Chez nous aussi, le mouvement « zéro déchet » fait des petits. Depuis 2013, la Montréalaise Mélissa de La Fontaine le pratique. Même chose pour Charlotte Rousseau, du blogue Sortir les poubelles qu’elle qualifie elle-même du récit de son « aventure vers un mode de vie zéro déchet ». Une mode? Une lubie d’écolo? demande-t-on à ces gens allergiques aux poubelles. Non, le zéro déchet, c’est une nécessité.
Refuser, Réduire, Réutiliser, Recycler, Composter
C’est Béa Johnson, une Française d’origine vivant aux États-Unis, qui a inspiré la plupart des convertis. Johnson publiait en avril 2013 le livre Zéro déchet, ou comment j'ai réalisé 40 % d'économie en réduisant mes déchets à moins de 1 litre par an ! Lassée d’une vie où la surconsommation est reine, la famille Johnson déménage, se débarrassant du même coup de tout le superflu. « L’expérience nous a plu, le reste s’est révélé superflu : on a tout vendu pour s’installer dans une maison deux fois plus petite qu’avant, on a donné tout ce dont nous n’avions plus l’usage, et nous avons entamé une nouvelle vie, avec peu de choses », explique-t-elle en entrevue.
Johnson s’enrichit de ce dont elle s’allège : « Le moins on a, le plus on passe du temps ensemble, à faire ce que l’on a envie de faire. » Aujourd’hui, son bocal de déchet annuel fait un demi-litre! Son credo : Refuser, Réduire, Réutiliser, Recycler, Composter.
Changer
On en parle de plus en plus : environnementalement parlant, nous sommes à un cheveu d’atteindre un point de non-retour. Les scientifiques abondent tous dans le même sens, jamais notre planète n’a connue des changements aussi rapides et aussi importants et, si nous ne changeons pas maintenant, nous pourrions manquer de plusieurs ressources nécessaires à la survie avant 2050. C’est d’ailleurs la prémisse du remarquable documentaire Demain : quel monde laisserons-nous à nos enfants et comment faire partie, nous aussi, de la solution?
En somme, nos modes de production et de (sur)consommation sont complètement dépassés, et il est temps de changer notre façon d’acheter, ce qui, espérons-le, changera la façon de produire des entreprises. Le recyclage ne suffit pas : voilà l’idée derrière le mouvement zéro déchet. L’objectif est de parvenir à une société zéro déchet, donc zéro gaspillage. Bref, on consomme moins, on consomme mieux, on produit sobrement, et on optimise et allonge l’usage des objets. Et pour les éternels pessimistes qui clament qu’une personne seule ne peut pas changer le monde, rappelons ces mots de Margaret Mead, anthropologue : « Ne doutez jamais qu'un petit groupe de personnes peuvent changer le monde. En fait, c'est toujours ainsi que le monde a changé. »
Concrètement
Lorsqu’on décide d’adopter un mode de vie zéro déchet, on consomme mieux, on consomme différemment. On achète donc en vrac, on favorise la consigne, en se servant de contenants réutilisables et de sacs de tissus. Bye bye, plastique. On dit aussi au revoir aux aliments préemballés. Pourquoi? Parce que le recyclage ne suffit pas : il faut aussi, surtout, qu’on limite, voire qu’on cesse la fabrication de tous ces trucs de plastiques qu’on ne peut pas réutiliser. En somme, on mise, toujours, pour le naturel et le durable. Ainsi, on limite l’utilisation des matières premières et de l’énergie.
De plus, on cherche à maximiser l’usage des objets, en les réutilisant le plus possible. Et on fabrique plusieurs produits à la main, comme le dentifrice!
Bien sûr, lorsqu’on ne peut pas réutiliser, on recycle : ce qui permet de valoriser la matière. Et, bien entendu, on composte. De plus en plus de municipalités offrent dorénavant la collecte du compost – un peu comme la ville de San Francisco, un exemple pour tous.
Déboulonner les mythes
Tous ceux qui adoptent une philosophie zéro déchet vous le diront : non, ce n’est pas plus dispendieux. En réalité, on sauve même de l’argent! Bien entendu, l’achat de contenants réutilisables et de sacs peut couter un peu plus cher, mais cette dépense se rembourse rapidement. Béa Johnson, pour sa part, estime faire des économies de plus de 40 % en comparaison à avant!
Le zéro déchet, c’est plus long? Ça demande plus de temps? Non. Ça demande un temps d’adaptation, certes, mais une fois habitué, ce n’est pas plus long. En fait, la plupart des gens vous diront qu’ils sauvent aussi en temps. Le zéro déchet « ne prive pas de la vie, explique Béa Johnson, au contraire : il l’enrichit en faisant place à ce qui est important, notre famille, nos amis et une vie riche en expériences. » Et elle ajoute : « Tout ce que vous risquez, c’est tout simplement de regretter de ne pas avoir commencé plus tôt! »
Impossible avec des enfants? Non! Jérémie Pichon et Bénédicte Moret ont deux enfants et pratiquent le zéro déchet. Vous pouvez d’ailleurs consulter leur blogue, ou vous procurer leur bouquin, Famille presque zéro déchet qui présente le mode de vie de façon rigolote, amusante et jamais, jamais complaisante ou moralisatrice.
Un pas à la fois
Rien ne sert de courir, veut le dicton, et lorsqu’on décide de devenir une famille zéro déchet, il est préférable de prendre son temps. Pourquoi? D’une part, pour ne pas se décourager, ce que beaucoup de changements drastiques pourraient occasionner. Le mieux, c’est donc d’y aller une étape à la fois. C’est d’ailleurs ce que confiait récemment la Montréalaise Mélissa de la Fontaine, qui collabore entre autres au blogue Les Trapeuses, à l’émission l’Épicerie. C’est en 2013 que Mélissa a décidé de devenir zéro déchet, et la jeune femme dit en entrevue avoir eu besoin d’une année et demie avant d’y parvenir.
Bref, lorsqu’on décide de se lancer dans le zéro déchet, l’important c’est d’y aller étape par étape, en se donnant du temps. Sinon, on risque fort de se décourager. À ce sujet, Mélissa de la Fontaine écrivait que chaque fois qu’elle s’apprête à jeter un objet à la poubelle, elle prend le temps de se questionner : « 1. Est-ce que cet objet est essentiel à ma vie? Si la réponse est négative, je ne rachète pas.
2. Est-ce que je peux l’acheter en vrac? Si oui : bingo !
3. Sinon, est-ce que je peux le confectionner moi-même avec des ingrédients en vrac? Internet regorge de recettes de ce genre! »
Les règles de bases? D’une part, on change une habitude à la fois. On s’accorde un deux ans pour faire le virage zéro déchet. Il faut aussi se permettre quelques écarts, pour que l’expérience demeure toujours agréable. Jérémie Pichon et Bénédicte Moret, par exemple, expliquent ne pas vouloir abandonner le vin et la bière, et puisque le verre est recyclable… Voilà! Finalement, on s’amuse! On teste des recettes et on opte pour des solutions simples.
Faire une différence
Dans le magnifique livre de Jérémie Pichon et Bénédicte Moret, on retrouve cette citation de Margaret Mead : « Ne doutez jamais qu’un petit groupe d’individus conscients et engagés puisse changer le monde. Historiquement c’est toujours de cette façon que le changement s’est produit. »
Par exemple, cette année, les campeurs du Biodôme et du Jardin Botanique devaient se plier au jeu, en amenant une boîte à lunch zéro déchet!
Et vous, êtes-vous prêtes à faire le virage?
Des pistes, des trucs, des inspirations!
Comme on le dit si bien sur le blogue Un truc par jour, « il y a plus de solutions que de problèmes », et plusieurs personnes qui tentent le zéro déchet prennent le temps de partager avec la communauté leur truc. Voici donc une liste non exhaustive de quelques inspirations.
LOCO - Épicerie écologique zéro déchet
« Changer le monde un panier à la fois », voici le mot d’ordre de LOCO, qui offre depuis peu dans le quartier Villeray de Montréal un panier d’épicerie sain, local, bon pour la santé, l’environnement et l’économie locale. On y retrouve entre autres un vaste choix de produits en vrac, des pots en consigne et des emballages 100 % recyclables.
Le blogue et le livre de Jérémie Pichon et Bénédicte Moret, Famille presque zéro déchet.
La bible en la matière : Zéro déchet, ou comment j'ai réalisé 40 % d'économie en réduisant mes déchets à moins de 1 litre par an !, de Béa Johnson.
Le blogue de Charlotte Rousseau, Sortir les poubelles.
Le blogue de Jule, écolo imparfaite.
Tranches de pimou(s) : le blogue inspirant d’une famille zéro déchet !