Des articles de blogues sur le sujet, il y en a des centaines dans plusieurs langues. J'ai pas envie de vous casser la tête avec ça et de vous mélanger plus que vous avez besoin de l'être. Parce que des informations, il y en a plein, et ils sont souvent contradictoires.
Aujourd'hui, j'ai tout simplement envie de me défouler. J'ai envie de savoir si je tout seul à vivre ce désespoir lié à l'heure des repas. Non seulement aux repas, mais entre ces derniers aussi. J'ai 3 garçons chez moi. Trois goinfres. Ils semblent toujours avoir faim. Toujours. La porte du frigo est probablement ouverte 8 heures sur les 12 qu'ils sont éveillés.
J'ai évidemment stocké le plus de fruits, légumes et autre nourriture santé. Ça reste que ce n'est habituellement pas ce qu'ils priorisent. Ils vont chercher les cochonneries avant. En fait, la journée de l'épicerie, si j'ai le malheur de faire les achats le matin et qu'ils voient tout ce qu'il y a, il reste probablement presque rien à la fin de la journée.
Tant mieux, ils mangent beaucoup! Ils vont grandir
C'est vrai que s'ils mangent bien, ils vont avoir une croissance saine. C'est juste que je désespère, ils ont respectivement 9, 5 et 2 ans. Imagine à l'adolescence! Je vais être honnête, ce n'est même pas ce qui me dérange… Ce qui me dérange, c'est le combat de l'heure des repas.
Les gars, on mange !
C'est l'heure du souper. Ça fait deux heures que je cuisine un saltimbocca, avec épinards. Vous savez, quelque chose de fancy parce-que je veux impressionner mon épouse. J'ai chaud. Je suis fier. J'appelle mes descendants :
Hey les boys, c'est l'heure du souper!
Les gars crient de joie, même s'il y a à peine 45 minutes ils avaient avalé une collation composée de noix et de petits fruits. C'est comme s'ils n'avaient pas mangé depuis des heures. Ils s’assoient à la table avec le sourire. Je dépose leurs assiettes, et mon épouse rayonne! Je suis heureux.
Enfant 1: YARK! C'est quoi ça papa?
Enfant 2: Ouin... J'aime pas ça
Enfant 3 (poussant l'assiette): Nnnnnnnnnon!
Toute la fierté que j'avais d'avoir passé tout ce temps à leur faire quelque chose de savoureux a disparu en 0.5 secondes. Passant d'un extrême à l'autre, j'ai seulement pu m'entendre réfléchir à ce que ma mère me disait quand ça arrivait:
Sais-tu combien vous êtes chanceux? Il y a des enfants qui doivent marcher des kilomètres pour avoir un verre d'eau. Vous avez un saltimbocca tout cuit dans le bec!
Évidemment, je n'ai pas dit ça. C'est une réalité qui ne semble pas les toucher. Oui. Je leur ai déjà dit...
J'ai tenté de leur expliquer que Saltimbocca voulait dire « Qui saute dans la bouche » parce-que c'est vraiment bon. Ils s'en sacrent. C'est pas ce qu'ils veulent. Finalement, à force d'expliquer le travail que j'ai fait et la peine que j'ai de voir leurs déception, le plus vieux décide de goûter. Il aime ça! Les autres suivent et goûtent. La joie revient.
Papa, c'est froid!
Je le sais!!! Je viens de passer 20 minutes à te convaincre de manger! C'est sûr que c'est pas chaud... La frustration revient un peu. On chauffe le tout au micro-ondes. On mange.
C'est quoi le dessert?
Vraiment!? Tu as 2 ans. Tu viens de manger la même portion que moi. Je suis au-dessus de 185 lbs. Je suis bourré. Comment est-ce possible? Tu as encore de la place? Je m'en sors avec un dessert de fraises et bleuets.
La vérité, c'est que j'aurais passé 15 minutes à faire du Kraft Diner (ou moins, je suis rendu un pro, je m'assume) et les enfants auraient tout manger sans dire un mot. J'aurais eu un souper facile. Sauf que mon épouse et moi... On veut bien manger. On veut qu'eux mangent bien aussi. Quel combat, je le dis, chiant. On dirait que l'effort mis à faire un repas et sa valeur nutritive est directement proportionnelle au dédain qu'aura mes enfants. J'adorais cuisiner avant. Cuisiner est maintenant une tâche. Je ne peux pas être créatif comme je le souhaite. Je dois offrir quelque chose « kid friendly ». Déjà savoir c'est quoi « kid friendly » est un défi. Après, l'appliquer n'est pas toujours facile. Surtout qu'en art plastique je ne suis pas le meilleur, alors transformer des patates pilées en volcan et des radis en bonhomme... c'est pas mon fort.
30 minutes plus tard
Je viens de terminer de ranger la table, la vaisselle au lave-vaisselle (dieu merci pour cet appareil). Je ferme le frigo. Je laisse un soupir et un regard complice à ma blonde. Je m'ouvre une bière.
Enfant 1 : Papaaaaaaa! J'ai faim.
Enfant 2: Oui moi aussi!
Enfant 3: COLLATION!
C'est niaiseux, mais à tous les jours je me fais avoir. À tous les jours, moi et mon épouse on se dit qu'enfin c'est terminé. On a des mémoires de poisson. Ils viennent d'engloutir à eux trois l'équivalent d'un poulet et demi et d'une forêt de fraisiers, mais ils ont faim. Là, je ne sais plus où est la limite entre la gourmandise et la faim réelle. Je veux m'assurer qu'ils mangent comme il le faut. Sauf que je l'avoue, là, j'ai lâché prise.
Les gars, y'a des barres tendres plein de chocolat dans le garde-manger. Servez-vous.
Ils étaient beurrés à souhait de chocolat pour le bain. On leur a bien brosser les dents. Le temps qu'ils ont pris pour se nourrir et de se beurrer, j'ai pu boire ma bière. Maman s'est occupée du bain. Je suis épuisé. J'ai peur à l'adolescence de ces trois petits gars.
Bon je vous laisse, j'm'en vais me taper un sac de chips, ils sont couchés et je l'ai caché dans le congélateur.
