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Famille

Permettre l’échec à nos enfants

Éliminer tous les risques. Se débarrasser des embûches. Ne faire vivre que des succès à notre enfant. Est-ce possible? Mais surtout, est-ce sain?

Certains parents tentent d’éloigner le plus possible les échecs de la vie de leur enfant. Jessica Lahey, enseignante, auteure et mère qui se qualifiait « surprotectrice », a raconté son histoire à travers son livre The Gift of Failure. Accompagner continuellement notre progéniture et lui éviter tout obstacle ne fait que la priver des ressources indispensables que sont les leçons de vie, mentionne l’auteure.

Symbiose et fausse impression

D’abord, Jessica Lahey explique que ce mode de parentalité, qualifié de moderne, est dirigé par la peur. « Microbes résistants aux antibiotiques, camarades intimidateurs, professeurs injustes, pédophiles cachés », les menaces sont multiples. Ce type de parent sera aussi conduit par le désir de se sentir compétent et impliqué. « J’ai prolongé la dépendance de mon enfant afin de me sentir bien dans mon rôle de mère », confie-t-elle. « Chaque fois que je fais le lunch de mon enfant à sa place ou que je vais à l’école lui porter son devoir oublié, je suis gratifiée par la preuve concrète de mes consciencieux soins maternels. » Ce comportement se définit comme étant de l’enchevêtrement en psychiatrie, c’est-à-dire un état mésadapté de symbiose entre parents et enfants.

Il s’agit d’une attitude envers l’enfant mais récompensant indirectement le besoin parental de se sentir utile et d’être, dans ce cas-ci, une « bonne mère ». Cette sorte de parentalité moderne peut aussi dégénérer en une certaine compétition entre parents.

« Plus nos enfants réussissent, que ce soit en tant qu’étudiants, athlètes ou musiciens, plus on juge qu’on a réussi en tant que parent. » – Jessica Lahey, The Gift of Failure, The Guardian

Ledit enchevêtrement n’est pas sans répercussion chez l’adolescent. En effet, cela crée, selon l’enseignante, des enfants de type « failure-to-lauch ». Ce terme est attribué aux jeunes adultes éprouvant des difficultés lors du passage de l’adolescence à la vie de « grande personne » puisqu’ils n’ont ni développé les aptitudes, ni les outils nécessaires pour accomplir cette transition. La surprotection empêche ces jeunes individus de vivre des expériences déstabilisantes et donc, d’apprendre à jongler avec les responsabilités, les risques et la liberté conférés par l’âge adulte.

« Maintenant que les parents protègent leur enfant à chaque moment de leur vie, nous aboutissons avec des étudiants dépourvus d’échec qui arrivent dans la vingtaine, anxieux sans être capables de fonctionner dans un monde parfois froid, cruel et indifférent », a déclaré Jessica Lahey dans le New York Times en 2015.

Parentalité pro-autonomie

Une alternative au « parent-anti-échec » est suggérée par l’auteur de The Gift of Failure : un « parent-pro-autonomie ». Cette attitude prône l’indépendance et la confiance basée sur soi-même plutôt que sur notre tuteur. Il s’agit d’une approche parentale à long terme, explique Jessica Lahey. Miser sur ce qui est bien pour l’avenir de notre enfant contrairement à que ce qui semble bien momentanément. Ayant adopté cette nouvelle vision elle-même, l’écrivaine croit fermement en ses bienfaits.

Le New York Times dépeint le phénomène du « parent-anti-échec » en comparant la situation à des cours de conduite automobile : « La voiture a des contrôles des deux côtés et le parent, assis côté passager, prend d’emblée le volant plutôt que de laisser son enfant apprendre. » Il faut redonner le contrôle du véhicule à son adolescent, selon la philosophie de l’écrivaine. On doit stimuler un environnement où les initiatives sont de mises et les erreurs tolérées avec résilience.

Bien que le cœur des parents se serre à la vue de potentiels risques, les échecs ont de bons côtés. Les enfants en grandissent et en retirent plusieurs apprentissages. Peut-être est-il temps de baisser la garde et de laisser passer l’échec de temps à autre…

Par Noémie Laplante 

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