Fidèle à son image, très calme et posé, Guy Corneau a convié tous ceux qui assistaient à sa conférence intitulée La peur de venir au monde à prendre conscience de la manière dont on vit nos vies depuis la naissance et comment on peut arriver à dépasser certaines de nos peurs. « Les peurs sont l’expression de nos contractions intérieures. Ce sont des tensions qui nous nuisent. Nos peurs ne sont pas données par nos parents, elles viennent au monde en même temps que nous et prennent leurs origines du fait de venir au monde et de notre peur de venir au monde », a expliqué Guy Corneau.
Selon lui, notre peur de venir au monde est similaire à celle que nous entretenons envers la mort. C’est un changement d’état qui nous perturbe. « Entre la 16e et la 20e semaine de la vie intra-utérine, le bébé s’imprègne de ce que vit la femme et y répond. Il commence à s’adapter à ce qui va se passer. L’étataffectif de la mère est l’air de l’enfant », a-t-il noté. Aussi les conditions mises en place pour sa naissance peuvent diminuer ou accentuer ses angoisses ou ses peurs. Car, la naissance est une expérience de séparation radicale et de plus, la toute première! L’enfant part d’un ventre chaud, où il est logé et nourri pour arriver dans notre monde. Guy Corneau mentionne aussi que l’enfant a peur d’être abandonné. En fait, selon lui, dans nos vies actuelles, nous restons très marqués par notre naissance et par le fait même notre peur des séparations.
Toutefois, Guy Corneau a bien précisé que nos peurs étaient essentielles dans nos vies, sinon il y a longtemps que nous serions tous morts. C’est la peur qui nous fait courir en traversant une rue et en apercevant un camion arriver à toute allure. « Les peurs engagent toute une vie. Elles nous permettent de vivre et de survivre. Les peurs sont des réflexes fonctionnels. Elles sont très importantes pour ce qui est de la survie de l’espèce », a-t-il spécifié.
Guy Corneau a montré comment cette peur existentielle influence l’organisation même de nos personnalités et notre rapport avec les autres. Chacun a besoin d’être reconnu pour être sûr d’exister. « On cherche le regard de l’autre pour exister », comme le dit monsieur Corneau. En somme, pour attirer le regard des autres, et entre autres celui des parents, l’enfant va trouver des façons pour qu’on le remarque. S’il naît dans une famille plutôt triste, un enfant exubérant et de nature joyeuse va se conformer à l’attitude qui prime pour attirer le regard des autres. Il adopte un rôle pour que le heurt de la séparation ou l’impression de division ne se répète pas. L’enfant tente donc d’éviter d’être déçu de nouveau. Être plutôt timide et calme n’est pas sa vraie nature, mais il oublie tout le reste afin d’avoir de l’amour. En fait, notre personnalité est un bouclier d’adaptation qui nous protège d’expériences de séparation, mais qui nous enferme aussi en nous empêchant d’être qui nous sommes réellement.
Inévitablement, notre peur du changement et de la séparation nous forge. Par contre, il faut aller au-delà de nos peurs pour nous permettre de sentir quand le monde existe véritablement pour soi ou quand nous nous sentons vraiment vivants. « Il faut se demander ce qui nous anime et nous fait vibrer. Il se peut qu’on l’ait complètement oublié. Souvent, on peut se demander ce qu’on faisait durant notre adolescence, une période où notre élan de vie est très fort. » Ainsi, on se met au monde soi-même et on permet à notre créativité d’être plus audacieuse. S’accompagner les uns les autres, c’est se rappeler profondément de soi et d’oser aller vers soi au-dessus de nos peurs. Il faut arriver à attirer les gens qui nous amènent à nous délivrer et à nous propulser vers la joie d’être.
Une conférence chaleureuse qui nous pousse à prendre quelques minutes pour réfléchir aux millions de petites choses et aux centaines d’excuses qu’on se donne souvent à soi-même et qui nous empêchent de faire ce que l’on veut vraiment. Définitivement, on ressort de cette conférence avec la certitude qu’il faut apprendre à naître… à soi et pour soi!
(ND)