Pour sa 5e édition, Le Prix jeunesse des libraires du Québec a décidé de s’associer au site Les p’tits mots-dits afin de promouvoir les livres finalistes de chaque catégorie. Ce qui me plait surtout c’est de voir la diversité des sujets abordés, tant on a des albums qui tirent vers le documentaire, d’autres sont axés sur l’humour, mais plusieurs cachent des sujets sérieux comme la peur, l’amour, l’amitié, l’estime de soi, etc. C’est le cas aujourd’hui, voici La petite truie, le vélo et la lune, une fable magnifiquement écrite par Pierrette Dubé et illustrée par Orbie.
Rosie est une petite truie qui a tout pour être heureuse. Elle mène une vie parfaite jusqu’au jour où elle voit passer sous ses yeux, un magnifique vélo rouge. Qu’il est beau! Rosie eut tout de suite envie d’apprendre et prit soin de bien observer la technique du petit garçon avant de se lancer. Elle réalisera que c’est beaucoup plus difficile qu’elle s’était imaginé et cumulera les échecs sans jamais se décourager.
*Est-ce que la question c’est : est-ce qu’une petite truie peut faire du vélo? OU pourquoi une petite truie ne pourrait-elle pas faire du vélo?
L’estime de soi
L’estime de soi est un sujet dont on ne parlera jamais assez, car il touche tout le monde et c’est normal. Nous ne sommes pas des machines, l’humain est constamment en remise en question à se demander s’il peut aller plus loin, s’il est sur le bon chemin, s’il prend les bonnes décisions, ce que l’on pense de lui, etc.

Le personnage de Rosie démontre énormément de courage et de force intérieure. Jamais elle n’a douté de ses capacités à réussir, car elle concentrait toutes ses énergies sur son objectif : apprendre à faire du vélo. On dira d’elle qu’elle est naïve, moi j’y vois plutôt ce goût pour l’aventure, les défis. Les moqueries des autres animaux de la ferme n’ont pas su l’arrêter même si parfois ses échecs étaient bien humiliants. La petite truie, le vélo et la lune n’est peut-être, pour certains, qu’un album destiné aux enfants de 5 ans et plus, mais l’adulte en a bien à apprendre. En effet, la phrase clé qui en ressort c’est « Think outside the box » (en anglais, vous m’excuserez), voir au-delà des apparences, des limites, qu’est-ce qu’on peut faire pour se démarquer, se surpasser, faire différemment, sortir du fameux moule. De quoi a-t-on peur, qui nous freine à le faire?
À la maison, on est ancré dans une routine métro-boulot-dodo qui s’enchaine comme une séquence infinie. On fait les choses d’une telle manière parce que c’est la façon dont tout le monde procède, mais qu’arriverait-il si on choisissait de briser notre routine pour procéder autrement? Soyez le changement que vous voulez voir, provoquez-le. Rosie l’a bien compris : qu’on lui dise que les cochons ne peuvent pas rouler en bicyclette, c’est comme parler dans l’oreille d’un sourd. Elle a su bien s’entourer de ceux qui croyaient en elle, qu’importe ses objectifs. Pas de place et surtout pas de temps à perdre avec le jugement des autres. C’est beau non?
Je crois qu’on a beaucoup à apprendre des enfants en matière d’estime de soi et de confiance parce qu’ils n’ont pas subi le brain wash (lavage de cerveau) des conneries trop sérieuses et coincées des adultes. Ils ont l’esprit plus ouvert, ne voient pas les barrières qu’on a l’habitude de s’imposer de tous bords tous côtés. L’imaginaire est un terrain de jeux infini où toutes les possibilités sont disponibles. Il faut arrêter de dire que c’est impossible, et ça, ça demande un énorme travail de réflexion et de confiance.
P.-S. Les éditions Les 400 coups fêtent leurs 20 ans cette année (!!!), leur collection Carré Blanc regorge d’albums aussi forts que celui-ci que vous pouvez retrouver dans toutes bonnes librairies près de chez vous.
La petite truie, le vélo et la lune
Pierrette Dubé & Orbie
Éditions : Les 400 coups, 2014
ISBN : 9782895406419
5 ans et plus.
Ce texte a été publié sur le blogue Les p’tits mots-dits et est reproduit avec l’autorisation de son auteure.