Il n'y a pas si longtemps, les femmes enceintes étaient encouragées à garder le lit, ou à tout le moins à se ménager. Toutefois, on n'a jamais établi que le repos aide les femmes à prolonger la grossesse ou à diminuer la tension artérielle.
C'est ce qu'a confirmé le Dr Michael Kramer, professeur de pédiatrie, d'épidémiologie et biostatistiques à l'Université McGill. Selon lui, les femmes déjà actives peuvent continuer à faire de l'exercice sans s'inquiéter. Pour les autres, c'est le bon moment pour commencer, mais en douceur.
« Les femmes sont encore nombreuses à croire que l'exercice physique peut nuire au fœtus et provoquer un accouchement prématuré. Ça n'est pas du tout le cas, déplore Suzanne Laberge, sociologue et professeure au département de kinésiologie de l'Université de Montréal. La mentalité commence heureusement à changer. »
Mère d'une fille de 6 ans, Marina Palardi vit actuellement sa deuxième grossesse. Elle est entraîneuse chez Yoga Maternité à Montréal. « Je dors mieux après le cours, je suis moins stressée, note-t-elle. Grâce au yoga, les participantes acquièrent une plus grande flexibilité et une plus grande aisance de mouvements. »
Serait-ce la clé pour une naissance sans souci? Ça ne garantit pas un accouchement facile, loin de là, mais on se prépare à bien respirer dans la douleur. On dirait que ça aide à faire face à ce qui peut se passer, à vivre le moment présent. « De plus en plus, la grossesse est associée à l'adoption de modes de vie sains. Plusieurs femmes profitent de l'occasion pour prendre la résolution de se mettre en forme », soutient Marina Palardi.
Il n'y a jamais eu, semble-t-il, autant de cours destinés aux femmes enceintes. Entre la marche nordique prénatale, le yoga prénatal, l'aquaforme prénatale, le Pilates prénatal et la musculation prénatale, les futures mamans ne savent plus où donner du bedon!
Dans les faits, les femmes enceintes actives demeurent largement minoritaires. C'est ce qu'indique une étude norvégienne, publiée en juin 2008 dans le Scandinavian Journal of Medicine and Sciences in Sports. Au total, 34 508 femmes enceintes ont été interrogées. « La proportion de femmes qui s'entraînaient régulièrement avant la grossesse était de 46,4 %. Ce pourcentage chutait à 28 % à la 17e semaine et à 20,4 % à la 30e semaine », est-il écrit.
D'autres études confirment cette tendance. « C'est dommage parce que l'exercice préviendrait le diabète de grossesse et pourrait aider à prévenir les risques de prééclampsie », indique Suzanne Laberge.
Si on doit éviter la plongée sous-marine, le parachutisme ou le surf, une panoplie de sports demeurent sans danger. Contrairement à ce qu'on pense, le jogging et la danse aérobique sont sans danger. Pas risqués, les sauts? « Les sauts ne sont pas dangereux; c'est un mythe, indique le Dr Kramer. On doit surtout éviter les sports où il y a des risques de coups ou de chutes. On cesse le judo ou la boxe et on ne va pas faire du ski alpin dans les bosses à 36 semaines. »
S'il ne fait aucun doute que l'activité physique est bénéfique, son effet direct sur l'accouchement et le fœtus est encore peu connu, précise le Dr Kramer. En 2006, il a recensé les essais expérimentaux sur le sujet. « Dans les études expérimentales, les effectifs sont souvent trop petits pour tirer des conclusions fermes. De l'autre côté, les études observationnelles, sur de grands échantillons, peuvent avoir des biais », souligne-t-il. Comme les femmes actives sont généralement en bonne santé à la base, comment déterminer si l'exercice est associé à un accouchement plus facile? « On sait au moins que le sport est sans danger », résume-t-il.
On peut dire, sans se tromper, que l'activité physique durant la grossesse augmente le niveau d'énergie, renforce la musculature, améliore le contrôle du poids, la qualité de sommeil et l'image de soi. Elle réduit aussi le stress, l'inconfort et la sévérité des vergetures.
Selon Kino-Québec, « certaines recherches indiquent que les enfants de mères physiquement actives durant la grossesse tolèrent mieux le stress physiologique lié à la naissance, ont un pourcentage de graisse moins élevé jusqu'à 5 ans, ont des habiletés motrices supérieures à l'âge de 1 an et ont de meilleures performances intellectuelles à 5 ans ». Ça reste à confirmer, selon le Dr Kramer. « Ce qui est indéniable, c'est que l'exercice est excellent pour le moral », souligne-t-il.