Papa

Histoire sans cigogne ni feuille de chou

« Papa, qu’est-ce que ce machin gluant sur le sol? » En me penchant sur le déchet en question, je ne me doutais pas que s’amorcerait une discussion dont je croyais pouvoir me passer pour un bout.

S’il y a un moment que j’ai redouté au cours de mon adolescence, c’était LA discussion. Mieux connue sous le terme anglophone « The Big Talk », l’expression fait référence au père s’entretenant avec son fils pour livrer ses connaissances et sa vision du sujet parfois tabou de la sexualité. J’étais terrorisé à l’idée d’assister au malaise de mon paternel qui utiliserait des expressions grivoises ou qui aurait recours à des exemples en référence à ma mère pour illustrer ses propos. Comme les scènes père-fils de la comédie cinématographique « American Pie », je craignais cette jasette puisque je la trouvais superflue.

Les confidences de gars

Si aborder les questions sexuelles m’apparaissait inutile, c’est que je me croyais à tort suffisamment équipé sur le sujet. Puisque je fréquentais une institution secondaire réservée aux garçons, les salles de récréation fourmillaient d’informations – parfois, dois-je avouer, fortement biaisées —, sur la matière. Pendant que Marquis nous montrait les magazines salaces de son père pour assouvir notre curiosité, le grand frère de Poitras nous partageait ses soi-disant exploits qui mettaient en scène de jeunes collégiennes. Il faut dire aussi que les cours académiques de Formation Personnelle Sociale étaient donnés par des prêtres-enseignants qui cherchaient à nous guider adéquatement dans nos relations interpersonnelles… 

La télé... éducative

Il faut également souligner que je suis de la génération « Bleu Nuit » alors que feue TQS diffusait des films de fesses. La télésérie « Lance et Compte » nous a fait découvrir la poitrine nue de Ginette et nous a appris qu’il était possible de tromper sa conjointe en étant accoutré en sapin de Noël. En ce qui concerne la prévention, Carl Marotte et Marie-Soleil Tougas encourageaient justement le port du préservatif via une campagne publicitaire révolutionnaire pour l’époque. La théorie emmerdante sur la sexualité a été assurée par Jeannette Bertrand et son livre « À la découverte de mon corps » que les parents glissaient discrètement dans le tiroir de sous-vêtements de leur adolescent. Mais qu’est-ce qu’un enfant peut avoir besoin de plus en guise d’introduction au sexe?

Transmettre l’information? Bien sûr!

Mystifié par un dégoûtant condom souillé qui traînait par terre, mon fils de première année a donc amorcé malgré lui la grande discussion. J’aurais pu facilement esquiver ses questions, mais j’ai décidé de répondre honnêtement, sans le moindre détour ou cérémonial particulier. Jamais on n’a senti le moindre malaise. Je ne crois pas l’avoir traumatisé parce que je n’ai pas tenté de le surcharger d’informations. J’ai répondu à ses interrogations de façon précise, concise et justifiée.

Je n’ai pas la prétention de posséder la science infuse et j’ignore quel est le moment propice pour initier un enfant à la sexualité. Personnellement, il m’apparaissait naturel que mon gamin sache que les bébés ne sont pas le fruit de la cigogne et des feuilles de chou. Mais plus important encore, je désirais intervenir avant qu’un autre le fasse, et j’ai nommé Internet. À mon avis, cette ressource intarissable d’informations instantanées révolutionne considérablement les relations interpersonnelles et émancipe les mœurs. Plus rien n’est pareil.

C’est donc avec le sentiment du devoir accompli que j’ai laissé mon fils affronter le monde avec les notions essentielles que je venais de lui inculquer. J’étais plein de fierté jusqu’à ce qu’il présente à sa jeune sœur les vestiges du préservatif usagé qui gisait toujours au sol dans ces termes précis :

« Ça s’appelle un condom. C’est une peau de caoutchouc qui se détache du pénis lorsqu’il ne veut pas de bébé. Comme un serpent qui mue. Tu comprends? »…

Après mûres réflexions, mon fils aura droit à LA discussion dans… disons quelques années! 

Jean-François Bourassa

Père de trois jeunes enfants, Jean-François Bourassa a vu sa vie se métamorphoser au cours de la dernière décennie. Après des formations en créations littéraires et scénarisation cinématographique, il œuvre la nuit dans un domaine diamétralement opposé. Assistant également sa conjointe responsable de service de garde en milieu familial, sa personnalité est désormais marquée et influencée par la présence perpétuelle d’enfants dans son petit univers. Il nous livre sous forme de chronique ses états d’âme entre deux changements de couches.


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