Je suis toujours étonnée de voir à quel point son cerveau emmagasine autant de matière. C’est fou non?
Il y a deux ans, il comprenait à peine quelques mots, quelques syllabes, c’était le début de la première année.
En maternelle, il avait appris à lire en phonétique avec sa belle Isabelle. Je me demandais comment il arriverait à lire on dirait. L’impression que la montagne était si grande à monter. En première année, il y arrivait avec des petits livres contenant une phrase courte par page du genre : Je danse. Je trouvais ça déjà tellement impressionnant! J’étais toujours émue de le voir avec son petit doigt et sa voix saccadée, je-ddd-annnn-sss-eeeeee, je danse. Je l’applaudissais quasiment.
Cette année, ce sont des livres beaucoup plus complexes. Depuis quelques mois, je le surprends souvent à lire des livres à son petit frère. J’ai pu commencer à déléguer en préparant le souper quand petit-Rémi débarque dans la cuisine avec un livre au bout du bras en me disant : « Maman, peux-tu me le lire? » Je lui réponds de demander à son grand frère et ce dernier a la fierté d’un paon de le prendre sur ses genoux pour créer des intonations avec les mots et points d’exclamation. Cette image est tellement représentative pour moi, c’est exactement celle que j’imaginais dans ma tête quand je me voyais avec ma famille.

L’odeur de la sauce à spag + le bruit des pages qui tournent = mon bonheur de mère.
Mes enfants, je leur ai lu des livres dès la naissance, j’étais freak vous direz mais rapidement, j’ai pu leur raconter des petits romans en ayant toute leur attention. Nous avons lu celui du petit Prince sans image avec les deux cocos sur chacune de mes cuisses, je sentais que je contribuais à leur culture, à leur savoir, quel feeling incroyable.
Puis, sans m’en rendre compte, un soir d’hiver, Louka n’était pas aussi fatigué que son petit frère et m’a demandé pour la première fois dans l’oreille : « Maman, est-ce que je pourrais me coucher plus tard? », j’ai accepté à la condition qu’il se choisisse un livre et qu’il le regarde dans mon lit tranquillo. Louka a choisi une bande dessinée sur la pile de livre que j’avais de Scholastic, un livre de 192 pages de la nouvelle génération du Club des Baby-sitters. Je l’avais depuis quelques semaines et je voulais commencer à lui lire après les Fêtes… Je ne pensais pas qu’il était rendu là dans sa jeune vie de lecteur.
WOUTISSHH! Dans ma face! Il n’avait plus vraiment besoin ni de mes mains, ni de ma voix… Un sentiment vraiment spécial mais si savoureux à la fois.
Pendant les vacances, il se promenait avec le livre entre les mains, il venait chercher des collations et repartait, il l’apportait en voiture, en sorties et en quelques jours, il a traversé les pages avec les yeux grands. Je n’arrêtais plus de cogner son père du coude parce que c’était beaucoup d’émotions pour moi de voir qu’après 7 ans, toutes ses années de lecture avant le dodo avaient servi à semer des consonnes et des voyelles dans son tiroir de la mémoire.

J’aimais voir que son stockage s’étirait et que je n’étais pas stupide de penser que lorsqu’il faisait des dents le soir, de choisir de lui changer les idées avec Rouge thildou, Bleu linous, Vert Zabou et Jaune cagou était une bonne idée. Sa relation avec les mots avait débuté il y a plusieurs années et pourtant, elle changeait au fur et à mesure en évoluant au même rythme que ses petits pieds allongent, que ses jambes poussent, que sa voix mûrit, que l’eau dans la cave de son pyjama apparaît, que ses mains semblent toujours être plus grandes lorsqu’elles sont à côté d’une page couverture et j’avoue que comme mère je me demande s’il y a un jour où je cesserai de m’émerveiller devant ces petits et grands exploits…
P.S. Un petit merci aux mots de me faire vivre tant d’émotions…