total de 25 bouteilles pour son bébé, aujourd'hui âgé de 2 ans. Des bouteilles qu'elle mettait au lave-vaisselle et au micro-ondes. Elle ne savait pas qu'elles étaient fabriquées avec du BPA. Mme Morasse admet avoir vécu beaucoup d'angoisse lorsqu'elle a su en quoi consistait le bisphénol A. « Il n'y avait rien qui laissait paraître qu'il pouvait y avoir un produit chimique aussi grave à l'intérieur (des bouteilles). J'ai le sentiment d'avoir été flouée par une grosse compagnie », a raconté cette jeune mère de la région de Québec.
Les entreprises impliquées ont fait savoir qu'elles ne commenteraient pas le recours collectif.