Au mois de juin dernier, j’ai eu la chance de suivre la formation de l’institut Co-Naître (Institut Prévention Santé en Néonatalogie) avec Ingrid Bayot. Lors de cette formation de cinq jours, j’ai beaucoup appris au sujet de l’adaptation néonatale, des rythmes du nouveau-né, de la physiologie intégrée de l’allaitement maternel, sur la physiologie et les difficultés de la mère allaitante et du bébé allaité...
Un des sujets qui m’a semblé être évident après-coup, mais pas tout à fait bien saisi par notre culture nord-américaine, est celui de savoir à quelle fréquence mettre bébé au sein. Notre nouvelle culture médicale (depuis seulement une décennie) qui favorise l’allaitement nous indique d’allaiter à la demande.
Que veut dire allaiter à la demande?
Plusieurs regroupements en allaitement nous incitent à mettre bébé au sein aussi souvent qu’il le demande. Si nous suivons cette indication, il y a un risque que nous mettions bébé au sein chaque fois qu’il pleure. Selon le Dr Aletha Solter, auteur du livre Mon bébé comprend tout, si nous installons bébé au sein chaque fois qu’il pleure, et qu’à ce moment précis, il n’exprime pas le besoin d’être nourri, il risque de développer un besoin « oral » chaque fois qu’il vit une émotion.
Lors de ma formation à Co-Naître, j’ai appris qu’il n’est pas vraiment bon de mettre bébé au sein lorsqu’il est somnolent, agité ou en pleurs. La raison pour laquelle il n’est pas recommandé de mettre bébé au sein à ce moment-là, est qu’il n’est pas complètement compétent pendant ces états neurologiques. C’est-à-dire que le bébé réussit à être compétent au sein, à bien prendre le sein et à faire une tétée nutritive, seulement lorsqu’il est en état d’éveil, calme et attentif.
Souvent, lorsqu’une maman met son nouveau-né au sein, il pleure déjà, et à ce moment-là, s’il réussit à bien prendre le sein, il boira une petite quantité de lait puis il s’endormira. Il se peut que la nouvelle maman se sente frustrée puisqu’elle sait que le bébé aura encore besoin d’être nourri dans moins de 2 heures étant donné qu’il n’a pas eu la chance de bien boire.
Voici ce que l’institut Co-Naître nous suggère
Il est préférable d’attendre que bébé soit dans un état neurologique où il est plus compétent pour boire, c.-à-d. en période d’éveil calme. Le nouveau-né passe par plusieurs phases neurologiques tous les jours. Pour mieux comprendre, voyons le cycle des états neurologiques du nouveau-né. Le bébé de 0 à 2 mois n’a que 2 phases de sommeil; le sommeil agité et le sommeil calme. Ensuite, il se réveille, et à ce moment-là il est en état d’éveil calme, mais somnolent. Par la suite, il se réveille « plus » et là, il est en éveil calme et attentif. C’est à ce moment qu’il faut mettre bébé au sein, lorsqu’il est éveillé et compétent! Ainsi, il réussira à bien prendre le sein et à faire une tétée nutritive. Il remplira bien son estomac et pourra durer un peu plus longtemps jusqu’à la prochaine phase d’éveil calme. Après la phase d’éveil calme et attentif, le bébé passe ensuite à la phase plus agitée et finalement à la phase d’éveil agité avec pleurs.
Cette dernière phase nous indique souvent que notre bébé est soit fatigué ou qu’il a eu suffisamment de stimulation et qu’il aimerait bien se reposer, se faire cajoler, être porté ou se faire aider pour mieux s’endormir.
Je vous suggère donc, pour celles d’entre vous qui ont l’impression que bébé est toujours au sein, d’observer attentivement les phases d’éveil et de sommeil de votre nouveau-né. Ainsi, vous aurez la possibilité de mieux comprendre ses rythmes et donc de mettre votre bébé au sein pour boire seulement lorsqu’il est éveillé, calme et attentif. Vous saurez que lorsque votre bébé s’agite ou qu’il pleure, il est déjà trop tard pour faire une tétée compétente et vous vous ajusterez de jour en jour, voire d’heure en heure.
Je vous promets que la vie avec un nouveau-né allaité deviendra plus facile, que tout sera plus simple et évident pour vous. Vous n’aurez plus à vous poser de questions et vous saurez que lorsque votre bébé pleure (suite à une tétée compétente et performante), ce n’est pas parce qu’il a besoin d’être nourri, mais bien qu’il manifeste un autre besoin.
Par Marlene Lavoie, intervenante