Loisirs

L’amusie - un curieux handicap!

Vous aimez fredonner, mais n’arrivez pas à chanter juste ou, pour vous, détecter une fausse note dans une mélodie est simplement impossible? C’est peut-être parce que vous souffrez d’amusie congénitale.

On peut reconnaître les personnes atteintes d’amusie congénitales par le fait qu’elles ont de la difficulté à identifier une chanson si elles n’entendent pas les paroles, à distinguer deux mélodies différentes ou encore à reconnaître un air qui vient de leur être exposé. Même si l’amusie est bel et bien un déficit musical, elle ne semble pas due à un problème intellectuel ou cognitif, pas plus qu’à une baisse de l’audition ou au fait de ne pas avoir été assez en contact avec la musique. Cependant, les personnes amusiques arrivent habituellement à reconnaître sans problème les voix et les sons du quotidien (animaux, moyens de transport, etc.), ce qui confirme que le problème se situe au niveau des capacités musicales seulement et non sur le plan cognitif ou psychologique. Alors, à quoi peut bien être dû ce phénomène quasi incompréhensible?

Selon certaines études, on estime à environ quatre pour cent (4 %), le nombre de personnes atteintes d’amusie. Il ne serait pas étonnant cependant que ce nombre soit plus important étant donné la gêne ou la honte de certaines personnes à dévoiler leur état. Des témoignages recueillis au fil du temps mentionnent que quelques personnalités célèbres ont souffert de ce handicap. On compte parmi celles-ci le révolutionnaire Che Guevara, le psychanalyste Sigmund Freud, le président Theodore Roosevelt et le psychiatre Milton Erickson. Ces cas ont été découverts il y a déjà de nombreuses années, mais depuis peu, des chercheurs se sont intéressés à ce désordre de façon beaucoup plus rigoureuse. C’est le cas d’Isabelle Peretz, neuropsychologue et codirectrice du BRAMS, Laboratoire international de recherche sur le Cerveau, la Musique et le Son, situé à Montréal et conjointement affilié à l’Université de Montréal et au McGill University. Dr Peretz et son équipe ont mis au point des tests neuropsychologiques permettant de réaliser d’importants progrès dans le domaine. Ces tests, nommés Montreal Battery for the Evaluation of Amusia, rendent possible l’évaluation des sujets et le diagnostique d’amusie. Afin d’y arriver, les chercheurs évaluent différents aspects musicaux. Les réactions d’une personne au contour mélodique (l’air monte ou descend), au rythme, à la justesse, à sa mémoire musicale sont autant de facteurs qui permettront de déterminer si elle est atteinte d’amusie ou non. De ce fait, nous savons qu’il est plus difficile pour un sujet amusique de déterminer si deux mélodies entendues l’une après l’autre, séparées par une courte pause, sont identiques ou non. En général, les tests démontrent que la plus grande difficulté vécue par une personne amusique se trouve au niveau de la hauteur des sons. Il est presque impossible pour elle de distinguer si une note est plus aigüe ou plus grave qu’une autre. Cependant, il semblerait que la dimension rythmique cause moins de problème puisqu’à ce chapitre, les résultats sont variables et presque comparables à ceux des sujets contrôles. Cela n’explique pas, pourtant, pourquoi les personnes souffrant d’amusie ont aussi de la difficulté à suivre et garder un rythme ou à danser! Les fruits de ces tests nous portent à croire que ce handicap est présent dès la naissance.

D’autres études démontrent qu’il n’y a pas que la hauteur des sons qui soit affectée par ce déficit. La mémoire des sons est aussi vraisemblablement affligée. Nous savons déjà que les amusiques arrivent parfois à distinguer deux notes lorsqu’elles sont éloignées (l’une passablement plus aigüe que l’autre), par contre, plus celles-ci sont rapprochées et plus la différence est difficile à faire. Aussi, la faiblesse de la mémoire à court terme apparaît dans la difficulté qu’ont les amusiques à mémoriser une mélodie alors que d’autres sons sont entendus simultanément. Les témoignages nous indiquent que la musique écoutée par les personnes atteintes sonne, pour eux, comme du bruit, des sons qui n’ont aucun lien entre eux, qui n’ont pas de sens. Les sons ne semblent pas laisser de traces dans la mémoire, ils disparaissent…

Les amusiques et le langage

La mémoire musicale défaillante dont souffrent les amusiques affecte-t-elle aussi leur traitement du langage? Eh bien, non! Des tests démontrent que la mémoire verbale ne serait pas en cause, puisque les sujets sont, entre autres, capables de distinguer deux séries de mots identiques, cités dans un ordre différent. Bien que la hauteur des mots (prosodie) soit essentielle dans la langue parlée puisqu’elle permet de traduire les émotions, de reconnaître la différence entre la question et l’affirmation et est primordiale dans les langues tonales comme le thaï et le chinois mandarin (la personne utilise la hauteur des mots afin d’indiquer leur sens), les personnes amusiques ne présentent aucun problème dans la compréhension du langage. Une étude récente rapporte toutefois que des Chinois amusiques ont en effet de la difficulté à identifier des mots dans leur propre langue puisqu’ils ont un déficit affectant la reconnaissance de la hauteur des sons. Les résultats des nombreuses études entreprises sur ce phénomène qu’est l’amusie suggèrent que le traitement de la musique et du langage partage certains réseaux neuronaux.

Les chercheurs ont donc conclu que l’amusie congénitale découlerait d’un trouble neuro développemental. Il est aussi bon de savoir que l’amusie congénitale serait génétique. En effet, environ trente-neuf pour cent (39 %) des parents ou frères et sœurs présentent ce même dysfonctionnement musical dans les familles des personnes amusiques.

Qu’en est-il des enfants?

« L’amusie, un déficit de la perception musicale, est un phénomène connu et documenté chez les adultes, mais pas chez les enfants. Pourquoi? Difficile à dire. Peut-être que les enfants amusiques réussissent à passer sous le radar dans leur cours de musique s’ils se débrouillent bien sur le plan de la théorie. Peut-être aussi que les parents ne font pas tout un cas du fait que leurs enfants ne semblent pas aimer la musique. Ils se disent que ce n’est qu’une question de goût, de talent », avance Marie-Andrée Lebrun, étudiante au doctorat en recherche et intervention en neuropsychologie clinique à l’Université de Montréal et auteure. Cependant, il y a plus ou moins cinq ans, les chercheurs du BRAMS ont fait la découverte de leur premier cas d’amusie congénitale chez l’enfant. Les résultats des tests proposent que le cas de l’enfant et de l’adulte amusiques sont très semblables, sauf au niveau de la reconnaissance des petites différences de hauteur par le cerveau. Étant donné le peu de cas évalués, seules des hypothèses peuvent être émises, mais ce qui est clair, c’est que les recherches dans ce domaine sont nombreuses, fournissent des outils et permettront éventuellement, nous l’espérons, d’intervenir chez la personne amusique afin qu’elle puisse enfin apprécier tout ce que peut apporter le monde de la musique.

Karine Michon
Musicienne, enseignante et conférencière

Détentrice d’un baccalauréat et d’une maîtrise en musique, Karine Michon est chanteuse lyrique et enseignante. Musicienne passionnée et amoureuse des enfants, elle sait transmettre sa passion avec enthousiasme. La tête débordante d’idées, elle a créé le Studio Tre Punti qui offre des activités artistiques pour enfants dont la musique, la danse, les arts plastiques et le yoga. Karine a pour objectif de participer au développement des enfants par les arts et les bonnes habitudes de vie. Sa douceur, son ouverture et son dynamisme font de ses ateliers artistiques des moments mémorables pour petits et grands.


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