Allaitement

Se préparer à l’allaitement

Pendant la première grossesse, face à l’inconnu, l’idée qu’on se fait de l’allaitement est plutôt abstraite. C’est quand bébé arrive que la pression monte.

Toutes les futures mères veulent le bien de leur enfant, et on sait pertinemment que l’allaitement est la solution la plus naturelle et la meilleure pour la santé de notre bébé. Mais quand on a une mauvaise expérience, que les autres nous mettent de la pression, que nos seins crient « À l’aide! », que notre bébé perd du poids et que tout le monde semble prêt à envahir notre espace et à nous juger parce que l’allaitement ne se passe pas aussi bien que prévu, qu’est-ce qu’on fait? Est-ce qu’on doit pleurer, se rouler en boule et se juger soi-même le plus sévèrement possible? Non, absolument pas.

Voici plutôt quelques exemples de moments difficiles de votre parcours d’allaitement et quelques solutions proposées par Geneviève et Virginie de chez Nourri-Source, qui vous aideront à remettre vos premiers jours avec bébé en perspective et à dédramatiser les arguments pro-allaitement et anti-allaitements qui arrivent de tous les côtés.

Avant l’accouchement

Que vous ayez l’intention ou non d’allaiter, vous devriez prendre quelques minutes avant l’accouchement pour parler à une infirmière de votre CLSC ou à une marraine d’allaitement. Elles vous donneront des trucs, vous expliqueront la base et vous parleront des différentes positions à adopter pour allaiter un bébé le plus confortablement possible.

On ne sait jamais comment l’accouchement se déroulera (durée, complications, césarienne, etc.), si l’envie vous prendra d’allaiter alors que vous pensiez donner un biberon, ni combien de temps le personnel médical aura pour vous « former » une fois que votre bébé sera né. Mieux vaut prendre de l’avance quand vous avez l’occasion de le faire. En plus, ce premier contact vous fera connaître une marraine d’allaitement en qui vous aurez déjà confiance quand vous aurez besoin de conseils quelques semaines plus tard.
À l’hôpital : la première fois

Parfois, l’allaitement ne se passe pas bien dès les premières minutes de vie de notre enfant. La première mise au sein est un peu rapide, notre bébé est fatigué après un long accouchement, nous sommes un peu engourdies par les médicaments et on nous demande d’être très efficace quelques minutes seulement après avoir donné la vie. Votre première fois peut être une réussite, mais elle peut aussi tourner au vinaigre, surtout si on manipule vos seins sans votre consentement et si vous n’avez pas accès au calme et à la sérénité qui vous aideraient à établir un bon contact avec votre bébé.

Si vous voulez allaiter, ne vous fiez pas à cette première expérience et dites-vous que ce sera déjà plus facile dans quelques heures. C’est un moment intense pour vous, comme pour votre enfant, et vous voulez bien faire, mais donnez-vous la permission de prendre le temps. Refusez de vous faire mettre trop de pression et exprimez fermement vos besoins et vos limites. Votre bébé n’a qu’une heure de vie après tout.

À l’hôpital : le colostrum

Le fait que le premier lait maternel, le colostrum, ne ressemble à rien de ce que nous mangeons ne met pas toujours les mères en confiance. C’est un lait mielleux, qui a l’air bizarre pour une mère qui avait la ferme intention de nourrir son bébé avec de bonnes quantités de lait dès les premiers jours. Quand en plus on nous dit que bébé ne doit pas perdre de poids et que ce quelqu’un nous propose de lui donner un biberon, on peut douter de nos capacités à réussir l’allaitement.

Selon Virginie Paquin, directrice générale chez Nourri-Source Montréal, ce n’est pas une inquiétude fondée. Selon elle, plusieurs facteurs peuvent inquiéter les mères inutilement en ce qui concerne la prise de poids du bébé à la naissance : « Par exemple, si la mère a eu une perfusion pendant plusieurs heures, son bébé perdra un peu de liquide à la naissance, cette perte pourrait donner l’impression qu’il a perdu du poids alors que c’est faux. »

Malgré son allure, le colostrum est un aliment vraiment complet. D’ailleurs, l’institut national de santé publique du Québec explique, dans le guide Mieux vivre avec son enfant : « Très riche en protéines, vitamines et minéraux, il nourrit parfaitement le nouveau-né. Il lui fournit en quantité des globules blancs et des anticorps qui l’aideront à se défendre contre les infections. »

Vous pouvez donc faire confiance à votre lait, d’autant plus que l’estomac d’un nouveau-né a seulement la taille d’une bille avant la montée laiteuse. Il faudra simplement le nourrir plus souvent, ce qui vous donnera l’occasion de vous coller plus souvent!

À la maison

Une fois chez vous, la première montée de lait devrait se faire assez rapidement, généralement deux à cinq jours après l’accouchement. À partir de ce moment, d’autres problèmes peuvent survenir tels que des douleurs dues à un mauvais positionnement et des bosses sur vos seins dues à l’engorgement. Avant de vous décourager, n’hésitez pas à communiquer avec un organisme d’entraide tel que Nourri-Source. C’est gratuit, les femmes qui y sont constituent une véritable mine de renseignement puisqu’elles ont elles-mêmes allaité et eu plusieurs enfants. Comme Virginie Paquin nous a dit en riant : « On les écoute, on les conseille… on les écoute même pleurer! En connaissez-vous beaucoup des personnes-ressources qui vous écoutent pleurer au téléphone? »

Vous rencontrerez peut-être aussi d’autres doutes en chemin, des proches se demanderont pourquoi vous allaitez et quand vous pourrez enfin boire de l’alcool avec eux comme avant. Il faut se souvenir que l’allaitement exclusif, même s’il peut durer beaucoup plus longtemps, est recommandé pendant six mois, mais que rien ne vous empêche de prendre un verre de temps en temps si vous respectez certaines normes.

L’alcool pendant l’allaitement

Un autre débat qui fait rage au sein des communautés d’allaitement est celui de l’alcool. Alors que tout le monde s’entend sur le fait qu’il ne faut pas que le bébé consomme d’alcool, tout le monde n’est pas d’accord sur l’approche à avoir avec les mères. Est-il mieux qu’une mère allaite à tout prix, quitte à boire régulièrement quand même? Non. Mais une fois informée convenablement, l’allaitement n’est pas un grand sacrifice pour celle qui veut prendre un verre de vin de temps à autre.

D’abord, il faut savoir qu’extraire du lait pour « faire sortir » l’alcool ne sert à rien. L’alcool se répand dans le lait comme il se répand dans le sang, on ne peut rien faire d’autre qu’attendre d’être « assez sobre » avant d’allaiter. Geneviève Coulombe, chargée de projet de chez Nourri-Source, nous a expliqué : « Si vous êtes assez sobre pour conduire, vous êtes assez sobre pour allaiter. »

L’équipe Motherisk de l’Hospital for Sick Children in Toronto a préparé le tableau suivant pour guider les mères qui allaitent et qui boivent de l’alcool.

Demander de l’aide

Si quoi que ce soit va de travers, les mères peuvent appeler les marraines d’allaitement, une halte-allaitement à leur CLSC qui ont des services gratuits ou une conseillère en lactation certifiée. Il existe aussi des cliniques du nourrisson et plusieurs mamans organisent des rencontres à travers la province. « Il faut nous voir comme des secouristes », dit Geneviève Coulombe, « on peut donner des trucs, des conseils, on reconnaît les urgences, on envoie les mères fiévreuses depuis plus de 48 h à l’urgence et on sait quand un bébé est déshydraté et qu’il faut lui donner un peu de formule. » Selon Geneviève et Virginie de chez Nourri-Source, il faut parler quand ça va encore bien pour ne pas souffrir inutilement jusqu’à ce qu’un problème plus grave se développe.

Il est possible que vous ne soyez pas à l’aise avec l’infirmière du CLSC qui vous aidera à donner le sein à la maison, ou avec la consultante en lactation avec qui vous avez communiqué. N’hésitez pas à parler avec plusieurs personnes, à changer de marraine, à changer de consultante, à rencontrer d’autres mères qui allaitent et à vous fier à une personne de confiance qui a déjà allaité. Vous êtes devenue une mère, pas Mère Teresa; vous n’êtes pas tenue d’avoir des affinités avec tout le monde! Mieux vaut bien vous entourer et faire équipe avec votre bébé que de vivre des moments désagréables avec des personnes qui vous font sentir coupables ou qui vous empêchent d’apprécier l’allaitement.

Mon allaitement a échoué

De véritables histoires d’horreur arrivent à certaines mères qui étaient pourtant remplies de bonnes intentions avant de commencer à allaiter. Certaines d’entre elles sont épuisées, d’autres attendent trop longtemps avant de demander de l’aide et souffrent trop pour continuer, d’autres enfin sont juste mal à l’aise avec l’allaitement. Finalement, selon Virginie Paquin, environ 5 % à 10 % des mères sont confrontées à une condition spécifique et immuable qui fait en sorte qu’elles ne pourront jamais allaiter.

Beaucoup de ces mères se sentent coupables et selon Virginie Paquin et Geneviève Coulombe de chez Nourri-Source, cette culpabilité n’a pas lieu d’être, « Tu n’es pas plus censée te faire taper dessus si tu n’allaites pas que si tu allaites. Même si une mère ne réussit pas à allaiter, il faut comprendre que ce n’est jamais de sa faute ni de celle du bébé », dit Virginie Paquin.

Quand je leur ai demandé où les femmes qui n’ont pas réussi à allaiter devraient chercher du réconfort, Geneviève Coulombe s’est faite rassurante : « Des personnes de confiance, des proches, mais surtout toi-même. C’est toi-même qui dois te dire “J’ai fait tout ce que j’ai pu”. Tu dois chercher de l’aide psychologique si ça ne va vraiment pas et te souvenir que si tu as encore besoin d’aide au deuxième, on se rappelle! »

Si bébé refuse catégoriquement de boire au sein, vous n’avez pas à faire une croix sur l’allaitement. Vous pouvez recourir au tire-allaitement, c’est-à-dire le nourrir exclusivement au biberon avec du lait maternel que vous tirerez à l’aide d’un des nombreux tire-laits sur le marché.

Il est possible d’en louer un en pharmacie. C’est la meilleure façon de ne pas débourser de gros montants d’argent et d’en utiliser un de la même qualité que ceux utilisés en milieu hospitalier. Ces tire-laits sont stérilisés et tout à fait sécuritaires.

Vous pouvez aussi en acheter un. En général, les tire-laits automatiques sont plus faciles à utiliser et plus efficaces que les tire-laits manuels qui sont plutôt utiles pour de brèves périodes ou pour éviter l’engorgement ponctuel. Le prix des tire-laits électriques varie entre 120 $ et 350 $.

Pour en savoir plus, lisez notre article intitulé Expression et conservation du lait maternel et regardez notre vidéo sur l’utilisation d’un tire-lait.

Image de Anne Costisella

Anne Costisella est diplômée en communication publique à l’Université Laval et maman de deux enfants. En plus d'être une rédactrice web d'expérience,  Anne est aussi l'auteure du blogue Techno Maman


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