Près de 10 ans après que l'industrie alimentaire canadienne ait entrepris d'ajouter de l'acide folique à certains produits à base de céréales, le taux de spina-bifida et d'autres anomalies congénitales causées par une déficience en acide folique a chuté de moitié. C'est ce que révèle une étude qui montre aussi que la baisse du nombre d'anomalies du tube neural a été la plus marquée dans les provinces atlantiques, selon son auteur, Philippe De Wals, professeur à l'Université Laval, à Québec.
L'étude, publiée dans le New England Journal of Medicine, n'est pas la première à faire la démonstration de la capacité de l'acide folique de réduire les malformations congénitales, mais elle est la plus importante à en évaluer les effets depuis que le Canada a rendu obligatoire l'adjonction de cette vitamine du groupe B en 1998, a-t-il déclaré en entrevue, depuis Québec. Mais le plus impressionnant, selon lui, est que l'enrichissement en acide folique a eu un effet beaucoup plus important que prévu.
Les chercheurs ont recueilli des données sur plus de deux millions de grossesses provenant d'hôpitaux situés dans sept provinces, et ont recensé l'évolution des taux d'anomalies du tube neural entre 1993 et 2002. Les chiffres incluent les naissances vivantes, les bébés mort-nés et les interruptions de grossesse dues à des anomalies fœtales. En tout, les chercheurs ont relevé 2 446 sujets atteints d'anomalies du tube neural sur 1,9 million de naissances. Ils ont constaté que le nombre de cas d'anomalies avait baissé à 0,86 par tranche de 1000 naissances après enrichissement complet, soit une baisse de 46 % par rapport au taux de 1,58 pour 1000 naissances avant l'adoption de cette mesure. Le taux de cas de spina-bifida a chuté de 53 %.
Selon le professeur De Wals, le plus grand succès attribuable à l'enrichissement en acide folique s'est produit à Terre-Neuve/Labrador, où les taux de malformations à la naissance sont passés de 4,56 pour 1000 à 0,76 pour 1000, après l'ajout de la vitamine au régime alimentaire des résidants. M. De Wals a expliqué que les habitants des Maritimes avaient les mêmes habitudes alimentaires que celles des résidants du Royaume-Uni, c'est-à-dire qu'ils faisaient bouillir viande et légumes dans une marmite pendant plusieurs heures, une pratique qui détruit l'acide folique. Ce type de cuisine est moins courant dans l'ouest du pays.
L'acide folique est présent naturellement dans certains aliments comme les légumes à feuilles, les noix et les graines et le poulet, mais en quantités considérées insuffisantes pour les femmes enceintes, a dit M. De Wals.