Nos mères se vantaient souvent que leurs bébés étaient propres à un an! Si c’est théoriquement possible - après tout, elles l’ont fait -, ce n’est pas souhaitable de forcer un enfant à devenir propre avant son temps. Il y a des étapes et des règles générales à respecter - sans pour autant qu’elles soient des garanties de succès puisqu’il y a toujours des exceptions à la règle - pour mettre toutes les chances de votre côté.
Quel âge?
Il n’existe pas de réponse concrète à une telle question parce qu’une foule de variables doivent être prises en considération. D’abord, ce n’est qu’au cours de sa deuxième année que l’enfant acquiert la maturité physique et psychologique de commander ses sphincters, soit entre 16 et 24 mois en moyenne. Mais c’est souvent entre l’âge de deux et quatre ans que les tout-petits vont vraiment s’engager dans ce processus qui prend entre trois et six mois.
Le contrôle de la vessie ne coïncide pas toujours avec celui des intestins, et même si l’enfant peut être propre la nuit en même temps que le jour, il peut aussi faire pipi au lit pendant plusieurs mois et même plusieurs années. Lorsqu'un des parents a lui-même souffert d'énurésie, l'enfant est énurétique dans 44 % des cas. Le risque grimpe à 77 % lorsque les deux parents ont eu le même problème.
Même si la situation vous incommode, il ne faut pas vous inquiéter avant que l’enfant atteigne ses quatre ans. À cet âge, un médecin pourra vous dire si un problème ou une maladie comme le diabète empêchent l’enfant d’être propre.
Comment savoir que c’est le temps?
La réceptivité à devenir propre ne devrait pas être dictée par l’âge de l’enfant. Ce n’est pas à vous seul de décider que c’est le temps d’être propre! Votre enfant doit avoir franchi certaines étapes de développement avant d’être prêt à passer cette phase importante. On doit tenir compte de ses capacités motrices, langagières et sociales, de même que du comportement et de la relation de l’enfant avec ses parents.
Votre enfant est probablement prêt s’il…
- peut rester sec dans sa couche plusieurs heures d’affilée;
- peut vous faire savoir quand il a besoin d’utiliser le petit pot;
- peut suivre une ou deux directives simples;
- peut marcher jusqu’au petit pot (ou au siège adapté);
- est stable et équilibré une fois assis sur le petit pot;
- veut vous faire plaisir;
- veut être indépendant.
Assurez-vous de disposer du temps et de la patience nécessaires pour aider votre enfant chaque jour et de pouvoir lui accorder toute l’attention voulue
L’apprentissage de la propreté ne se fait pas en un rien de temps et dépend beaucoup du sentiment de confiance de l’enfant.
Comment faire?
Il est recommandé d’utiliser le petit pot plutôt que la grande toilette pendant les premières étapes, parce que l’enfant s’y sent plus en sécurité et plus stable. Le petit pot permet également à l’enfant d’adopter la meilleure posture, ce qui aide à son sentiment de sécurité et le met en confiance.
- Si une toilette ordinaire est utilisée, munissez-vous d’un siège adapté et d’un tabouret large et stable pour ses pieds.
- Assurez-vous que le pot et l’endroit choisi sont facilement accessibles.
- Ne soyez pas pudique et laissez l’enfant vous regarder faire quand vous allez à la toilette puisqu’il apprend beaucoup par imitation.
- Encouragez l’enfant à s’asseoir tout habillé sur le petit pot. Ensuite, il peut s’asseoir sur le pot une fois la couche mouillée enlevée. Il peut être utile de placer la couche souillée dans le pot pour lui montrer clairement la fonction du pot.
- Conduisez-le au petit pot plusieurs fois par jour et invitez-le à s’y asseoir quelques minutes, sans couche.
- Faites-le asseoir sur le petit pot à des heures établies pendant la journée, comme au réveil, après les repas ou les collations et avant les siestes et le coucher afin d’établir une routine. Grâce à cette méthode, l’enfant peut apprendre à contrôler sa vessie et ses intestins en quelques semaines surtout si vous respectez son rythme personnel d’élimination.
- Apprenez à reconnaître les signes qu’il est sur le point d’uriner ou de déféquer. Vous pourrez ainsi le guider jusqu’au pot avant qu’il ne s’échappe dans sa couche.
- Encouragez l’enfant à vous avertir lorsqu’il a besoin de se soulager. Félicitez-le même s’il vous avertit trop tard.
- Ne vous attendez pas à des résultats immédiats et préparez-vous aux accidents en restant calme et en évitant les menaces, les punitions et, bien sûr, les cris.
- Prenez toutes les occasions de le féliciter puisque le renforcement positif demeure la technique la plus efficace.
- Ne chicanez pas l’enfant qui vit des échecs et surtout ne l’humiliez pas en le traitant de bébé lala… Il risque de régresser encore plus dans son cheminement.
- Avisez le service de garde ou toutes autres personnes qui s’occupent de l’enfant de la démarche pour que tous soient au diapason.
- Après une semaine de succès répétés, vous pouvez passer aux culottes d’entraînement de style Pull-Ups/Easy Up en soulignant l’événement de façon spéciale.
- L’enfant qui vit une série d’accidents devrait pouvoir recommencer à porter une couche s’il est tout petit ou une culotte de propreté s’il est plus vieux, sans honte et sans punitions. On recommencera l’expérience dans quelques semaines ou dans quelques mois quand l’enfant sera mieux disposé.
- Rappelez à l'enfant de ne pas boire dans les deux à trois heures précédant le coucher.
- Rappelez-lui chaque soir de bien se vider la vessie avant d'aller au lit.
- Expliquez-lui l'importance de se lever durant la nuit dès qu'il ressent le besoin d'uriner.
Que faire s’il refuse?
Les causes physiques d’échec dans l’apprentissage de la propreté sont peu fréquentes. L’explication la plus plausible, c’est que l’enfant n’est pas prêt. Dans ce cas, les tentatives des parents pour le rendre propre seront futiles.
La pire position à adopter est celle de se lancer dans la « guerre » à la propreté. Non seulement l’enfant ne réagira pas bien à cette attitude, mais en plus d’autres problèmes de comportements peuvent venir s’ajouter à celui de la propreté. Si en plus, l’enfant est bien ancré dans sa « phase du non », vous ne réussirez qu’à vous braquer l’un contre l’autre et créer une atmosphère de défi de laquelle personne ne sort gagnant. Sans compter que l’estime de l’enfant en prend pour son rhume si on se montre déçu de lui à répétition.
- Si le premier essai d’apprentissage de la propreté ne fonctionne pas, c’est généralement parce que votre enfant n’est pas prêt.
- Certains enfants ont de la difficulté à arrêter de jouer pour venir sur le pot. Contournez ce problème en lui permettant de jouer ou de regarder un livre pendant qu’il est assis sur le pot.
- Certains enfants hésitent à déféquer dans le petit pot ou dans la toilette s’ils n’ont pas un bon soutien pour les pieds. Il est donc recommandé de s’assurer que l’enfant soit confortable.
- Votre enfant a peut-être peur des toilettes d'adulte. Il arrive en effet qu’ils craignent d'y tomber, et cette angoisse est renforcée par le bruit du bouillonnement d'eau provoqué par la chasse et l'aspiration de tout ce qui s'y trouve. La « disparition » des excréments dans les toilettes serait parfois un traumatisme psychique important pour l'enfant devant « se séparer d'une partie de lui-même ». L'apprentissage peut donc être facilité avec l'achat d'un pot adapté à sa taille.
- Si un enfant refuse la propreté, il est préférable d’interrompre le processus pendant un à trois mois. Après avoir un peu oublié l’échec de la première tentative, la plupart des enfants sont ensuite prêts à entreprendre l’apprentissage de la propreté.
La constipation peut compliquer la réceptivité de l’enfant à l’apprentissage de la propreté. L’enfant peut associer les selles avec la douleur et tenter d’éviter l’expérience le plus possible. Des modifications à l’alimentation représentent la première étape pour atténuer le problème, et le recours à des laxatifs ou à des émollients fécaux peut également être envisagé par un médecin.
Il est essentiel de lui permettre d’aller à la selle dans une couche afin de prévenir la constipation et, par conséquent, les maux de ventre qui en découlent et qui à la longue vont retarder l’apprentissage de la propreté.
Votre enfant peut avoir un retard affectif ou « refuser de grandir ». En réalisant que cette étape de propreté le projette dans le monde des grands, l’enfant peut se sentir anxieux et « décider » de rester petit…Tout changement et stress importants peut empêcher l’enfant de devenir propre : naissance d'un autre enfant, déménagement, difficultés familiales, divorce des parents, changement de garderie, etc.
Motivation pour les enfants plus vieux
Quand l’enfant vieillit et qu’il mouille toujours son lit ou utilise encore des culottes Pull Up/Easy Up, le recours à la motivation basée sur la récompense pourrait être efficace. Sur un calendrier, le parent ou l'enfant appose un collant ou dessine un symbole pour chaque nuit sèche. Lorsqu'il a complété un tableau, vous lui offrez une petite récompense en le félicitant de ses efforts et de ses progrès.
Nous vous suggérons aussi d'imprimer ce tableau de motivation.
Dispositif d'alarme adapté
Ce type d'alarme réagit à quelques gouttes d'urine en réveillant l'enfant dès qu'il commence à mouiller son lit. Il fonctionne au moyen de piles miniatures et est inséré dans un tampon spécial, qui se porte sur le corps. Selon le Comité de la pédiatrie communautaire de la Société canadienne de pédiatrie, cette approche devrait représenter le traitement de première ligne en cas d'énurésie primaire. Opter pour ce dispositif demande de la motivation de la part de l'enfant et des parents. Du moins le temps que l'enfant s'habitue et se réveille par lui-même au son de l'alarme.
Facile d'utilisation, les dispositifs d'alarme ont un taux de succès de 70 % à long terme et s'utilisent durant trois ou quatre mois. Cela peut prendre d'un à deux mois avant que le contrôle de la vessie ne s'améliore. Ce traitement fonctionne mieux avec les enfants âgés d'au moins sept ou huit ans.
70 % des enfants qui souffrent d’énurésie sont des garçons.
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Sources : Société canadienne de pédiatrie, Réseau Proteus, Hôpital Sainte-Justine