On est devenu adulte chacun à notre manière, avec notre bagage familial rempli de traditions et de valeurs. Pendant que certains conservent des souvenirs heureux des Noëls de leur enfance, d’autres évoquent cette période de l’année avec un certain scepticisme. Mais ce qui est propre à la quasi-totalité, c’est l’effervescence qui accompagne le premier Noël de notre premier enfant! Soit on veut absolument lui faire vivre la magie de notre enfance, soit on jure que notre enfant aura des Noëls bien meilleurs que les nôtres. Mais dans un cas comme dans l’autre, le fait d’avoir un enfant nous replonge dans un univers d’émotions qui nous fait rêver tout éveillé!
Noëls de mon enfance
Chez moi, Noël était plus excitant à attendre qu’à vivre. Je me revois, couchée au pied du sapin illuminé, année après année, la tête pleine d’espoirs et de poupées, avec en sourdine le souhait intense de recevoir le cadeau suprême entre tous : l’affection de ma mère, le temps d’une caresse de ses bras qui m’ont plus souvent frappée que bercée. Je fredonnais ma chanson favorite de la Famille Soucy (…La promesse que j’avais faite, Je l’ai toujours gardée, Mon papa et ma maman, j’ai toujours écoutés, Père Noël oublie moi pas, laisse-moi pas l’cœur brisé…) Mon attente a été vaine, mais jamais je n’ai perdu ma confiance en la magie de Noël! Tout comme je n’ai jamais cessé de croire au Père Noël, ou plus particulièrement à l’amour inconditionnel qu’il a toujours incarné dans mon cœur d’enfant.
C’est donc dans l’allégresse la plus totale - vous vous en doutez bien! - que j’ai vécu tout le mois de décembre 1995, l’année où ma belle Frédérique - toujours dans mon ventre rond - m’a fait le bonheur de me choisir comme mère. Et que dire de l’année 1996, où du haut de ses 9 mois, elle marchait - eh oui! - de ses pas incertains, mais décidés vers les lumières, les boules et les décorations qui avaient un éclat si particulier cette année-là!
Frédérique sur les genoux du Père Noël, décembre 1996
Croire en la magie de Noël? Oh, oui!
La petite fille en moi ne m’avait jamais quittée, mais ces années-là, elle a refait surface en ronronnant de bonheur tellement l’occasion était belle de vivre enfin un Noël comme dans mes rêves les plus fous! Ce n’était pas ma mère et moi - on ne peut changer le passé -, mais en quelque part c’était meilleur : c’était ma fille et moi! Certains diront que vivre par procuration n’est pas recommandé, ni même souhaitable, mais comment résister? Comment ne pas profiter de cet amour sur deux pattes, issu du meilleur de moi-même et de l'homme que j'aimais? Comment ne pas enfin vivre un Noël d’amour comme j’en avais toujours rêvé?
Le Noël que Frédérique a passé dans mon ventre plus gros que celui du Père Noël, je lui ai fait entendre des cantiques et je l’ai bercée devant le sapin illuminé en lui racontant des histoires pleines d’étoiles et de vœux qui se réalisent. Un bonhomme de neige en peluche diffusait de la musique quand on tournait un de ses gros boutons noirs, et pour jouer, il a joué! Un minuscule bas de Noël pendait à une branche, rempli d’espoir plus que de cadeaux, mais débordant de l’amour déjà si grand que je portais à ma fille!
L’année suivante, j’étais prête! Le sapin était encore plus beau, les lumières plus brillantes, les boules - en plastique, bien sûr! - alourdissant les branches qui vibraient au rythme de la musique de Noël qui jouait presque 24 heures par jour! Bonhomme de neige fonctionnait encore et cette fois, ce sont les petites mains de Frédérique qui tournaient le bouton magique. Ma fille allait vivre le plus beau de tous les Noëls, promesse de maman!
Naturellement, je l’ai assise sur les genoux du Père Noël au centre commercial, j’en ai pour preuve LA photo qui a immortalisé à jamais son air dubitatif et sérieux, pas du tout rigolo. Je lui ai acheté une robe de Noël en velours rouge, une bavette de Noël en velours blanc, des collants rouges avec des flocons de neige blancs, un pyjama de Noël rouge, noir et blanc, imitant presque parfaitement l’habit de papa Noël, avec l’inscription incontournable « Mon Premier Noël » et si elle ne portait pas une couche assortie, c’est tout simplement que je n’en avais pas trouvé!
Frédérique et moi, 25 décembre 1996
Et, bonheur délicieux entre tous, le Père Noël en personne est passé lui remettre une tonne de cadeaux, et quand je dis une tonne, je n’exagère pas! Elle arborait toujours son air dubitatif et sérieux, mais bon, ma fille n’était pas rigolote dans les événements aussi importants que son anniversaire et Noël… Elle avait un petit air de famille avec la reine Victoria, je dirais! Alors, j’étais rigolote pour deux!
Mon cœur de mère était fier, mon cœur d’enfant débordait de joie! Je voulais que cette nuit dure toujours, en tout cas plus longtemps que les 10 minutes que Frédérique a mises à déballer ses si nombreux cadeaux! Et je pense que j’ai été un peu déçue quand je me suis rendu compte que le papier d’emballage, les choux et les boîtes la fascinaient pas mal plus que « tous les beaux joujoux que je vois en rêve et que je t’ai commandés »…
Mais ce que je retiens de ce premier Noël, c’est bien plus ma joie à moi que la sienne. Après tout, que peut-on bien comprendre de Noël quand on a 9 mois et 4 dents? Elle ne pouvait pas se rendre compte que le Père Noël m’avait apporté le plus beau des cadeaux, un premier Noël rempli d’amour véritable, un premier Noël qui rachetait tous les autres, un premier Noël où je n’avais pas le cœur brisé...
Grosse caresse à toutes les mamans et leurs bébés!