Est-ce que l’image des parents complètement épuisés qui prennent ce qui leur reste d’énergie pour faire une dernière activité le weekend vous rappelle quelque chose? L’hyperparentalité est un phénomène relativement nouveau et si elle vient d’un sentiment noble, elle n’en est pas moins difficile à vivre. Est-ce que toutes ces activités qu’on met à la disposition des enfants sont bien nécessaires?
De bons parents
Le concept d’hyperparents a commencé à apparaître pendant les années 80, en même temps que les petites familles d’un ou de deux enfants. Peut-être un peu parce que les enfants étaient moins nombreux pour jouer entre eux, sûrement aussi pour s’assurer que les enfants aient toutes les chances de réussir, des parents ont commencé à centrer tout leur univers sur les enfants.
Pensant que leurs petits devraient laisser leur marque en grandissant, ils se sont approprié la responsabilité de leurs talents. Ils ont dès lors cru bon de tout leur apprendre : le piano, le violon, le dessin, le théâtre, la gymnastique, le hockey, le ballet et le soccer. Ils ont aussi voulu qu’ils connaissent un peu de tout dans les musées, les salles de spectacle, les bibliothèques et en voyageant. Plusieurs ont aussi voulu les montrer au reste du monde, que ce soit par des spectacles, des agences de casting ou des agences de pub.
De fil en aiguille, les parents se sont effacés derrière toutes les prouesses de leurs enfants, leur budget y est passé et leur temps aussi. En voulant bien faire et en s’assurant que leur progéniture se démarque, ils sont devenus des hyperparents. Ça vous ressemble? Ce n’est pas surprenant. Beaucoup de parents ressentent encore aujourd’hui cette pression envers leurs enfants et se sentent coupables dès qu’ils pensent avoir oublié un volet éducatif ou que leurs enfants parlent des activités de leurs amis.
Quand ça va mal
C’est quand on traverse une période difficile qu’on réalise à quel point tout cela est absurde. Quand on voit un ami, la larme à l’œil, se demander comment il va faire pour traverser la fin de semaine et toutes les activités au programme, on voit bien qu’on en fait trop. Est-ce que les enfants ont besoin d’apprendre à plonger à un point tel qu’on ne puisse plus se permettre d’être malade ou triste?
On peut d’ailleurs se demander comment on peut en arriver là. Qui nous met cette pression? Est-ce que ce sont nos enfants qui veulent absolument aller à toutes leurs activités? Est-ce que c’est l’organisation de l’activité en question qui refuse que les enfants manquent un cours? Est-ce que c’est une question d’en avoir pour son argent? N’est-ce pas plutôt quelque chose que les hyperparents s’infligent à eux-mêmes? C’est l’hypothèse la plus probable. Après tout, cette mission que les parents se donnent découle de leurs rêves les plus fous et de leur conception erronée de ce qu’est un bon parent, et les moyens d’y parvenir sont faits en conséquence, au détriment parfois du simple bon sens.
Peur de l’ennui ou des blessures
En plus de vouloir des enfants performants, les parents des années 2010 veulent aussi des enfants à qui il n’arrive rien. En mélangeant protection et activités, ils n’ont définitivement plus beaucoup de temps pour leurs propres loisirs. Pourtant, passer du temps relax en famille n’est pas ennuyant. Un souper qui s’éternise pour se raconter plein de choses, un après-midi à flâner dans la cour et des heures à découvrir de la nouvelle musique sont autant d’occasions de passer du bon temps. En plus, les parents sont de bonne compagnie pour leurs enfants, et ils ne devraient pas en douter une seconde.