Résultats d'étude à considérer
Toutefois, la communauté médicale a de bonnes raisons de croire que les résultats de cette étude ne sont que préliminaires, qu’ils ont été exagérés et qu’ils font en sorte que bon nombre de femmes choisissent une procédure qui pourrait les mettre davantage à risque à long terme. L’étude met l’accent sur les lésions au plancher pelvien. Il s’agit d’un trouble qui affecte couramment les femmes ayant donné naissance et qui peut entraîner l’incontinence, des lésions nerveuses et, dans de rares cas, l’affaissement ou le déplacement de l’utérus. Cette étude, publiée en 2002, révélait que les femmes qui donnent naissance par césarienne de convenance ont moins de chances d’être atteintes d’incontinence que les femmes qui accouchent par voie vaginale.
À une certaine époque, la césarienne était le dernier recours d’un médecin, qu’il n’utilisait que si un accouchement normal était considéré comme étant impossible ou très dangereux. De nos jours, il s’agit d’une procédure courante et sûre, que de plus en plus de femmes demandent pour des raisons non médicales (crainte par rapport à l’accouchement vaginal ou désir de prévoir la date de naissance du bébé). Cependant, en l’absence d’une raison médicale valable, les médecins recommandent généralement d’éviter la césarienne, étant donné qu’elle peut entraîner des effets secondaires comme des complications lors d’une grossesse subséquente, des lésions aux organes adjacents, voire même une hystérectomie. Malgré tous ces risques, pourtant, bon nombre de femmes et de médecins invoquent les résultats de cette recherche et la possibilité de lésions au plancher pelvien et de troubles d’incontinence pour justifier le recours à la césarienne.
Soupeser les risques
Dernièrement, toutefois, de nouvelles études ont mis en doute les résultats de cette étude. Bien qu’il semble être vrai qu’à court terme, l’incontinence puisse être évitée grâce à la césarienne de convenance, d’autres études ont démontré que l’incontinence peut être causée par l’une ou l’autre des méthodes d’accouchement et la césarienne ne réduit le risque que de façon peu significative. On a évalué que, pour prévenir un cas d’incontinence (incidence très courante chez les femmes), il faudrait effectuer au moins 35 césariennes. Un autre article a déterminé qu’il faudrait augmenter le nombre de césariennes de 300 % pour réduire le taux global d’incontinence chez les femmes d’à peine quatre pour cent (33 % à 29 %). D’autres études ont montré que les autres symptômes de lésions au plancher pelvien, comme les lésions nerveuses et le déplacement de l’utérus, étaient plus susceptibles de se produire après un accouchement, mais que le choix de la méthode d’accouchement ne faisait à peu près pas de différence sur le plan du risque.
Malgré ces nouveaux résultats, l’étude d’origine continue d’être utilisée par les patientes et les médecins pour demander ou justifier la pratique d’une césarienne de convenance. L’incontinence est, de toute évidence, un problème embarrassant et désagréable; cependant, les femmes qui s’en servent pour justifier le recours à la césarienne s’exposent à des risques de complications graves lors de grossesses subséquentes, complications qui peuvent aller jusqu’à la stérilité. C’est bien cher payer pour une procédure qui ne repose que sur bien peu de chose.
Source : Donna Fedorkow, MD, FRCSC – Pour la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada