La myopie
L'enfant myope se plaint principalement de voir embrouillé au loin (par exemple, au tableau à l'école). Pour retrouver une vision normale, celui-ci doit souvent plisser les yeux. Il doit se rapprocher aussi de la télévision. La myopie scolaire est un problème de réfraction qui prend de plus en plus d'ampleur chez nos enfants. En effet, les recherches prouvent qu'en première année scolaire à peine 10 % des enfants sont myopes, alors que, vers le début du secondaire, près de 60 % seront devenus myopes. La myopie est un défaut qui apparaît, le plus souvent, à l’adolescence. Cependant, certains bébés peuvent être sérieusement myopes, notamment si leur mère et/ou leur père le sont. Cette fois, les images reçues se créent devant la rétine et non dessus.
L’enfant voit mal de loin, mais bien de près. Tout petit, cette anomalie ne le gêne pas, car il ne s’intéresse encore qu’à un monde proche. Plus tard, si l’on ne corrige pas son défaut, il risque de demeurer dans un univers anormalement restreint.
La myopie est donc, cliniquement, un problème de la réfraction où l'enfant nécessite des lentilles concaves (qui rapetissent l'image) pour avoir une vision normale.
Optiquement, chez le myope les rayons de lumière qui entrent dans l'oeil sont focalisés trop près. Voir la figure qui suit. Les lentilles concaves feront en sorte de focaliser ces rayons sur la rétine. Des études utilisant la résonance magnétique ont montré que les yeux des myopes durant leur progression étaient en général plus volumineux et plus gros dans toutes les dimensions. Par contre, il n'y a avait aucune différence dans le diamètre horizontal ou vertical, ni dans la longueur antéro-postérieure.
En effet, si des lentilles concaves de puissance adéquate sont placées devant l'oeil myope, les rayons sont déplacés et la mise à foyer se fera alors sur la rétine.
La myopie existe chez environ 25% de la population et augmente de plus en plus tant chez les enfants que chez les adultes. Au moins 20% des individus non myopes vont devenir myopes durant leurs années de collège ou d'université. Une prévalence de myopie jusqu'à 80% a été rapportée chez les étudiants professionnels (Dunphy, Stoll, et King, 1968).
Les gens affirment souvent que la myopie est héréditaire. Cela est facile à dire puisqu'on ignore encore la ou les causes réelles de la myopie. Bien sûr, il est fréquent de remarquer des enfants myopes dont les parents sont aussi myopes mais de plus en plus on remarque aussi de plus en plus d'enfants qui deviennent myopes et dont la myopie est absente chez les parents. On peut donc très bien mettre en doute la théorie unique de l'hérédité.
Le fait que la prévalence de la myopie augmente avec l'âge donne du poids à la théorie environnementale qui prétend qu'elle serait due à des agents stresseurs qui forcent les yeux des enfants à s'adapter vers la myopie. La myopie augmente souvent de 0.50 dioptries et plus par année. Cette augmentation pourrait très bien être iatrogénique dans le sens où les lentilles compensatrices du myope servent comme mécanisme de déclenchement pour une myopie plus importante.
Il est donc important de considérer comment l'optométriste va corriger une myopie qui débute. Le fait que les enfants utilisent leur correction de myopie (corrigeant leur vision de loin) lors des tâches de lecture et d'écriture fait sûrement en sorte qu'ils travaillent de près avec une puissance de correction qui n'est pas adaptée pour leur vision qui demeure normale de près. Il peut arriver que l'optométriste décide de corriger une portion de la myopie de l'enfant (pour permettre un minimum de vision claire) et de corriger à la fois la vision de près pour éviter que l'enfant lis à travers une puissance qu'il n'a pas besoin pour la lecture.
Un début de myopie s'accompagne fréquemment d'une insuffisance de la focalisation (mise-à-foyer) de l'oeil, et cette insuffisance de focalisation pourrait être le déclencheur de cette myopie: si, à ce moment, des exercices visuels de focalisation sont donnés à l'enfant, il arrive fréquemment que la légère myopie disparaisse après quelques semaines de rééducation visuelle.
D'autres recherches (Université de Houston) ont montré que les lentilles de contact rigides perméables au gaz contribuaient à diminuer la progression de la myopie: les jeunes porteurs de lentilles de contact subissaient une augmentation de myopie de 0.10 dioptries par année alors que les porteurs de lunettes avaient une augmentation de 0.51 dioptries par année.
On doit réaliser que biologiquement, les yeux des humains avaient comme but principal de voir clair à distance surtout, qu'ils n'ont pas été créés pour la vision de près (lecture, écriture, dessin, terminal à écran cathodique, etc.), et ce, de longues heures durant. Ce n'est qu'à partir de la création de l'imprimerie que la situation visuelle des humains s'est mise à changer. On peut affirmer que la myopie peut être considérée comme une forme d'adaptation biologique, peut-être déclenchée par une prédilection génétique mais exacerbée par les stress environnementaux qui cause le système visuel à capituler sa vision à distance afin de demeurer efficace lors des tâches en vision de près.
Donders (dans Stansbury, 1948) fut sans doute le premier à suggérer que les tâches de lecture et d'écriture pouvaient contribuer au développement de la myopie. D'où le terme "myopie scolaire".
Kephart (1953) montra que chez 574 enfants de la première à la douzième année, le pourcentage de myopie diminuait lors des vacances de l'été et que le pourcentage augmentait de nouveau suite à la rentrée scolaire. De plus, la diminution du pourcentage de la myopie durant l'été était moindre à mesure des années scolaires.
Une étude sur les esquimaux en Alaska a montré que deux tiers des enfants ont développé des montants considérables de myopie après leur entrée scolaire, alors que la myopie était à peu près inexistante chez leurs parents non scolarisés.
Des études qui ont porté sur du personnel militaire qui passe des mois dans un sous-marin ainsi que sur des militaires qui vivent carrément dans des locaux souterrains ont montré que les individus myopes devenaient plus myopes et que les individus ayant une vision normale voyaient une myopie apparaître. Ces nouvelles situations visuelles créent sûrement des réactions au stress à cause des restrictions visuelles et physiques que ces gens subissent.
L'hypermétropie
L'hypermétropie est le défaut le plus répandu chez les bébés, car, de toute façon, tous les enfants naissent momentanément hypermétropes de 1 à 2 dioptries. Le plus souvent, cette particularité qui tient au fait que les images se forment derrière la rétine et non pas dessus, disparaît naturellement entre 6 et 10 ans.
Conséquence pour ceux chez lesquels elle demeure à un âge où l’acuité visuelle de l’enfant est naturellement faible quand il regarde de près : sa vision est encore plus altérée. Lorsque l’hypermétropie est faible, les spécialistes du tout-petit ont pour habitude de l’ignorer; elle est généralement sans effet sur la vision.
Quand elle est plus importante, ils prescrivent une correction qui peut, à elle seule, suffire à éviter un strabisme. Enfin, si elle ne concerne qu'un seul oeil, elle doit, là aussi, être considérée, car l’enfant court un risque de strabisme et d’amblyopie.
L'enfant hypermétrope voit bien à moins que l'hypermétropie soit importante. Au contraire du myope, l'hypermétrope peut surmonter l'embrouillement par la focalisation (mise au point) mais cela demande un effort musculaire constant tant de loin qu'en vision de près surtout si l'hypermétropie est importante. C'est pourquoi il a souvent mal à la tête en fin de journée, ses yeux sont rouges, sont irrités et il se plaint de malaises autour des yeux.
Cet enfant, donc, peut compenser une bonne partie de ce problème en sur- focalisant, mais au prix d'un effort musculaire intense. Même la vision de loin lui est inconfortable.
C'est la raison pour laquelle l'hypermétropie est une manifestation visuelle beaucoup plus subtile que la myopie. Il est donc important de pouvoir dépister ce problème car il est responsable de beaucoup de symptômes.
L'hypermétropie est ainsi un problème de la réfraction où l'enfant nécessite des lentilles convexes (grossissantes) pour avoir une vision normale.
Optiquement, chez l'hypermétrope les rayons de lumière qui entrent dans l'oeil sont focalisés trop loin. Les lentilles convexes feront en sorte de focaliser ces rayons sur la rétine.
En effet, si des lentilles convexes de puissance adéquate sont placées devant l'oeil hypermétrope, les rayons sont déplacés et la mise à foyer se fera sur la rétine. Voir la figure.
L'astigmatisme
L'astigmatisme est dû à une irrégularité de courbure de la cornée. Au lieu d’être ronde comme un ballon de football, elle se rapproche du ballon de rugby. L’enfant voit, par exemple, mieux les lignes verticales que les horizontales, mais, petit, il n’est pas gêné et, là encore, on ne corrige un astigmatisme chez l’enfant jeune que s’il est très important.
L'astigmatisme est plus difficile à expliquer et à comprendre, parce que plus abstrait.
On dit que la myopie et l'hypermétropie sont des amétropies sphériques: quel que soit l'axe (entre 0° et 180°) mesuré, la puissance de l'oeil est la même.
Dans le cas de l'astigmatisme, la puissance diffère selon l'axe dans lequel on le mesure. Ainsi la myopie ou l'hypermétropie est différente selon que l'on mesure, par exemple, l'axe horizontal et l'axe vertical. Voir figure suivante.
L'enfant dont l'astigmatisme est significatif se plaint d'une vision embrouillée tant de près que de loin. Par contre, si l'astigmatisme est de faible valeur, l'enfant se plaindra d'avoir mal aux yeux, de maux de tête frontaux et temporaux. L'inconfort visuel varie selon la demande visuelle de la tâche à effectuer.
L'astigmatisme est donc un problème de la réfraction où principalement la cornée de l'oeil n'a pas une forme régulière. Les rayons de lumière horizontaux ne se focalisent pas au même endroit que les rayons verticaux: il y a deux endroits de focalisation imprécis. C'est pourquoi des lignes d'orientation différente seront perçues plus ou moins précisément.
La façon de corriger l'astigmatisme est d'utiliser une lentille ophtalmique qui va corriger la puissance des eux différemment selon l'orientation de l'axe. Cette lentille ophtalmique est dite cylindrique car elle a effectivement la forme d'un cylindre. Cette lentille fera en sorte de ramener la focalisation de tous les axes sur la rétine.
Le strabisme
Le strabisme est un défaut de parallélisme entre les deux axes du regard. La déviation peut être légère ou importante, intermittente ou permanente, variante ou constante et affecter un seul oeil ou les deux yeux. Elle est rarement identique dans toutes les positions du regard.
Le strabisme le plus fréquent est convergent : l’œil dévie vers le nez. Il est moins souvent divergent — l’œil dévie vers la tempe — ou vertical — l’un des yeux est plus haut que l’autre. Jusqu’à 3 mois, il est normal qu’un bébé semble loucher de temps à autre, car ses deux yeux sont encore largement indépendants et incapables de superposer les images.
De plus, pour des raisons morphologiques, presque tous les nourrissons donnent l’impression de loucher, du moins par moments, car la base de leur nez n’est pas encore proéminente et leurs paupières supérieures ont tendance à plonger vers le petit bout de nez.
Dans la moitié des cas de strabisme, ce défaut peut apparaître après 9 mois. Dans 15 % des cas, il se révèle plus tardivement : après 18 mois.
Avant 9 mois, les causes du strabisme sont, le plus souvent, liées à un défaut de la commande nerveuse des muscles oculaires ou encore à une trop forte myopie ou hypermétropie. Plus tard, il n’est pas rare qu’un choc affectif entraînant un trouble psychologique soit en cause. Par exemple, la séparation des parents ou l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur...
Pour les psychanalystes, l’explication est claire : l’enfant subit un conflit qu’il ne peut pas résoudre. C’est sa manière à lui d’attirer l’attention, d’appeler au secours... comme d’autres refusent de s’alimenter ou recommencent à faire pipi au lit. Parfois aussi, un strabisme peut être dû à une forte fièvre ou à une chute ayant entraîné un traumatisme crânien. Le strabisme n’a pas seulement un inconvénient esthétique. Il a aussi des conséquences visuelles : l’œil qui ne fixe pas est susceptible, si l’on n’intervient pas, de devenir paresseux, puis inefficace. C’est ce que les spécialistes appellent l’amblyopie.
L'amblyopie Hypermétropie, myopie, astigmatisme ou strabisme sévère d’un ou des deux yeux peuvent conduire à une amblyopie. L'amblyopie n’est pas un défaut de l’œil lui-même, mais la conséquence d’une anomalie de la vision qui empêche le cerveau d’apprendre à voir. Par exemple, un oeil fortement hypermétrope fabrique des images de mauvaise qualité.
Le cerveau sélectionne celles de meilleure qualité en provenance du « bon » oeil. Il supprime les images « parasites » pour se consacrer entièrement à l’analyse du bon oeil. Résultats : peu à peu, la vision de l’œil hypermétrope est inhibée et, à l’extrême, cet oeil peut se réfugier dans le strabisme et/ou devenir voyant.
Si tout commence par un strabisme, le phénomène est comparable : l’œil qui « louche » peut devenir, lui aussi, amblyope. Dans les cas les plus sévères, si les deux yeux sont porteurs de défauts importants, il arrive que l’enfant développe une amblyopie bilatérale : le cerveau apprend mal ou pas du tout à voir.
Comme l’amblyopie est la plupart du temps consécutive à un défaut de l’optique de l’œil ou de sa position, les spécialistes de la vision de l’enfant essaient de détecter et de corriger cette menace le plus précocement possible. L’enjeu est d’importance. Il concerne 40 000 enfants : 22 000 parmi les 60 000 amétropes dénombrés et 18 000 parmi les 30 000 strabiques. 40 000 enfants, d’autant plus à considérer que, aujourd’hui, on sait leur redonner une vision proche de la normale.