« Je reviens, ce ne sera pas long. J’ai oublié quelque chose en bas. »
Voilà, c’est fait. J’ai quitté le réveillon. Pour quelques minutes seulement.
La nuit de Noël, pendant que les verres s’entrechoquent au salon et que les enfants n’en finissent plus de déballer des cadeaux, je m’éclipse doucement. Je m’approche d’une fenêtre. Je lève les yeux au ciel pour mieux réfléchir ou pour appeler les étoiles à ma rescousse. Et c’est là, toute seule, que je fais d’abord mon bilan. « Qu’est-ce que j’ai fait durant l’année? De quoi suis-je fière? Qu’est-ce que je voudrais apprendre ou réaliser l’an prochain? » Je pense aussi aux grands événements de la vie de mes petits lutins. Puis, je ferme les yeux et souffle doucement mes espoirs dans la nuit étoilée en espérant que les fées les attraperont pour m’aider à les accomplir.
C'est cette nuit de Noël
Où les bergers étonnés
Ont levé les yeux vers le ciel
Une étoile semble dire
Suivez-moi je vous conduis
Il est né cette nuit
Puis, je laisse mon esprit vagabonder un peu. Noël me rend immensément heureuse, mais, à la fois, il me laisse extrêmement songeuse. Les chants de Noël résonnent dans ma tête.
Toutes ces promesses de renouveau dû à l’arrivée du Messie, cet esprit de réconciliation, cette envie de rapprochement, ces élans du cœur et ces souhaits de paix et d’amour me font espérer en un monde meilleur. Ça y est, j’ai les yeux qui brillent de larmes douces. Je veux croire en un monde plus juste, moins extravagant, plus vrai, moins accusateur, plus ouvert, moins individualiste, plus vert, etc.
La liste peut être longue. En me sentant si petite sous le grand voile de la nuit étoilée, je me sens déjà mieux en y déversant mes doutes, mes espoirs, mes souhaits et mes questions. Il y a peut-être quelqu’un là-haut qui écoute ma timide prière? Savoir se tourner vers plus grand que soi, au sens propre comme au sens imagé, allège notre dose de soucis sans pour autant s’en ficher. On apprend ainsi à lâcher prise un peu. On n’a pas une emprise sur tout. Et Dieu merci! On n’est pas le nombril du monde. J’en baisse les yeux pour demander timidement et humblement pardon : à ceux que j’ai blessés et à ce que j’ai fait dont je ne suis pas fière. En même temps, j’essaie de penser aux autres, à ceux qui, moins chanceux n’ont pas une famille pour célébrer. Ou ceux qui en avaient une, mais dont le destin est venu chavirer l’ordre des choses.
Ils se sont agenouillés
Les pauvres comme les princes
Au pied de l'enfant nouveau-né
Et ce chant comme une source
A traversé le pays
Il est né cette nuit