Tout au long de sa vie, l’enfant apprend d’ailleurs par ses yeux. Plus de 80 % de son apprentissage passera par l’acquisition d’information via ce mode. Il faut donc que les parents s’assurent que leur enfant possède tout ce qu’il faut pour bien apprendre.
Le développement de la vision
La vision de l’enfant se développe très rapidement après la naissance.
- L’enfant voit à courte distance, pour chacun des 2 yeux, à la naissance, puis atteint une vision similaire à celle de l’adulte vers l’âge de 6 mois.
- Les couleurs commencent à être perçues vers l’âge de 2 mois et sa sensibilité aux contrastes chromatiques continue de s’améliorer au cours de la croissance.
- L’apparition de la fonction binoculaire, utilisation des 2 yeux de façon synchronisée, s’effectue entre la dixième et la seizième semaine.
- Le nourrisson commence à développer sa vision stéréoscopique, vision en 3 dimensions, vers l’âge de 5 mois. Ce processus ne se termine que vers l’âge de 6 à 9 ans.
- Il commence à suivre les objets qui se déplacent lentement vers l’âge de 2-3 mois.
- Son champ visuel est restreint au cours des premiers mois et il s’agrandit pour atteindre des valeurs près de celles de l’adulte vers 1 an.
Dès qu’il peut ramper, le jeune enfant découvre la texture, la forme et le mouvement des objets dans l’espace. Cela stimule la coordination œil-main. Vers l’âge de 2 ans, les jeux de blocs et les objets à assembler sont des éléments favorisant l’observation et la situation dans l’espace.
Tout ceci est valide si les 2 yeux sont bien développés et si leur vision s’intègre bien. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Or, un enfant qui souffre d’un problème visuel ne s’en plaindra probablement jamais si ce défaut est de naissance ou acquis en très bas âge. Pour le tout-petit, la vision normale est celle qu’il possède, à défaut d’en avoir connu de meilleure.
C’est pourquoi les organismes de soins de santé publics, les guides de pratique des professionnels, recommandent aux parents d’effectuer un examen par un optométriste ou un ophtalmologiste selon le calendrier suivant :
- à 6 mois;
- à 3 ans;
- avant l’entrée à l’école;
- aux 2 ans entre 6 et 18 ans, ou plus souvent s’il y a problème.
Au Québec, l’Ordre des optométristes propose un calendrier de visite annuelle entre 3 et 18 ans et aux 2 ans par la suite. Des visites plus fréquentes peuvent être indiquées en présence de pathologie ou d’anomalie, d’un problème visuel diagnostiqué ou des facteurs de risque connus.
Les signes précoces d’un déficit visuel
- L’enfant ne suit pas le développement anticipé en suivant et poursuivant les objets mobiles du regard;
- L’enfant cligne souvent des yeux;
- L’enfant est très sensible à la lumière et ses yeux larmoient beaucoup;
- L’enfant se cache un œil pour regarder ou fixe en tournant la tête;
- L’enfant pleure lorsque l’on bouche un des 2 yeux, mais ne réagit pas si on fait de même pour l’autre;
- L’enfant se cogne partout et a de la difficulté à s’orienter;
- L’enfant a une apparence d’œil qui dévie.
Les facteurs de risque
Les parents devraient porter une attention particulière à la vision de leur enfant, dans les cas suivants, qui représentent des facteurs de risque de développer une vision et/ou une santé oculaire anormale :
- Malnutrition ou carence alimentaire de la mère durant la grossesse;
- Prématurité, bébé de petit poids;
- Oxygénation intensive à la naissance suite à une carence grave à la naissance;
- Hémorragies intra-ventriculaires du groupe III ou IV;
- Histoire familiale de rétinoblastome, de cataracte congénitale ou de désordre génétique;
- Infections de la mère durant la grossesse (rubéole, toxoplasmose, maladies vénériennes, herpès, cytomégalovirus, HIV);
- Détresse fœtale à la naissance, faible résultat à l’indice Apgar;
- Maladies du système nerveux central;
- Problèmes importants de la réfraction des parents (myopie, astigmatisme ou hypermétropie importante).
Dans tous ces cas, un examen préventif à 6 mois est fortement recommandé.
Problème de vision
Plusieurs facteurs peuvent empêcher un œil et la vision de se développer normalement. Les problèmes majeurs de vision innés ou acquis entre 6 mois et 6 ans (de 9 à 33 % des enfants), la présence d’opacités comme les cataractes congénitales ou de maladies oculaires (1 %) ou un mauvais alignement des yeux (strabisme – 4 %) sont autant de facteurs qui conduiront au développement d’un œil amblyope (paresseux – 3 %) et potentiellement de l’absence d’une vision en 3 dimensions (5 %). Près du quart des enfants de moins de 6 ans ont un problème oculaire ou visuel; pourtant, à peine 15 % consultent annuellement leur optométriste ou leur ophtalmologiste.
Lorsqu’un problème de vision ou de la santé de l’œil qui menace le développement est découvert, il doit être immédiatement traité, soit par lentilles (lunettes), exercices (orthoptique) et/ou chirurgie. Il est important que tout se fasse avant l’âge de 6 à 9 ans puisque par la suite, la neurologie ne peut plus se développer adéquatement et les défauts de vision d’un œil, l’amblyopie ou les anomalies de la vision binoculaire (vision en profondeur) demeurent permanents. Ce facteur est important à considérer en perspective de la réussite scolaire de l’enfant et de son choix éventuel de carrière puisque plusieurs métiers demandent d’avoir une vision binoculaire parfaite (policier, pompier, conducteur de camions lourds, pilote d’avion, certains travaux en électronique, etc.). Une mauvaise vision n’explique pas à elle seule les problèmes d’apprentissage, mais elle empêche la réalisation de tout le potentiel de l’enfant.
Les yeux et les carottes…
Les enfants dont les yeux sont les plus pâles sont éblouis plus facilement que ceux qui ont les yeux foncés. Cela vient du fait que leur rétine contient moins de rhodopsine, pigment dérivé de la vitamine A. Celle-ci est donc essentielle au maintien des yeux en santé. Or, on retrouve cette vitamine dans notre alimentation générale… notamment dans les carottes! Il est donc vrai de dire que les carottes sont bonnes pour les yeux! Il est faux d’affirmer, cependant, que les enfants aux yeux pâles sont plus susceptibles de développer des maladies oculaires. Il n’y a aucun lien entre la couleur et la présence de pathologie.