Il y a plusieurs années, les enfants téflon étaient partout, un peu comme on entend parler des enfants-rois aujourd’hui. Pourtant, on n’entend plus jamais cette expression. Que leur est-il arrivé?
Enfants téflon
La définition de Daniel Kemp en 1988 avait beaucoup marqué les parents d’enfants dits « téflon ». En effet, il décrivait l’enfant téflon comme « celui sur qui rien ne colle : ni les punitions, ni la culpabilité, ni les compliments, ni les promesses, ni la manipulation, ni la politesse, ni les récompenses. C’est l’enfant qui paraît parfois sans-cœur, solitaire, hyperactif, agressif et hautement égoïste. » À l’époque, plusieurs parents s’étaient reconnus dans cette définition qui semblait mettre le doigt sur plusieurs de leurs soucis quotidiens dans une société changeante. Mais où sont-ils aujourd’hui? Qu’est-il advenu de cette vision de l’enfant?
Le concept d’enfant téflon a été défini avant que de nombreux troubles qui affectent le comportement des enfants ne soient expliqués. En effet, l’idée des enfants téflon a plus ou moins disparu lorsqu’est arrivée la compréhension des troubles de déficits d’attention avec hyperactivité, des troubles d’opposition, etc. Les enfants téflon n’existent donc plus, à proprement parler, et ce concept très large a laissé place à des concepts plus clairs, mieux circonscrits et surtout, pour lesquels il existe des solutions efficaces.

Et Caillou dans tout ça?
Qu’en est-il alors des enfants-rois dont tout le monde parle? Si nous nous permettons de porter des jugements publiquement sur la famille de Caillou et son manque chronique de discipline, il est également important de comprendre les erreurs et les solutions qui existent afin d’éviter que ces mêmes jugements ne soient indûment transférés sur des enfants qui sont définis dans certains médias comme étant manipulateurs, invivables, et j’en passe.
Il faut savoir que dans les faits, il n’est pas particulièrement agréable pour un enfant-roi d’être comme il est. Pour un enfant-roi, un vrai, qui n’a jamais eu de balises pour lui permettre de s’habituer aux règles et aux limites qui feront inévitablement partie de sa vie, les reproches sont rares. Alors, quand ces réprimandes arrivent, immanquablement, l’enfant tombe des nues. Ces reproches inattendus sont vécus comme des jugements très durs, et il se sent dénigré dans son estime de lui-même.
Plutôt que de banaliser et de condamner après avoir lu des caricatures et des articles superficiels sur les enfants-rois, il serait plus concluant de réfléchir sur l’importance de la discipline dans l’éducation des enfants, afin de mieux les encadrer et de mieux les équiper pour l’avenir. En effet, nous ne pouvons pas blâmer les enfants pour les effets d’une éducation démocratique qui, au final, leur donnera le sentiment d’être persécutés. Il faut, au contraire, prendre conscience que les enfants ont besoin d’un encadrement qui, bien qu’imparfait et critiquable, représentera bien les cadres auxquels ils devront faire face en classe et dans leur vie professionnelle.
Par ailleurs, il est tout à fait possible d’instaurer une discipline dans un environnement agréable. Afin de mieux comprendre la problématique des enfants-rois, je vous invite à lire l’excellent article sur le sujet écrit par Solène Bourque, psychoéducatrice.