Santé

Une étude sur les rêves des enfants

Une étude du sommeil de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal montre que relativement peu d’enfants font souvent ou très souvent de mauvais rêves.

Tout le monde fait un jour ou l’autre des cauchemars. Mais jusqu’ici on n’en connaissait que très peu sur la fréquence des mauvais rêves chez les enfants et sur les facteurs qui y sont associés. Une équipe du Centre d’étude du sommeil de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal vient de réaliser la première étude longitudinale sur ce sujet, une recherche qui apporte des réponses, mais qui soulève également plusieurs questions.

L’équipe a analysé les données sur la qualité du sommeil de près de 1000 enfants âgés de cinq mois à six ans et qui ont été suivis pendant cinq ans dans le cadre de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec. Alors que le mauvais rêve – défini comme un rêve qui perturbe le sommeil sans nécessairement provoquer l’éveil – était réputé être fréquent chez les enfants en bas âge, l’étude montre que relativement peu d’enfants font souvent ou très souvent de mauvais rêves : selon les différents âges, de 1,3 à 3,9 % des enfants entrent dans cette catégorie, la pointe de 3,9 % se situant à l’âge de trois ans et demi.

C’est beaucoup moins que la proportion de 13 % (pour une fréquence d’au moins une fois par semaine) déjà rapportée dans d’autres études sur le sujet. Les chercheurs attribuent cette différence à la méthode de collecte de renseignements et à l’échantillon. « Notre étude est la seule étude longitudinale sur la question et la seule qui a porté sur un échantillon aussi large », affirme le professeur Toré Nielsen, l’un des directeurs de cette recherche effectuée par Valérie Simard pour son doctorat au Département de psychologie de l’UdeM.

Stabilité selon les âges
À une échelle de fréquence moindre, entre 65 et 69 % des enfants font « quelquefois » de mauvais rêves, un taux qui varie fort peu selon les cinq groupes d’âge observés. De 27 à 31 % des enfants n’en font jamais, un taux là encore très stable. L’étude ne relève aucune différence significative entre les garçons et les filles (des différences apparaissent toutefois à l’adolescence).

La stabilité de la présence ou de l’absence de mauvais rêves est l’une des principales observations qui découlent de cette recherche. « La présence de mauvais rêves à deux ans et demi est le meilleur prédicteur de leur présence à cinq et six ans, souligne le professeur. Plus de 80 % des jeunes enfants qui en font vont continuer d’en faire. C’est la première fois qu’une telle continuité est observée et nous ne savons pas à quoi elle est due. Peut-être est-ce lié à un tempérament anxieux, à des facteurs génétiques ou encore à un manque de contact entre l’enfant et les parents. Nous ne savons pas non plus à quoi est due la pointe à trois ans et demi. »

La durée du sommeil est aussi un facteur de prédiction des mauvais rêves; un enfant qui dort moins de six heures par nuit à 17 mois fera plus de cauchemars à cinq ou six ans. Et, si la période d’endormissement prend plus de 15 minutes, la qualité du sommeil sera touchée.

L’étude s’est également penchée sur les attitudes des parents. Si l’enfant se réveille au cours de la nuit, de 5 à 9 % des parents sont enclins à lui donner à manger ou à boire. Cela est déconseillé s’il ne s’agit pas d’un nourrisson. « Nourrir un enfant de deux ans et demi entraine des cauchemars et une diminution de la durée totale du sommeil lorsqu’il aura quatre ans », signale Valérie Simard.

Il est de plus déconseillé, comme le font 18 % des parents, de retirer l’enfant de son lit pour le faire dormir avec soi. « Cela peut entrainer d’autres problèmes de sommeil à long terme », indique la doctorante.

La meilleure attitude consiste à rassurer l’enfant en demeurant près de lui dans sa chambre jusqu’à ce qu’il se rendorme, ce que sont spontanément portés à faire près de 70 % des parents. Par ailleurs, les enfants uniques font plus de mauvais rêves que les autres. Ici aussi, le chercheur ne peut que formuler une hypothèse. « La présence de frères ou de sœurs dans la chambre peut avoir un effet rassurant dont ne bénéficie pas l’enfant unique », mentionne-t-il.

En plus de Valérie Simard et Toré Nielsen, les professeurs Richard Tremblay, Michel Boivin et Jacques Montplaisir ont participé à ces travaux dont les résultats sont parus dans les revues Sleep et Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine.

Source : Forum de l’Université de Montréal, 28 avril 2008

Source

Forum, Université de Montréal


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