Lors d’une conférence, une maman me confiait qu’elle trouvait difficile de vivre avec la notion que son enfant puisse percevoir ses émotions et que cela ait un effet sur lui. Elle donnait l’exemple d’une fête qu’elle avait organisée et pendant laquelle son enfant a beaucoup pleuré… Alors qu’elle se questionnait sur la raison de ses pleurs, certaines personnes lui ont dit que cela devait être dû au fait qu’elle était stressée!
Le sentiment de culpabilité
Cette confidence m’a inspiré le sujet de ce texte qui rejoint une préoccupation de bien des mères! Le problème avec ce type d’explications et de diagnostics, c’est qu’ils ont souvent pour effet d’éveiller en soi un sentiment de faute, et ce malgré les bonnes intentions de notre entourage! Trop souvent, ces pronostics n’ont pas de fondement et manquent de nuances. En premier lieu, il faut faire la différence entre une situation qui se produit rarement et celle qui revient fréquemment. Sans oublier le fait que chaque bébé a un tempérament unique qui influence sa façon de réagir à son environnement. Dans l’exemple donné, il s’agit bien d’une situation particulière pour laquelle nous ne pouvons tirer de conclusion. Si le bébé devait réagir ainsi chaque fois que sa mère ressent un stress, alors là nous pourrions dire qu’il y a un lien, mais autrement ce n’est que de la spéculation! Donc restons vigilantes concernant les diagnostics de notre entourage et, avant de les assimiler comme une vérité, faisons notre propre réflexion!
La sensibilité et les émotions
Ceci étant dit, il est vrai que notre enfant ressent notre énergie et que selon son degré de sensibilité cela pourrait influencer son propre état. Cette information n’a pas pour but de nous culpabiliser, mais bien de nous conscientiser. La réalité est que dans la vie nous ressentons des émotions dont nous ne sommes pas toujours conscientes sur le moment et qui parfois nous amènent à réagir intensément! Faisons attention toutefois à cette tendance que nous avons à toujours considérer que nous aurions dû faire mieux ou que notre enfant ne devrait pas être témoin de nos émotions douloureuses. Croyons-nous vraiment qu’il soit possible d’élever un enfant sans ressentir par moment de la tristesse, de l’impuissance, de la colère, de la déception, de la peur ou du découragement? Et si oser dire ce que nous ressentons à notre enfant contribuait au contraire à la qualité de notre relation?
Souvent nos émotions sont éveillées par des situations banales et par notre interprétation de ces mêmes situations. Arriver à observer notre petite voix intérieure qui juge la situation, nous permet une meilleure compréhension et peut mener à un changement progressif de nos réactions. Prenons pour exemple les pleurs de notre bébé. Si chaque fois que notre bébé pleure nous craignons qu’il se sente abandonné alors nous ressentirons de l’anxiété et nous réagirons promptement. Dans cette situation, il est souhaitable de se demander ce que représente l’abandon pour soi. Quel que soit l’élément déclencheur de notre émotion, elle nous appartient et c’est à nous à l’apaiser. Aucun blâme nécessaire, juste une plus grande conscience!
Trouver son bonheur au quotidien
Il est vrai que nous vivons dans une société qui prône la performance, la compétence, la force de caractère et les grandes réalisations! Or, ces valeurs ne correspondent pas à la vie de parents; valoriser les connaissances, le savoir-faire et l’extraordinaire nuit à notre bonheur. Être parent nous ramène à soi, à être à l’écoute de notre intuition, à notre vulnérabilité et à notre jugement. Être parent se vit au quotidien avec son lot de tâches répétitives et de responsabilités. Le défi est justement de trouver le bonheur à travers notre quotidien, à être dans le moment présent et de réaliser que la parentalité n’est pas un projet comme les autres, ne serait-ce que parce qu’il n’a pas de fin!
Développer notre conscience, oser se remettre en question et avoir l’humilité de reconnaître que nous ne savons pas tout est essentiel comme parent, mais comme dans toute chose, il faut trouver un équilibre! Oui, nous jouons un rôle très important dans sa vie, mais son épanouissement ne dépend pas que de nous. Cessons de croire que nous pourrions causer un tort irréparable à notre enfant! Tant que nous sommes dans l’amour, l’écoute et le respect envers notre enfant, nous sommes de bons parents. Et rassurons-nous en nous disant que si notre enfant devait rencontrer des difficultés, nous serions là pour l’accompagner, le soutenir et l’aimer! Être un parent aimant et conscient est plus que suffisant!