Le poids « normal »
Durant la petite enfance, les enfants ont un rythme de croissance très rapide. Cela dit, chaque enfant grandit à son rythme. Il peut être plus petit, plus lourd ou plus léger que d’autres enfants de son âge et c’est tout à fait normal. Généralement, sa courbe de croissance respecte un profil régulier, c’est-à-dire qu’il demeure sensiblement dans le même percentile des courbes de croissance. Mais de petites variations sont normales, et elles surviennent surtout au cours des deux premières années de vie (et ensuite à l’adolescence). Il semblerait qu’environ un enfant sur deux vit un jour ou l’autre une période d’embonpoint transitoire.
Le poids « normal » n’est pas le même pour tous les enfants. Naturellement, les petits ont tendance à manger les quantités nécessaires pour soutenir leur propre rythme de croissance et atteindre le poids qui est normal… pour eux. Le rôle des adultes qui les entourent est de leur fournir un environnement favorable à l’acquisition de saines habitudes alimentaires et de leur permettre d’écouter leurs signaux de faim et de satiété.
Un corps qui change
Au cours de ses premières années de vie, un enfant grandit et prend du poids. Souvent, pendant un an ou deux, il prend proportionnellement plus de poids qu’il ne grandit, ce qui fait apparaître des petites « rondeurs de bébé ». Son corps s’allonge et s’affine ensuite progressivement jusque vers l’âge de 4 à 6 ans. Quelques mois ou années plus tard, selon chaque enfant, il se remet à accumuler un peu de réserves adipeuses (de gras). C’est ce qu’on appelle le « rebond d’adiposité ». Il s’agit d’un phénomène normal, comme si le corps se préparait à faire face à la poussée de croissance qui l’attend à l’adolescence.
Les courbes de croissance tiennent compte du rebond d’adiposité. S’il survient précocement (avant 5 ½ ans), l’enfant présente un risque accru d’obésité ultérieur. C’est aussi le cas des enfants dont les percentiles de poids par rapport à la taille (ou d’indice de masse corporel (IMC)) augmentent au fil du temps.
Identifier un problème de poids
Un seul point sur une courbe de croissance ne permet de tirer aucune conclusion sur la « normalité » du poids d’un enfant. Il faut plusieurs mesures, échelonnées sur plusieurs mois pour détecter une quelconque anomalie. Et souvenez-vous qu’un médecin, un nutritionniste ou un autre professionnel de la santé qualifié sont les mieux placés pour interpréter des résultats et investiguer d’autres paramètres.
Même si un problème de poids est identifié, qu’il soit trop faible ou trop élevé, on n’impose surtout pas un régime à un jeune enfant. Vouloir le faire maigrir avant qu’il n’ait fini de grandir peut avoir de lourdes conséquences. Ça peut perturber sa croissance, fragiliser ses os, causer de la fatigue, etc. Sans oublier l’isolement dont il serait victime. Bref, un régime amaigrissant risque d’amplifier le problème plutôt que le régler. On peut – voire, il faut – améliorer les habitudes alimentaires si nécessaire, mais pas dans un contexte restrictif ou négatif.
Pour ce qui est des enfants de petits poids, il en est de même. Il ne faut pas les forcer à finir leur assiette ou leur imposer de grosses portions, car ces comportements engendrent des désordres dans la reconnaissance des signaux de faim et de satiété.
Qu’est-ce qui influence le poids?
On a tendance à mettre toute la responsabilité de notre poids (et de celui des enfants) sur la génétique. Contrairement à ce que l’on croit, la plus grande influence de l’hérédité tient non pas aux gènes, mais aux habitudes léguées par les parents!
Le type d’aliments mangés, l’habitude de manger devant la télévision ou de manger rapidement, le fait de servir de grosses portions, de toujours vider son assiette, d’être actif ou non, etc. sont autant de déterminants du poids. Mettre la saine alimentation et l’activité physique au programme familial bénéficie à tous ses membres.
Aussi, sans le savoir ou le réaliser, nos paroles et nos attitudes, en tant qu’adultes influents, peuvent modifier le cours de l’histoire. Par exemple, obliger un enfant à terminer son assiette, le récompenser ou le réconforter avec de la nourriture, lui interdire ou restreindre certains aliments, etc. peuvent faire en sorte qu’il néglige de se fier à sa propre capacité de manger à sa faim et de manger simplement parce qu’il a faim. Mieux vaut donc éviter ce type d’interférence.
Il n’y a pas que le poids…
Le poids n’est pas le seul déterminant de la santé. Au contraire, les habitudes de vie ont un impact direct. À cet égard, l’activité physique joue un rôle de premier plan.
Par ailleurs, il ne faut pas accorder trop d’importance au poids et à la silhouette, car ça risque d’engendrer des préoccupations non justifiées ou exagérées. On évite donc même d’en parler devant les enfants. Ils construisent leur estime d’eux-mêmes et ce n’est pas le moment de la compromettre avec des remarques blessantes!
Nous aborderons cette question d’attitudes envers le poids dans un prochain article. En résumé : laissez place à la variété et à une croissance au rythme de chaque petit mangeur!