« La peur, c’est excellent pour nos enfants! », me rassure d’emblée France Paradis. Selon la formatrice en intervention psychosociale, mettre nos enfants à l’abri de la peur brimerait leur développement. « Notre obsession d’éviter la douleur, la souffrance, la peine à nos enfants les prive de tout un champ de développement par rapport à la prise de risques », confirme-t-elle.
On a beau vouloir préserver nos enfants de tout traumatisme, c’est impossible et surtout, loin d’être l’idéal, insiste France Paradis. « Tous les humains connaissent des traumatismes. Ça fait partie de la vie d’avoir peur et de développer des mécanismes de défense quand la peur est trop grande. »
Peurs d’enfance : source de force
Quand j’étais petite, j’avais la trouille du père Noël. Un gros barbu, inconnu, sur qui je devais m’asseoir pour avoir des cadeaux. Et mes sœurs s’amusaient à me faire peur. Je m’en rappelle encore aujourd’hui. Elles sonnaient à la porte en secouant fort les pieds sur le paillasson et en poussant très fort des « HO ! HO ! HO ! ». Banal… Moi, j’étais terrée sous un lit à l’étage, en attendant que le gros monsieur s’en aille.
Plus de trente ans plus tard, c’est maintenant moi qui prends plaisir à jouer des tours à mes enfants. Selon l’intervenante, jouer des tours inculque l’humour aux enfants. Et l’humour, poursuit-elle, constitue un outil pour mieux vivre avec des événements qui ne font pas notre affaire. « Si cela ne fait pas partie de la culture familiale que les enfants soient exposés à l’inconnu, il y a plus de chance qu’ils réagissent fortement à l’inconnu. »
Cela dit, il ne faut pas exagérer, surtout lorsque la peur est déjà présente et qu’il y a déjà eu un « trauma », nuance France Paradis. Ainsi, jouer un tour à mon fils en cachant des araignées en plastique dans son lit ne serait pas une bonne idée… À ce sujet, France Paradis est catégorique : « Lui jouer ce genre de tour, ce ne serait pas de le traumatiser, ce serait de le torturer! »
Maman, j’ai peur
L’intervenante nous rappelle que « la réponse qu’on donne à l’enfant après la peur est aussi importante que la peur comme telle ». Comment réagir? Sans donner raison à notre enfant – car une réaction « gravissime » de notre part aurait le pouvoir de cristalliser cette crainte –, on doit honorer la peur et y mettre fin. Puis, une fois notre petit rassuré, on en profite pour faire un retour sur ce qu’il a ressenti afin de désamorcer la source de la peur.
Être présents auprès des enfants pour limiter la peur, les rassurer lorsqu’ils ont peur… et leur jouer des tours pour qu’ils apprennent à gérer les émotions reliées à leurs peurs… Et si c’était un bon prétexte pour discuter des peurs avec les enfants?
Écrit par Mariève Paradis avec la recherche de Marilynn Guay Racicot
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