La prévalence des cardiopathies congénitales a connu une élévation marquée chez les adultes et les enfants, selon une nouvelle étude démographique menée par des chercheurs du CUSM et publiée dans la revue Circulation : Journal of the American Heart Association.
Les cardiopathies congénitales sévères ont connu une hausse de 85 pour cent chez les adultes et de 22 pour cent chez les enfants au cours d'une étude menée sur une période de 15 ans (1985-2000) dans la population québécoise. Les anomalies cardiaques congénitales sont des problèmes structurels résultant de malformations du cœur ou des gros vaisseaux sanguins adjacents qui se produisent avant la naissance. La plupart de ces anomalies obstruent le flux sanguin dans le cœur ou les vaisseaux adjacents ou entraînent un flux sanguin anormal dans le cœur.
« À notre connaissance, il s'agit de la première étude à mesurer l'évolution du nombre de cas au sein d'une population d'Amérique du Nord pendant une période de grands progrès dans le traitement des cardiopathies congénitales », a dit la Dre Ariane J. Marelli, auteure principale de l'étude et directrice de l'unité MAUDE (McGill Adult Unit for Congenital Heart Disease Excellence) du Centre universitaire de santé McGill.
L'étude a mesuré la prévalence, l'âge et la proportion des adultes en regard des enfants à quatre points dans le temps : en 1985, en 1990, en 1995 et en 2000. Elle a analysé les données inscrites dans les bases de données administratives du Québec visant la population générale et identifié 46 000 adultes et enfants atteints de cardiopathies congénitales au Québec. « C'est l'une des plus vastes études démographiques des cardiopathies congénitales réalisées en Amérique du Nord », a souligné la Dre Marelli.
Par extrapolation de ces chiffres, la Dre Marelli a estimé que 181 000 Canadiens et 1,8 million d'Américains étaient atteints de cardiopathies congénitales en 2000, nombres qui vont en augmentant et qui auront des conséquences sur les femmes, la grossesse et la génétique. Selon ses estimations, environ 951 000 adultes et 944 000 enfants présentent actuellement des cardiopathies congénitales en Amérique du Nord.
En l'an 2000, selon l'étude, un enfant sur 85 et un adulte sur 250 étaient affectés d'une cardiopathie congénitale. « À titre de comparaison, le taux de prévalence de la fibrose kystique est d’une naissance pour 4 500 naissances vivantes. Il y a donc 45 fois plus d'enfants qui sont atteints d'une cardiopathie congénitale que d'enfants atteints de fibrose kystique et la plupart de ces enfants arrivent maintenant à l'âge adulte », dit la Dre Marelli.
« Dans la période de 1985 à 2000, le groupe de patients qui a connu l'augmentation la plus rapide a été celui des adultes présentant des cardiopathies congénitales sévères; en 2000, il y avait donc un nombre pratiquement égal d'enfants et d'adultes atteints de cardiopathies congénitales sévères », a dit la Dre Marelli. « Ces données témoignent des progrès de la médecine et de la chirurgie cardiaques pédiatriques au cours des 30 dernières années », a-t-elle ajouté.
Les données de l'étude reflètent les progrès accomplis dans le diagnostic et le traitement chirurgical des cardiopathies congénitales. « Depuis le milieu des années 1980, l'échographie cardiaque a amélioré le diagnostic des cardiopathies congénitales », a souligné la Dre Marelli. « Cette technique peut servir au dépistage des cardiopathies congénitales au-delà de la première année de vie. Les avancées de la chirurgie cardiaque correctrice pédiatrique ont aussi eu un impact, en permettant aux enfants atteints d'une cardiopathie congénitale de vivre plus longtemps. » L'âge médian des patients atteints de cardiopathies congénitales sévères s'est élevé de façon marquée entre 1985 et 2000. Il est passé de 11 ans en 1985 à 17 ans en 2000. « Le nombre croissant de patients atteints de cardiopathies congénitales signifie que ces enfants vivront plus longtemps et qu'ils pourront souffrir d'autres formes de cardiopathies », a dit la Dre Marelli. « Nous devons sensibiliser davantage le public aux cardiopathies congénitales pour être en mesure de prodiguer de meilleurs soins au nombre croissant de jeunes adultes présentant des cardiopathies. »
« On considérait jusqu'ici la cardiopathie congénitale comme une pathologie de l'enfance, mais compte tenu de la croissance du nombre des cas, elle est devenue une pathologie importante de l'âge adulte également », a-t-elle ajouté. « Il s'agit d'un problème de santé publique important en Amérique du Nord qui n'est pas pleinement reconnu. »
Les co-auteurs de l'étude, qui proviennent tous du CUSM, sont Andrew S. Mackie, M.D., S.M., Raluca Ionescu-Ittu, M.Sc., Elham Rahme, Ph.D. et Louise Pilote, M.D., M.P.H., Ph.D. La Fondation des maladies du cœur du Canada et le Fonds de recherche en santé du Québec (FRSQ) ont financé l'étude. Les chercheurs reçoivent un financement du FRSQ, de la Société d'arthrite et des IRSC.
Texte fourni par l’Hôpital de Montréal pour enfants.
Janvier 2007