Mais je sais que le jeu de société est, chez nous, une alternative possible. Le jeu Zombie Kidz Évolution fut une révélation pour nous à cet égard.
Fortnite et mon fils
Avec le jeu « Fortnite », j’ai exploré pour la première fois mes limites de parents. Premiers échecs sur le contrôle du temps d'écran, premiers accès de dépendance nocturne, où mon fils se levait en catimini aux petites heures du matin pour jouer, premières crises d’une adolescence en installation avec drames et larmes impossibles. C’est grâce à ce jeu que j’ai aussi eu mes premières communications « sérieuses » avec le corps enseignant: « votre fils a un problème de dépendance au jeu ». Ouch!
Ce jeu a été inventé par des experts de la dopamine qui ont tout fait pour me confronter au quotidien. Un jeu qui nous a révélé le côté « sombre » de mon fils et qui nous a forcé à aller chercher de l’aide. J’ai toujours le documentaire « Bye » d’Alexandre Taillefer en arrière pensée.
Et je ne suis pas seule dans ma confrérie : mes amis en sont rendus à fermer l’accès wi-fi dès 21h00 à leur progéniture, à endurer des discussions infinies sur les bienfaits du jeu avec leurs adolescents accros, bref à résoudre conflits sur conflits avec leurs « junkies » adorés. Nous avons tous nos propres histoires avec ce jeu.
Ce démon ludique a décuplé ma culpabilité de mère indigne : je ne l’ai pas assez poussé vers les sports et les arts. J’ai été sans doute trop absente. J’ai manqué de discipline, j’ai été faible.
Pourtant, avec le temps, nous avons fini par trouver un équilibre avec fiston. C’est possible, mais c’est un dur passage. De nos consultations, nous avons appris qu’il ne s’agissait pas d’en bloquer complètement l’accès, mais de lui apprendre l’auto-contrôle. Nous avons mis le doigt sur ses besoins et ses difficultés. Nous avons compris que son besoin de dopamine venait de plus loin que ce simple jeu. Comme toute chose, le démon est d’abord intérieur : trois déménagements en 5 ans et de nombreuses craintes face à la nouveauté pour un fils qui a besoin de routine.
Ma culpabilité de mère ne s’est pas complètement envolée. J’ai toujours cette impression d’y être pour quelque chose. Mais fiston va mieux, ses notes scolaires aussi.
Jouer ou ne pas jouer durant la relâche
La relâche arrivait et j’étais angoissée. Avec la relâche, je fais toujours face à un éternel débat : laisser mes enfants ne rien faire et se reposer réellement (et pour mon fils, cela équivaut à jouer aux jeux vidéos) ou les occuper à des activités (skis, patins, randonnées, cinéma, peinture sur céramique, séances de trampolines, etc).
Finalement, j’ai choisi la deuxième option. Mais le démon est vite venu nous hanter. Mon fils a compris qu’il pouvait s’adonner sans restriction à son jeu en période « sécuritaire » pour sa réussite : les vacances et la relâche. Or, avec toutes ces activités, mon fils a rapidement décodé qu’il n’aurait pas la récompense tant attendue. Il s’est angoissé à la simple idée de ne pas pouvoir vraiment jouer de la semaine. Des funérailles au détour ont brisé toute lueur d’espoir. Pour lui, la semaine était déjà trop courte. Evidemment, le retour à l’école est toujours un peu angoissant pour mon fiston, ce qui rajoutait à son anxiété relative.
Puis est arrivé le jeu Zombie Kidz Évolution dans notre vie. Un jeu qui reprend les codes du jeu vidéo : des parties courtes, des échecs et des réussites éclairs, un désir de « compléter » tous les tableaux et surtout l’envie de recommencer encore et encore. Mais, contrairement à « Fortnite » je joue avec lui, j’admire son intelligence, je me laisse guider par ses choix stratégiques. Il y a certes une substitution ici, mais pour la mère que je suis, c’est moins culpabilisant. Au moins, nous sommes ensemble, même s’il demeure intense.
Zombie Kidz Évolution est un jeu où vous devez éliminer les zombies qui envahissent l’école de quartier et fermer les portails par lesquels ils « entrent » dans l’école. À chaque tour, vous jouez d’abord l’entrée des zombies et ensuite la réplique d’un des quatre gamins qui défendent l’école avec créativité et complicité. Parmi les perles du jeu, le fait de devoir taper la main de son partenaire au moment de fermer les portails. C’est super efficace comme mécanisme.
Mon fils a adoré. Le temps d’aligner les 5 heures de jeux pour libérer toutes les évolutions du jeu, il n’a plus pensé à Fortnite. Bien sûr, mon fils demeurera sensible à la fuite dans tous les « Fortnite » de ce monde. Mais il est possible de l’accrocher à autre chose. Et, le soir venu, plutôt que de lui crier « c’est fini l’ordi », je peux maintenant lui dire « j’ai envie de Zombie Kidz ». C’est magique !
Enfin, parce que l’histoire finit bien, mon fils a découvert le patin… qu’il n’avait jamais vraiment pratiqué. C’est aussi devenu un nouveau plaisir qu’il me réclame désormais quotidiennement.
Comme quoi, rien n’est jamais complètement perdu. Et mon fils a approuvé ce texte, conscient du caractère relativement universel de son histoire. Merci à lui.
Zombie Kidz Evolution, Un jeu d’Anick Lobet, Illustré par Nicolas Francescon, Édité par Scorpion masqué, Distribué par Ilôt 307
À partir de 7 ans - Chaque partie dure entre 10 et 15 minutes