L'allaitement est généralement conseillé, à plus forte raison dans les pays où la mauvaise qualité de l'eau des biberons entraîne un risque accru de mortalité à cause de diarrhées. Mais lorsque la mère est séropositive, elle risque de transmettre le VIH au bébé via le lait maternel.
Selon l'Onusida, plus de 300 000 enfants sont infectés chaque année par le VIH via l'allaitement. Le risque de transmission postnatale du VIH était jusque-là estimé à un taux compris entre 10 % et 20 %, sans faire la distinction entre allaitement exclusif et allaitement mixte, soulignent des experts dans The Lancet.
Allaitement exclusif
Or, le risque s'avère nettement plus faible lors de l'allaitement exclusif, selon l'étude réalisée en Afrique du Sud dans le KwaZulu-Natal par l'équipe de Hoosen Coovadia et Nigel Rollins sur 1372 bébés nés de mère séropositive. L'explication serait que l'intégrité de la muqueuse intestinale du bébé serait mieux préservée et jouerait mieux son rôle de barrière face au VIH lorsqu'il ne consomme que du lait maternel. Par ailleurs, lorsque la mère assure un allaitement complet, elle risquerait moins que dans le cas d'un allaitement mixte de souffrir d'abcès et d'autres problèmes mammaires favorisant la transmission accrue du VIH dans le lait.
Parmi les 1132 enfants (83 % du total) nourris exclusivement au sein, 175 (19,5 %) ont été infectés par le virus du sida avant l'âge de six mois. Si l'on tient compte des infections survenues dès la grossesse ou lors de l'accouchement, le risque de contamination via l'allaitement est estimé à environ 4 % (de 2,3 % à 5,8 %).
Allaitement mixte
Le risque d'infection par le VIH était près du double en cas d'allaitement mixte et jusqu'à onze fois plus élevé en cas d'association entre lait maternel et aliments solides (bouillies avec des farines infantiles). Environ 6 % des enfants nourris exclusivement au sein sont morts (toutes causes confondues) avant l'âge de 3 mois, contre 15 % des bébés alimentés autrement.
Ces travaux et deux autres études conduites en Côte d'Ivoire et au Zimbabwe ont conduit des experts de l'Organisation mondiale de la santé à préconiser en octobre une révision des recommandations : l'allaitement exclusif est recommandé durant les six premiers mois du bébé aux mères séropositives, sauf si une alimentation de remplacement de bonne qualité sanitaire est accessible.