Ce n’est pas toujours facile de trouver la bonne approche quand on croit que notre enfant est gai. Les parents veulent trouver les bons mots, éviter que leur enfant soit rejeté, comprendre ce qui se passe et réagir de la bonne façon.
Comment faire, comment y arriver? Jasmin Roy, fondateur de la Fondation Jasmin Roy, auteur du livre « Osti de fif ! » et porte-parole de Fierté Montréal, qui se déroule du 8 au 14 août 2016, a répondu à nos questions.
Comment parler d’homosexualité ?
Selon Jasmin Roy, il n’est pas aussi utile d’ « intervenir » pendant l’adolescence que de bien informer nos enfants dès la plus tendre enfance. Selon lui : « Dès la petite enfance, il faut parler de sexualité. On doit en aborder tous les aspects, sans tomber dans les détails. Quand les enfants posent des questions, on peut leur dire qu’on peut avoir deux papas, deux mamans ou un papa et une maman. On peut tomber en amour avec un ou avec l’autre. »
Il n’est pas nécessaire d’être très à l’aise à parler de sexualité pour aborder la question. Selon lui, les aspects plus « techniques » ne concernent pas les enfants de toute façon et pour le reste, on peut passer par des livres ou des documentaires. Par exemple, les parents de Jasmin Roy, issus d’une éducation catholique, mais très flower Power, laissaient traîner des livres pertinents dans la maison pour que les enfants trouvent eux-mêmes des réponses bien formulées.
Selon lui, les enfants chez qui la question de l’orientation sexuelle a été banalisée très tôt vivront mieux avec leur propre sexualité quand l’adolescence arrivera. Ils seront également beaucoup plus tolérants envers les choix des autres.
Travailler les rapports égalitaires
Encore en 2016, les hommes ont plus de difficulté à accepter que leurs enfants soient homosexuels que les femmes. Selon lui, ce phénomène vient du fait que les hommes ont peur de voir des attributs féminins chez leurs fils, parce qu’ils ont grandi avec des insultes liées à la féminité.
L’homophobie serait surtout une affaire de garçons. Il explique : « Les filles attaquent le physique ou la réputation. Les garçons, pour se rabaisser, il se féminisent. Quand on entend fif ou tapette comme insulte quand on est jeune et qu’on commence à comprendre qu’on est homosexuel, on redoute le jour où on aura à en parler.
En réalité, selon moi, l’homophobie cache une haine de la femme. Les garçons féminisent pour se rabaisser, comme si c’était négatif. C’est pour ca qu’il faut travailler sur des rapports égalitaires dès la petite enfance. »
Il est vrai que si les femmes et les hommes sont égaux, si les qualités féminines cessent d’être perçues comme des défauts chez les hommes, ce sera beaucoup plus facile pour les enfants d’accepter leur nature quelle qu’elle soit, hétérosexuelle, homosexuelle ou transgenre.
D’ailleurs, ce n’est pas seulement aux homosexuels que ce travail sur les rapports égalitaires profite. Enseigner l’égalité entre les personnes réglerait beaucoup de problèmes auxquels notre société fait face, selon Jasmin Roy. Il ajoute : « Il faut voir plus grand, faire l’éloge de la diversité. Il faut le dire aux enfants que c’est une richesse humaine toutes ces cultures qui forment notre société, des gars qui aiment les gars, des filles qui aiment les filles et leur enseigner que ça aussi, ça fait partie de la richesse humaine. »
Comment se passe le coming-out en 2016?
Un hétéro n’aura jamais besoin de faire un « coming-out », nous rappelle Jasmin Roy. Selon lui, il est quand même primordial de préparer les enfants à annoncer à leurs parents qu’ils sont attirés par une personne du même sexe, si cela survient. Il faut que ces enfants sachent que leurs parents les aimeront quoiqu’il advienne.
Jasmin Roy explique que beaucoup de parents ont encore peur que leur enfant soit malheureux parce qu’il est homosexuel, mais qu’il faut rester positif. Il est préférable d’éviter les drames et d’éviter de voir l’homosexualité comme un problème.
Il dit aussi que nous avons de la chance de vivre dans une société laïque pour toutes ces questions. Dans certaines cultures, on ne parle même pas de comment les bébés sont faits, alors la question de l’homosexualité est loin d’être abordée.
Se laisser le temps, en tant que parents
Les adolescents doivent aussi faire la part des choses. S’il est vrai que les parents doivent aimer leur enfant quoiqu’il arrive, les adolescents qui annoncent leur homosexualité doivent être prêts à laisser du temps aux parents pour digérer l’information.
Par exemple, les jeunes doivent comprendre qu’une mère qui pleure à l’annonce de l’homosexualité de son fils ne réagit pas nécessairement mal. Elle s’adapte simplement à cette nouvelle information qui affecte sa perception de l’avenir.
Par ailleurs, c’est un aspect que toutes les familles auront à travailler un jour ou l’autre, selon lui. Il donne l’exemple des parents qui s’attendaient à avoir un fils businessman comme son père et qui finit acteur. Pour cet enfant qui ne se sent pas accueilli dans ses choix, la situation n’est pas plus facile. Mais, dit-il, « on ne met pas un enfant au monde pour en faire quelque chose. On le met au monde pour le guider et l’aimer, quoiqu’il arrive ».