Ce n’est pas une mode, ce n’est pas trendy d’être comme moi. Si c’était trendy, je ne me battrais pas à tous les jours contre moi-même… Je serais peut-être comptable agrée et agréable ou enseignante en maternelle, je serais peut-être dans ce somptueux moule que la société se bat pour essayer de me faire fitter et je n’aurais peut-être pas reçu un appel de Bell fâché parce que j’ai oublié de cliquer sur « confirmé » le mois dernier quand j’ai voulu envoyer mon paiement sur le net.
De plus en plus comme société on s’en demande beaucoup, tout doit être parfait autant pour nous que pour les enfants. Nos vies sont drillées au quart de tour, les enfants ont de superbes activités organisées à l’école, à la garderie pour agrémenter leurs journées. Dans nos milieux de travail, il y a des réunions, des activités, des formations, des projets d’implications, des courriels, des textos. Il y a plein de paiements qui arrivent de partout, des assurances de plein d’affaires qui passent dans le compte à tous les mois. À la maison c’est aussi faire des menus parfaits pour alimenter sa famille, ne pas oublier de signer tel et tel papier… C’est difficile d’arriver au bout de la semaine sans anicroche.
En fait, dans mon cas c’est juste impossible! SO WHAT!!!???!!!
Le brouillard
J’ai appris à vivre avec moi-même depuis toujours, je me souviens que quand j’étais petite je me voyais plus grande sans les côtés obscurs de mon état, je pensais que ça se dissiperait comme le brouillard. Mais j’avais tort. Il devient plus épais, le brouillard, parce qu’il y a ces deux merveilleuses petites bêtes (bientôt trois!) qui comptent sur mon cerveau des fois sur le neutre ou trop sur le drive.
Depuis environ deux ans, j’ai dû lâcher prise sur différentes sphères de ma société. Souvent, quand j’oublie, ma société me tape sur le clou avec des : « Vous savez madame, c’est votre responsabilité de blablabla »… J’ai appris à ne plus me dire que j’étais une pas bonne. Une fois à la banque, parce que j’avais perdu pour la Xe fois cette année ma carte débit, la dame au comptoir allait me réprimander en me disant : « Je ne comprends pas ça moi le monde qui perde leur carte débit ». L’ancienne moi aurait pleuré d’être aussi incompétente… La nouvelle moi a répondu : « Votre travail, madame, c’est de me redonner une carte débit, pas de jouer à la mère avec moi, d’autant plus que vous êtes payée pour le faire et que je suis une cliente qui paye des frais mensuels pour un service, pas pour me faire chicaner alors que je dois venir perdre trente minutes de travail pour réparer mon erreur, ce n’est simplement pas de vos affaires ».
Cartésienne vs aérienne
Je n’ai pas crié, je l’ai dit calmement, avec le sourire, parce que cette dame est probablement cartésienne alors que moi je suis plutôt aérienne. Deux types de personnes totalement différentes mais qui peuvent arriver à vivre sur la même planète sans nécessairement toujours chercher à se comparer, à se comprendre, à analyser…
Ce sont deux types de cerveaux qui s’affrontent dans une société qui laisse peu de place à un monde aérien. Il faut être productive, il faut que ça clenche, mais ce n’est pas comme ça que ça fonctionne malheureusement… Je n’ai pas décidé de ne pas fitter dans les cases, j’ai dû l’accepter, j’ai dû accepter que la structure de mon cerveau n’était pas faite comme ceux qui performent académiquement, qui font des maths fortes, qui torchent en chimie. Je n’étais pas plus épaisse parce que mes cours d’options étaient arts dramatiques et arts plastique, je me préparais juste à prendre un autre chemin que celui des chiffres qui s’embrouillent à m’en faire pleurer.
Ça été difficile, si vous saviez, mais j’apprends à me sortir de chaque journée indemne avec le plus de sourires possibles plutôt que d’épaules basses.
Les défauts de mes qualités
Je ne suis pas condamnée d’une maladie incurable, je suis un état dans une société qui amplifie souvent mes défauts… Je ne crois pas qu’il faut se marteler l’estime de soi avec nos défauts, je crois seulement après toutes ces années de recul que mes défauts ne sont qu’une infime partie de mes qualités!
Si la société n’est pas prête à vivre avec cela, moi si, je l’aime mon cerveau plein de ouates, de bling bling et de couleurs, je l’aime parce que c’est le mien… J’avoue, je ne l’aime pas à 100% de ma journée, peut-être à 70%, mais pour moi ce 70%, c’est tellement d’années de travail que je ne laisserai plus jamais le 30% qu’il reste affecter le reste de ma vie. Elle est trop belle la vie.