Grossesse/Maternité

Accoucher : l’importance du rôle de la sage-femme

Avec la popularité grandissante des maisons de naissance au cours des dernières années, l’importance du rôle de la sage-femme a fait un retour en force dans notre société. Mais sait-on vraiment de quoi il en retourne?

Pour démystifier le tout, je me suis entretenue avec Aurélie Pestel, sage-femme qui complémente sa pratique avec l’homéopathie et maman de quatre enfants!

Madame Pestel, qu’est-ce qu’une sage-femme, comment devient-on sage-femme et quel est son rôle exactement?

"La sage-femme est une professionnelle de la santé formée pour être entièrement responsable des soins et des services durant la grossesse, l’accouchement et la période postnatale pour la mère et le nouveau-né, et ce, jusqu’à 6 semaines après la naissance.1

Au Québec, la formation consiste en un programme de baccalauréat. Ce programme, d’une durée de quatre ans, est offert exclusivement à l’Université du Québec à Trois-Rivières (l’UQTR) 2. Les sages-femmes venant de l’étranger, qui veulent pratiquer au Québec, doivent suivre un programme d’appoint offert aussi à l’UQTR. Bien entendu, toutes les sages-femmes désirant exercer leur profession au Québec doivent obligatoirement faire partie de l’Ordre des sages-femmes du Québec3

Demeurant encore peu connu, le service de sages-femmes fait partie du système de santé publique. Toute femme dont la grossesse est dite à bas risque et qui détient une carte d’assurance maladie valide peut en bénéficier gratuitement!

Dans notre pratique, nous effectuons tout le suivi prénatal et l’accouchement bien sûr, mais aussi le suivi postnatal pour maman et bébé pendant les six premières semaines. Pendant cette période, nous sommes disponibles en tout temps pour répondre à toutes les questions des mamans, nous assurer que tout se remet en place dans leur corps et que bébé grandit bien et en santé. On offre aussi du soutien à l’allaitement en cas de besoin. Après ces six semaines, on passe le relais à un pédiatre ou médecin de famille pour la suite des choses." 

Depuis combien de temps exercez-vous cette profession et pourquoi l’avez-vous choisi? 

"Ça fait maintenant trois ans que j’exerce la profession de sage-femme. Comme j’ai immigré au Québec depuis la France, je détenais alors un diplôme qui n’était pas reconnu ici. En arrivant je me suis promenée pas mal dans le milieu communautaire et celui de la santé. J’ai toujours aimé être proche des gens et pouvoir les aider, alors ça me semblait la profession tout désigné!"

Aurélie Pestel Sage-Femme,Thérapeute en Homéopathie et accompagnante à la naissance homeovie@gmail.com https://homeonaitreetfamille.wordpress.com

À quel genre de suivi peut s’attendre une femme enceinte qui choisit une sage-femme?

"En ce qui concerne le suivi de grossesse, nous effectuons les mêmes actes médicaux que les gynécologues et nous pratiquons le principe de choix éclairé chez les femmes ayant des grossesses avec peu de risques de complications (voir avec votre sage-femme pour les limites de la pratique). À la différence de l’hôpital, où les équipes médicales sont nombreuses, nous opérons toujours en équipes de deux ou trois, ce qui signifie que les futures mamans apprennent à bien connaître toutes les intervenantes au cours de leur grossesse qui seront présentes lors de leur accouchement. Qui plus est, comme nous suivons seulement quelques clientes à la fois, nous prenons vraiment tout le temps nécessaire pour répondre à tous les questionnements lors de chaque visite (nos rendez-vous durent en moyenne 30 à 45 minutes). 
  
Lors de l’accouchement, il y a toujours deux sages-femmes qui sont présentes; la première s’occupe de la maman et la seconde arrive lors de la poussée afin de prendre en charge le bébé. Elles vont ensuite rester toutes les deux trois heures de plus avec la maman afin de s’assurer qu’elle récupère correctement et que bébé s’adapte bien.

Ensuite, nous effectuons le suivi postnatal pour maman et bébé jusqu’à six semaines."

Les futures mamans sont souvent inquiètes quant à d’éventuelles complications lors de l’accouchement qui demanderaient un transfert à l’hôpital. Ça arrive fréquemment?

"Oui, il est certain que comme dans tout domaine de la santé, le risque zéro n’existe pas. Si un transfert est nécessaire, chaque maison de naissance ou service sage-femme est reliée à un hôpital de référence, donc nous transférons les soins de la mère ou du bébé à des gynécologues ou pédiatres rapidement avec qui nous travaillons en collaboration. Évidemment, les clientes qui font le choix d’utiliser nos services souhaitent essayer de vivre un accouchement le plus naturel possible, mais il arrive parfois qu’elles ne puissent supporter la douleur et demandent alors un transfert en milieu hospitalier pour obtenir, entre autres, l’épidurale. 

Il faut savoir que les sages-femmes sont formées en soins obstétricaux et néonataux d’urgence, et que nous sommes donc tout à fait en mesure de stabiliser et de régler la plupart des grandes problématiques qui peuvent survenir lors de l’accouchement. Nous passons une certification en réanimation néonatale tous les deux ans et une autre en urgences obstétricales tous les trois ans, alors nous sommes très bien outillées de ce côté. Et puis, comme nous suivons seulement les femmes dont la grossesse ne présente que peu de danger et se passe sans complications, il est plutôt rare que nous ayons à effectuer des transferts d’urgence. Mais lorsque cela se produit, nous accompagnons nos clientes dans l’ambulance et restons avec elles jusqu’à ce que la passation avec le ou la gynécologue soit effectuée. 

D’ailleurs plusieurs études ont mis en avant que l’accouchement hors milieu hospitalier avec du personnel qualifié et des femmes enceintes à bas risques de complications est tout aussi sécuritaire qu’en milieu hospitalier."

Pour celles qui se sentiraient plus à l’aise d’accoucher à l’hôpital, mais qui souhaiteraient tout de même avoir recours aux services d’une sage-femme, c’est quelque chose d’envisageable?

"Oui, tout à fait. En fait, quand on fait appel aux services d’une sage-femme, on a le choix entre trois lieux pour son accouchement : son propre domicile (sous réserve d’une évaluation complète des lieux), une maison de naissance ou l’hôpital. Si on choisit l’hôpital, les deux sages-femmes procéderont à l’accouchement dans la chambre comme elles le feraient en maison de naissance ou à domicile, donc sans l’intervention du personnel de l’hôpital et sans péridurale. 

Ce qu’il faut bien comprendre également, c’est que la visée première des sages-femmes est de suivre les futures mamans qui souhaitent vivre un accouchement naturel. Bien évidemment, on sait que la réalité s’avère parfois bien différente de ce qu’on avait imaginé et on supporte nos clientes dans toutes leurs décisions si elles nécessitent finalement le recours à une médication, mais il faut avoir pour objectif de départ de vivre cette expérience de la façon la plus naturelle."

On entend aussi souvent dire que les listes d’attente en maison de naissance sont parfois décourageantes. Qu’en est-il réellement?

"C’est vrai qu’il y a une demande de plus en plus importante en ce qui a trait aux accouchements naturels et que le bassin de sages-femmes au Québec demeure limité, alors oui, il y a des listes d’attente dans les maisons de naissance.

On conseille donc aux femmes qui sont intéressées par cette option de nous appeler dès qu’elles obtiennent un premier test positif." 

Vous complémentez également votre pratique avec l’homéopathie. Quels remèdes naturels peuvent aider les femmes enceintes face à leurs divers maux?

"Évidemment, chaque personne est différente, alors il n’existe pas de formule miracle qui s’applique à tout le monde. Il faut idéalement obtenir une consultation avec un professionnel pour une prise en charge adéquate en homéopathie. 

J’ai choisi de faire une formation comme thérapeute en homéopathie, car je trouvais complémentaire cette approche pour ma pratique. Je suis française et l’homéopathie a toujours fait partie de ma vie. Je suis contente de pouvoir apporter une approche douce et alternative dans la limite du possible à mes clientes pour leurs maux de grossesse et pour leurs nouveau-nés. J’utilise moi-même très régulièrement de l’homéopathie avec ma famille, de ma plus vieille de 12 ans à mon dernier depuis sa naissance. 

Je soulage les coliques, les poussées dentaires et les petits bobos du quotidien soit avec des granules et des crèmes homéopathiques. Et je vois des résultats. La meilleure façon pour un thérapeute de pouvoir conseiller l'homéopathie, c'est d'être à l'aise avec celle-ci pour en avoir fait l'expérience avec sa famille proche et c'est ce que je fais. L’homéopathie est, de plus en plus, demandée par les femmes pour elles-mêmes ou leurs enfants. Parfois, elles sont un peu hésitantes, mais après l’avoir essayé, elles y prennent goût!

L’homéopathie est utilisée par de nombreuses personnes en tant que thérapeutique complémentaire à la médecine conventionnelle. Elle ne remplace pas l’utilisation d’un médicament (s’il est nécessaire), mais elle peut être utile pour soulager les troubles communs de la grossesse, favoriser le bien-être et supporter le travail au moment de l’accouchement et de la naissance.

La grossesse est une période durant laquelle, il est généralement préférable de limiter l’utilisation des médicaments conventionnels, surtout car plusieurs sont contre-indiqués chez les femmes enceintes. L’homéopathie peut être une alternative intéressante pour le soulagement des nausées, vomissements, varices, hémorroïdes et troubles du sommeil.

Pour la préparation à l’accouchement, il existe plusieurs médicaments homéopathiques qui peuvent être suggérés.  Certains peuvent agir sur le col, d’autres sur l’utérus ou encore sur le stress de l’accouchement. 

En vue de l’accouchement, certains protocoles peuvent débuter à partir de 38 semaines. Lorsque les médicaments homéopathiques sont pris tel que suggéré, je constate vraiment une différence à l’accouchement.

Par la suite, les maux du nouveau-né et de l’enfant peuvent eux aussi être soulagés, sans contraintes, avec l’homéopathie. 

Il existe aussi plusieurs autres façons de gérer la douleur lors de l’accouchement sans avoir recours à la médication. Je pense entre autres à l’hydrothérapie (baignoire d’eau chaude), aux techniques de massage avec diverses huiles essentielles, à la visualisation, à l’autohypnose, au yoga et à la relaxation. À chaque femme de faire usage des outils ou de la thérapeutique qui lui ressemble le plus."

Si vous aviez un seul conseil bien-être à donner aux femmes enceintes, quel serait-il?

"S’écouter. Le plus important dans toute cette grande aventure, c’est de faire équipe avec son corps et de toujours rester en contact avec soi-même. En écoutant son corps dès le départ, on s’évite beaucoup de mauvaises surprises!"


Référence :
1 - http://www.osfq.org/grand-public/definition-dune-sage-femme/
2 - https://bit.ly/32dLTyf
3 - http://www.osfq.org/

Image de Vanessa Maisonneuve-Rocheleau

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