Santé

Pleure pas pour ça… mais pourquoi pas?

« Tu paniques pour rien. Arrête de brailler. Tu ne t’en souviendras plus le jour de tes noces! ». Voilà des tentatives de gestion des émotions déjà entendues, mais sont-elles efficaces?

Ressentir des émotions est un phénomène adaptatif qui fait partie de l’espèce humaine depuis toujours. Vivre une émotion nous permet de comprendre la signification d’une situation et d’organiser une réponse en fonction de nos besoins. Ressentir une émotion peut ainsi être perçu comme un outil de communication! D’abord, c’est une communication interne qui nous renseigne sur nos sentiments et perceptions face à la situation vécue. Ensuite, il s’agit d’une communication vers l’extérieur afin que les autres nous comprennent mieux, qu’ils nous aident à répondre à nos besoins.

Pourquoi vivre ses émotions?

S’il y en a des plaisantes, il y en a aussi des plus difficiles à supporter. Comme les émotions sont des états internes, elles ne peuvent donc pas être évitées avec succès. Éviter de ressentir des émotions, c’est un peu comme essayer d’éviter de ressentir la faim, un autre état interne. Cet évitement pourrait fonctionner pendant un certain temps, mais ne serait pas sans conséquences.

Tel que le mentionne Phillippot (2011), l’évitement ne mène cependant pas à la disparition des émotions, au contraire. Il empêche d’être en contact avec les besoins et créée donc encore plus de besoins. Si l’évitement n’est pas une option, alors apprendre à vivre ses émotions devient la solution.

Vivre ses émotions

Vivre ses émotions implique de les identifier, de les reconnaître quand elles arrivent et d’être capable de les tolérer. Le but? Se mettre en mode résolution de problème. Comme l’émotion est normale et naturelle, vivre certaines émotions devant son enfant peut lui montrer que d’être parfois triste ou déçu fait partie de la vie. Nommer l’émotion que vous vivez pourra l’aider à le faire lui aussi, lorsque le moment sera venu.

Attention à la tendance naturelle qui est d’invalider l’émotion. La majorité des adultes ont déjà entendu des phrases qui minimisent nos sentiments ou encore nous font sentir inadéquats, tel que « ne pleure pas pour ça » ou « franchement, ce n’est pas grave ». Bien que ces phrases puissent être dites avec de bonnes intentions, il est rare que leur utilisation aide réellement l’enfant à gérer ou à apprendre à gérer ses émotions.

De manière générale, elles donnent l’impression de ne pas être compris et peuvent augmenter la charge émotive.

Aider son enfant

Voici quelques suggestions pour aider votre enfant à vivre ses émotions.

Nommer ce qu’il vit.
« Je vois que ça ne va pas. » Contrairement à la croyance populaire, nommer l’émotion de l’enfant va en diminuer l’intensité et non pas l’augmenter.

Valider ce qu’il vit.
« Je sais que c’est fâchant, je te comprends. » La validation a souvent pour effet de diminuer l’intensité de l’émotion, car on se sent compris.

Consoler.
Jusqu’à environ 4 ans, le doudou peut être encore utilisée pour sécher les grosses peines, mais allez-y avec votre instinct!

Si l’émotion ne passe pas, essayer l’humour ou la fantaisie. Demandez-lui ce qu’il ferait s’il avait une baguette magique ou s’il pouvait faire un souhait. Débuter une petite conversation sur ce que ça donnerait. Dites-lui que vous aussi vous souhaiteriez avoir cette baguette magique, mais que malheureusement, ce n’est pas possible.

Dans les cas où l’émotion est d’une forte intensité, on peut diriger l’attention ailleurs. Si tel est le cas, il est important d’y revenir une fois que tout le monde sera calme.

Même si elles sont parfois désagréables, les émotions sont normales et nécessaires. Les gérer ne veut pas dire ne plus en vivre. Gardez en tête qu’elles vont finir par passer, un peu comme une grosse vague qui finit toujours par redescendre!

Références
Faber, A. & Mazlish, E. (2002). How to talk to kids so kids will listen and listen so kids will talk. Scribner. New York.
Philippot, P. (2011). Émotion et psychothérapie. Mardaga. Belgique.

Mélanie Laberge
Ph.D., Psychologue

Mélanie Laberge est psychologue, mais avant tout maman! Ses expériences liées au développement de l’enfant et de l’adolescent lui permettent d’offrir des services à toute la famille. Elle offre du support et du coaching aux parents pour qu’ils se sentent outillés afin d’aider leur enfant. Elle fait aussi de la thérapie cognitive comportementale avec les enfants, les adolescents et les adultes qui vivent des problématiques telles que l’anxiété, la dépression et les troubles des conduites alimentaires. Enfin, elle collabore à titre de psychologue à un projet de recherche à l’Institut universitaire de santé mentale de Montréal.


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