Dès 2 ans, que ce soit entre frères et sœurs ou avec les parents, beaucoup d’enfants aiment se batailler. Avec une épée, un spaghetti de piscine, en se frappant avec des oreillers ou en luttant d’un bout à l’autre de la maison, ils crient, roulent, courent, se cachent, attaquent et frappent à qui mieux mieux. On se dit que ça va mal finir, qu’ils vont se faire mal, mais ils ont l’air de tellement s’amuser… Quand est-ce qu’on doit intervenir? Pourquoi est-ce que certains enfants aiment autant les jeux de bataille? Est-ce que ces jeux les rendront violents?
Est-ce qu’on doit les arrêter?
Pour savoir s’il faut intervenir pendant une bataille, il faut d’abord observer la bataille en question. Si les enfants rient, prennent des mesures pour éviter que l’autre se blesse (s’éloigner d’une table par exemple) et ont une sorte de scénario en tête, vous pouvez garder un œil sur eux et éloigner les objets qui traînent au sol, mais vous n’avez pas vraiment besoin de les empêcher de se batailler. En revanche, s’ils semblent en colère, qu’ils s’injurient, qu’ils essaient de se blesser ou de gagner à tout prix et qu’ils n’ont pas du tout l’air de s’amuser, c’est une vraie bataille et il vaut mieux les arrêter immédiatement. Tout est une question d’intention et d’intensité.
Est-ce qu’il y a du bon dans ces batailles?
Les jeux de bataille apportent beaucoup aux enfants. Il y a d’abord l’évidence, ces moments de jeu physique rapprochent beaucoup les parents et leurs enfants et les frères et sœurs. Ce sont des jeux intenses pendant lesquels les participants rient beaucoup et en général, les petits en gardent de très bons souvenirs.
En plus de cet aspect familial, de nombreux avantages ont été documentés par des spécialistes de la petite enfance. Selon Anthony Pelligrini, auteur et doctorant en psychologie éducationnelle, les jeux de bataille développent les habiletés sociales et de résolution de problème des enfants. Il explique qu’en jouant à ces jeux, ils apprennent la différence entre le jeu et l’agression. Les enfants qui y participent comprennent mieux les limites à ne pas franchir et ces connaissances les aident à se faire apprécier à l’école et en présence d’autres enfants.
Ils apprennent aussi à laisser des chances pour que tout le monde prenne plaisir dans le jeu. Il est très rare que deux enfants qui se battent soient de la même force et si l’un des deux enfants qui jouent à la bataille se blesse, les deux enfants savent que ça signera l’arrêt du jeu. Ils apprennent donc à connaître leur force et à faire des compromis entre le plaisir de gagner et le plaisir de jouer sans causer de tort ni avoir d’ennuis.
Finalement, selon le Dr Stuart Brown, spécialiste du jeu, le fait de jouer à la bataille mène à un meilleur contrôle des impulsions violentes à l’âge adulte.
Établir des règles
Qui n’a pas vu une petite sœur en colère donner un coup de pied de toutes ses forces à un grand frère et se faire mal aux orteils sous le regard amusé du plus grand? Qui n’a pas entendu sa mère dire « ça suffit les enfants, ça va mal finir »? Il y a de grands classiques dans les jeux de bataille et même s’il y a du bon dans ces jeux, il n’est pas nécessairement prudent de laisser les enfants se faire mal pour leur apprendre à faire la différence entre le bien et le mal. Quelques conseils de base peuvent leur être donnés d’avance.
Premièrement, dites-leur qu’il ne faut pas griffer ni mordre. C’est une des raisons qui font que les jeux de bataille tournent mal, c’est que le plus faible n’a plus d’autre option que de faire très mal à l’autre pour se déprendre. Vous pouvez donc expliquer du même souffle aux plus grands qu’il ne faut pas abuser de leur force. Vous aussi, en vous battant, devrez éviter de leur faire vos plus belles prises de lutte. Vous devez vous ramener à leur niveau pendant les batailles.
Deuxièmement, il faut jouer à la bataille dans des environnements sécuritaires où il n’est pas possible de tomber (éviter de se batailler sur le lit ou près des escaliers), loin de la cuisinière et loin des coins et des objets pointus qui traînent par terre.
Troisièmement, il ne faut pas frapper au visage. Lutter, d’accord. Donner des coups de poing, non.
Finalement, les jeux de bataille ne sont pas que pour les garçons. Les petites filles ont beau préférer plus de douceur, elles apprécient quand même une bonne bataille et en retireront les mêmes bénéfices. Si vos filles vous demandent de vous batailler, il n’y a pas de raison de les laisser de côté.
C’est peut-être épuisant pour vous de les entendre lutter en hurlant comme s’ils étaient dans les belles années de la WWE, mais tant que ces batailles seront joyeuses et qu’elles se dérouleront dans des milieux sécuritaires, vous n’aurez pas à vous inquiéter outre mesure. Pensez quand même à les arrêter après un moment et à ne pas les laisser jouer à la bataille trop tard le soir, c’est quand on est fatigués qu’on risque le plus de se blesser.