Pratiquée par le médecin au moment de l’expulsion, l’épisiotomie est une incision chirurgicale de la peau et des muscles du périnée (entre l’anus et le vagin), d’environ 2 à 6 cm. Elle est bien entendu précédée d’une anesthésie locale. Théoriquement, elle préviendrait - ou du moins réduirait - les déchirures spontanées ainsi que l’incontinence, après la guérison.
Quand (et pourquoi) faire une épisiotomie?
Avant, on la recommandait souvent : si l’ouverture du vagin semblait trop étroite, si la tête de bébé était grosse, en cas de siège, pour l’accouchement de jumeaux et dès qu’on avait besoin d’outils (forceps, ventouse).
Cependant, depuis une vingtaine d’années, des données scientifiques démentent les supposés avantages de l’épisiotomie et la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada ne recommande plus l’épisiotomie de routine.
En effet, l’intervention aurait tendance à entrainer des déchirures plus profondes que les déchirures naturelles, et il est maintenant prouvé qu’elle ne réduit pas les risques d’incontinence, au contraire. C’est pourquoi l’épisiotomie est, de nos jours, pratiquée à l’occasion seulement : par exemple quand le périnée semble être la seule chose qui retarde la naissance, quand bébé semble en souffrance ou lorsque des déchirures multiples sont à prévoir.
Quels sont les risques d'une épisiotomie?
Si la coupure en tant que telle ne cause pas véritablement de douleurs, les conséquences de l’épisiotomie sont souvent plus souffrantes. Il faut recoudre, sous anesthésie locale, la peau coupée avec un fil résorbable (points fondants). Opération peu agréable, certes. De plus, les heures suivant l’intervention, la zone touchée est douloureuse et sensible. La marche comme la position assise peuvent être incommodées pendant quelques jours. Des risques d’hémorragies sont aussi possibles.
« Les femmes qui subissent une épisiotomie ont tendance à avoir plus de déchirures des tissus, plus de douleurs, plus de points de suture et un rétablissement plus long après la naissance, explique le Dr Walker, obstétricien à l’Hôpital d’Ottawa et scientifique à l’IRSO. Si l’épisiotomie peut accélérer l’accouchement, elle ne devrait être utilisée que si elle s’impose sur le plan obstétrique, c’est-à-dire lorsque la santé de la mère ou de l’enfant est à risque. »
Une pratique en baisse
L’association pour la santé publique du Québec rapporte ainsi qu’au Québec, il y a 20 ans, on pratiquait l’épisiotomie dans 70 % des accouchements. En 2008-2009, on parlait plutôt de 19 %, et on a toutes les raisons de croire que cette moyenne a encore diminué depuis.
Il est important de noter que si l’intervention n’est plus considérée comme obligatoire, elle est tout de même nécessaire dans certains cas.
Je ne veux pas d’épisiotomie
Comme nous le mentionnions, la pratique est en baisse depuis déjà plusieurs années. Pour avoir l’esprit tranquille, il vaut mieux discuter avec votre médecin de vos craintes et de vos désirs lors des rendez-vous mensuels du suivi de grossesse. Une fois dans la salle d’accouchement, l’heure n’est pas propice aux discussions philosophiques! Ceci étant dit, on vous demandera probablement, au début du travail, si vous autorisez l’épisiotomie ou non. Ainsi, vous pourrez dire clairement votre position à votre spécialiste et vous concentrer sur la naissance de bébé. Notez bien qu’une épisiotomie à un premier accouchement ne signifie pas que le scénario sera le même pour ceux qui suivront.
Peut-on prévenir l’épisiotomie?
Difficile à dire, puisqu’aucune étude n’a démontré que les massages du périnée font vraiment une différence et réduisent le risque de déchirure à l’accouchement. Mais, puisqu’ils ne sont vraiment pas contre-indiqués non plus, au contraire, et qu’ils sont en mesure de nous faire sentir plus confiante à l’accouchement, il est bon de s’y mettre. Certains exercices pourront aussi assouplir le périnée, tout en favorisant l’ouverture des hanches et la flexibilité. On pense aussi aux exercices de Kegel.
Pendant l’accouchement, on pourra appliquer des compresses chaudes pour détendre les muscles du périnée.
Comment soigner une épisiotomie?
Une bonne hygiène facilitera la guérison et la disparition des points fondants. Il faut s’assurer que la région du périnée soit toujours propre et sèche.
On peut se nettoyer à l’aide d’une douche téléphone, ce qui, en plus de nettoyer la plaie sans causer d’irritation, procurera un massage doux. Les bains de siège sont également indiqués. En cas de douleurs, vous pouvez appliquer des compresses humides ou de la glace localement. Vous pouvez bien entendu prendre des analgésiques.
Si la douleur persiste, il faut consulter votre médecin.