J’ai eu le plaisir de rencontrer Louis Morissette en septembre à l’occasion du lancement du nouveau menu de la chaine de restauration Boston Pizza dont il est le porte-parole depuis un an. J’ai découvert un homme vraiment très sympathique avec une fibre paternelle très développée! Voici ses réponses à mes questions sur son implication et sa vision de la famille.
À quoi ressemble la vie de papa de Louis Morissette?
C’est le centre de ma vie! J’organise mon horaire autour de ma famille. Véronique et moi, on a la chance d’être super bien épaulés dans notre rôle de parents par Louise, la gardienne des enfants. Nos vies seraient vraiment difficiles sans cette organisation et son appui. Cela dit, c’est important pour moi d’être là le matin et au moment du dodo; c’est même difficile pour moi de ne pas être là, je ne me sens pas bien si je dois m’absenter durant ces deux moments-clés de la journée.
Quel est votre rôle à l’heure du dodo?
J’ai un rôle de « bad cop » avec ma petite Raphaëlle, sinon elle nous étire ça longtemps! Le pipi, le verre d’eau, j’ai soif, j’ai faim… ça ne finit plus! Avec les deux plus vieux de 7 et 9 ans, Justin et Delphine, je n’ai pas de rôle précis sinon d’être là pour partager du temps avec eux. J’aime bien lire avec eux dans leur chambre pour développer ce goût de la lecture et de la langue française, ce que moi je n’ai pas eu plus jeune et que je regrette aujourd’hui. C’est un moment de calme, après le tourbillon de la journée. Après 10-15 minutes de lecture, quand on ferme le livre, on prend le temps de se parler et de faire un retour sur notre journée. C’est un moment qui est vraiment important pour moi.
Votre volonté d’être présent ne doit pas toujours être compatible avec votre métier d’artiste…
Non, c’est vrai. Je me suis fait offrir d’animer à la radio le matin par exemple, et j’ai refusé au moins 8 fois! Ça voudrait dire ne jamais être là le matin pour mes enfants et pour moi, c’est une concession que je ne suis pas prêt à faire. J’ai aussi refusé de faire de la tournée en tant qu’humoriste parce que je l’ai déjà regretté! Je me suis déjà réveillé seul dans une chambre de motel d’une région éloignée, et le vide que j’ai ressenti à être loin de ma famille m’a foutu le cafard carrément, alors j’ai décidé de mettre une croix là-dessus à moins que mes enfants et ma femme puissent faire partie du projet.
Donc, vous faites partie de ceux que la famille a transformés?
Oui et non! Ça fait depuis l’âge de 20 ans au moins que je veux des enfants. Je suis le plus vieux de ma famille élargie, donc mes cousins et cousines, je les ai presque tous gardés, j’ai changé des couches, j’ai joué avec eux, même en vieillissant… Ce n’était donc pas une surprise dans ma vie d’avoir ma première fille à 29 ans, j’étais plus que prêt et très à l’aise. Je n’ai pas eu de surprise ou de choc en devenant père. Que ça demande un investissement total et que ça n’arrête jamais, je le savais déjà. Et même si j’ai été hautement contrarié par le manque de sommeil des premiers mois, mes surprises, c’est plus maintenant que je les vis que quand ils étaient bébés.
Des surprises? Comme quoi?
Ma fille Delphine arrive à 10 ans bientôt et la rapidité à laquelle les choses se déroulent vient me chercher. Par exemple, elle est en âge de lire et de comprendre ce qu’elle lit sur ses parents sur Internet, sur des blogues, et ce n’est pas toujours gentil, alors ça lui fait de la peine. Quand ils étaient bébés, ils étaient coupés du monde extérieur, alors qu’à 10 ans, c’est comme si le monde extérieur débarquait soudainement dans notre famille. C’est une gestion, une vague que je vois venir et qui me fait peur un peu.
Vous sentez-vous équipés pour faire face?
Je vais assurément apprendre sur le tas, je vais faire des erreurs et des bons coups! La manière dont je vois ça, c’est que le rôle des parents est d’établir un cadre dans lequel les enfants évoluent. Parfois, ils se font mal un peu, mais tant que ça se passe à l’intérieur du cadre, ça va. Pour moi, un bon papa, c’est une présence d’abord et avant tout. Ce n’est pas toujours verbal et exprimé. Autant dans une équipe de travail que dans une famille, je crois au leadership silencieux et à l’exemple. Les grands parleurs qui en mènent large, mais qui dans le fond en font très peu, je n’aime pas ça! Alors, c’est possible que je parle peu, mais j’écoute beaucoup et je suis présent!
Avez-vous des peurs, des craintes pour vos enfants?
Mes enfants sont nés dans un milieu aisé, ils ont une vie de rêve à comparer à bien d’autres. Alors ma peur, c’est qu’ils manquent de passions, qu’ils deviennent blasés en vieillissant. J’ai déjà vu des adolescents blasés et ça me tue! J’essaie donc de leur faire découvrir des passions qui leur sont propres, qu’ils pourront cultiver parce qu’eux, ils aiment ça et non par procuration à travers les passions et les occupations de leurs parents. J’aime leur faire goûter à des choses nouvelles et surtout à leur inculquer le goût de l’effort. Je leur dis souvent que ce n’est pas tant le résultat autant que l’effort qu’ils fournissent qui compte dans leurs activités. L’important, ce n’est pas d’être le meilleur, c’est d’avoir donné ton meilleur.
Êtes-vous un papa sévère?
J’avoue que chez nous l’expression attends que ton père arrive prend tout son sens! Moi, je ne me trouve pas sévère, mais si je me fie aux gens autour de moi, je le suis. Par exemple, je suis non négociable sur l’impolitesse, ça me tue. Le manque d’effort aussi. Ne pas réussir à l’école ou dans le sport parce que tu n’as pas fourni l’effort qu’il fallait, pour moi c’est impardonnable. Passe dans la « mite » au baseball, mais montre-moi que tu as essayé! Le respect des autres aussi est une valeur non négociable. Se frapper, se pousser, se dire des choses méchantes, je ne supporte pas ça du tout, ça ne passe pas! Et quand je dis que ça ne passe pas, c’est pas à coups de Chatons et de Mon amour, c’est plutôt Va réfléchir dans ta chambre! C’est peut-être pour ça qu’on me pense sévère…
Est-ce que vous vous sentez coupable de faire preuve de fermeté?
Je comprends parfaitement les parents qui travaillent fort toute la journée et qui arrivent tard à la maison d’avoir du mal à réprimander leur enfant. Tu es parti à 8h ce matin, tu reviens à 19h, tu ne les as pas vus de la journée et ils sont franchement désagréables parce qu’ils sont fatigués et qu’ils veulent avoir ton attention! Ce n’est pas parce que tu ne les as pas vus de la journée qu’ils sont gentils pour autant. Je le sais que c’est poche de dire à ton enfant d’aller dans sa chambre quand ça fait juste 5 minutes que tu es arrivé, mais en même temps tu n’as pas le choix d’intervenir parce qu’il y a des règles. Après, tu vas le voir et tu lui fais remarquer que c’est plate que la première chose qu’on fait en se voyant, c’est de se chicaner et que tu aimerais ça que ça se passe autrement. Mais tu ne peux pas ne pas le disputer sous prétexte que tu veux qu’il t’aime; les enfants comprennent vite comment leurs parents réagissent et s’ils peuvent en tirer profit, ils vont le faire!
En quoi le rôle de nos parents et le nôtre est-il différent?
Je dirais que c’est à la fois pareil et très différent. Les choses sont en mutation, on a moins de « contrôle » que nos parents avaient… Par exemple, au niveau des amis et des moyens qu’ils ont aujourd’hui pour rester en contact et « exercer » leur influence. Avec la génération Internet, les amis sont multipliés, les simples connaissances sont des amis Facebook, ce qui ouvre la porte à l’intimidation sur les réseaux sociaux. On a tous entendu parler des photos osées postées par de toutes jeunes filles qui dans le fond veulent juste se faire aimer. Ça fait peur! C’est donc une dynamique que nos parents n’ont pas connue, mais d’un autre côté, ils ne l’ont pas eu facile non plus. À l’époque, la majorité était issue d’une classe sociale plus ouvrière, souvent moins éduquée, avec des pères moins présents pour ne pas dire carrément absents. Je pense que la société d’aujourd’hui est plus équilibrée et évoluée et que les enfants en profitent. Les pères d’aujourd’hui ont la possibilité d’être plus impliqués, plus valorisés dans leur rôle. Entre Ovila Pronovost et nous, il y en a eu une belle amélioration.
Terminons avec Boston Pizza… Comment votre implication s’inscrit-elle dans votre cheminement tant professionnel que familial?
C’est assez drôle en fait! L’offre de m’associer à Boston Pizza est tombée pile parce que c’est LE restaurant préféré de mes enfants! Quand on leur demande où ils veulent aller manger, c’est ce restaurant qu’ils choisissent à tous coups. Le coffre fort rempli de jouets est un incontournable pour eux, tout comme les pâtes en bibittes! Je suis vraiment parti à rire quand j’ai reçu l’appel de Boston Pizza! Le vendredi soir, après la semaine de travail, on ne se demande même plus ce qu’on mange pour souper, c’est notre sortie familiale la plus régulière. Donc l’association s’est faite tout naturellement, surtout que je ne suis pas que le porte-parole québécois de la chaîne, je m'implique de très prêt dans la conception des publicités et des initiatives de promotion. Mes enfants sont vraiment content de leur papa!
