Si on cherche la définition du mot « heureux » dans Le Petit Larousse, on y trouve ceci : « Qui jouit du bonheur, qui est durablement content de son sort. »
Marie-Pierre Chalifoux, psychologue pour enfants, accroche au mot « durablement ». Les enfants, comme nous, passent tous à travers des moments plus difficiles. Une absence de souffrance, de stress, d’inquiétude, c’est possible. Mais de façon durable? « C’est plutôt la capacité à s’adapter aux situations difficiles et à voir le positif qui va faire une différence dans le bonheur, qui va faire en sorte qu’on va avoir un enfant plus heureux », dit-elle.
À partir de ce constat, on peut, en tant que parents, outiller nos enfants afin qu’ils traversent de façon plus sereine les aléas de la vie, et donc, qu’ils soient plus heureux.
Un sentiment d’attachement sécure
Selon la théorie de l’attachement, concept développé dans les années 1960, un enfant qui, dès la naissance, va avoir des parents présents, qui répondent adéquatement à ses besoins affectifs, développera un attachement sécuritaire qui va lui permettre d’affronter les hauts et les bas de la vie. Marie-Pierre Chalifoux insiste sur le fait que cet attachement doit être de qualité.
La psychologue donne en exemple une situation classique qu’ont vécu bien des parents : un enfant de deux ans lance un « je ne t’aime plus! » bien senti à sa maman. « Si la mère répond ‘ben c’est ça, tu iras vivre avec ton père d’abord’, est-ce que ce genre de réaction va favoriser un attachement sécuritaire de l’enfant à son parent? Pas vraiment. »
Dans cette situation – comme dans bien d’autres – le travail du parent consiste à comprendre les motivations qui poussent son enfant à s’opposer, à le rejeter. En déterminant la source de la frustration, il devient plus facile de régler le conflit de façon adéquate.
Être disponible
La disponibilité des parents joue aussi un rôle sur la sécurité affective des enfants. Encore là, la qualité doit être au rendez-vous. « Une mère peut être à temps plein avec son enfant de 0 à 5 ans, mais si elle passe ses journées sur son téléphone et qu’elle ne s’intéresse pas réellement à la présence de son enfant, celui-ci ne sera pas plus sécure », mentionne la psychologue.
En consultation, Madame Chalifoux donne souvent le même devoir aux parents : passer 15 minutes par semaine avec son enfant. Tout seul. En tête-à-tête, sans aucune source de dérangement possible. Pendant ces 15 minutes, c’est l’enfant qui est maître, qui décide des jeux, etc. « Juste ça, juste ces 15 petites minutes-là, peuvent avoir un grand impact dans la vie d’un enfant », affirme-t-elle.
Être sensible à la réalité de l’enfant
Dans notre société de performance, les choses vont vite et on a tendance à en demander beaucoup aux enfants. L’école, les activités parascolaires, les devoirs, les cours la fin de semaine, les soupers avec des amis qu’on étire au-delà de 22 heures… Il est bon de se rappeler que les enfants ont besoin de repos. On ne parle pas juste des heures de sommeil, mais aussi du rythme de vie. « Des enfants qui ont 4 ou 5 cours par semaine, c’est trop!, affirme Marie-Pierre Chalifoux. Un enfant doit être capable de jouer tout seul, sans pression, sans stress de performance. »
C’est l’heure du souper, vous mettrez la table et criez à votre enfant, qui est en train de jouer dans sa chambre, « viens souper! » À votre grand désespoir, votre progéniture se fait attendre. Plutôt que de le chicaner parce qu’il ne répond pas dans la minute à votre appel, essayer plutôt de comprendre sa réalité. « L’enfant ne comprend pas pourquoi il faut aller souper tout de suite, il est dans son jeu », explique Marie-Pierre Chalifoux. Dorénavant, allez le voir 5 minutes avant de mettre le souper sur la table pour le prévenir. Comprenez qu’il n’a pas à ressentir le stress de la routine quotidienne.
Développer un sentiment d’attachement sécure chez l’enfant en étant disponible et sensible à ses besoins serait donc la clé pour élever un enfant heureux.