Un problème bien réel
Les troubles des conduites alimentaires font partie des troubles de santé mentale les plus fréquents chez les adolescents (selon une étude de Gonzalez, Kohn, & Clarke, 2007). Une étude allemande montre qu’environ 50 % des filles et 30 % des garçons âgés de 11 à 15 ans se trouvent trop gros (HBSC Allemagne). Selon le National Eating Disorder Information Centre, environ une Canadienne sur trois âgée de 12 à 18 ans présente des comportements alimentaires déréglés.
Les causes
Les causes d’une perception négative de l’image corporelle et des troubles alimentaires sont de nature individuelle, familiale, environnementale et sociale. Il n’y a pas de cause unique. Comme parent, il est impossible de contrôler tous ces facteurs! La meilleure façon de prévenir et d’intervenir est d’abord d’agir comme un modèle pour son enfant.
Soyez un modèle!
Vous êtes déjà un modèle pour bien des choses dans la vie de votre enfant : la politesse, l’ordre, l’hygiène, etc. L’alimentation et une perception positive de son corps n’en font pas exception! Un premier défi est de montrer à son enfant comment avoir une alimentation régulière et variée. L’attitude d’un enfant relativement à son alimentation pourrait être différente s’il voit ses parents sauter des repas, ou encore s’il entend qu’il y a des aliments qui ne sont pas bons pour la santé.
Étiqueter des aliments comme interdits peut envoyer le message qu’il y a une bonne et une mauvaise façon de manger. L’enfant pourrait alors être à risque de ressentir de la culpabilité lorsqu’il mange certains aliments. Le but est naturellement la modération. Une alimentation saine implique de la régularité dans les prises alimentaires, une variété d’aliments, bref, un bel équilibre.
Projeter un modèle d’une image corporelle positive se fait de façon plus subtile. L’enfant qui voit son parent aimer son corps tel qu’il est, peu importe ce que les médias, ses pairs ou même ses jouets peuvent lui laisser croire comprendra qu’il existe plusieurs définitions de la beauté. À l’inverse, un enfant qui entend son parent critiquer son propre corps comprendra qu’il est normal de ne pas l’aimer ou que la minceur est l’objectif à atteindre.
Les signes que ça ne va pas
Il est possible que malgré vos efforts, votre enfant présente certains signes d’une alimentation déréglée ou d’un trouble des conduites alimentaires.
Voici certains signes que votre enfant a des préoccupations liées à l’alimentation :
- Il évite de manger avec le reste de la famille. Il demande par exemple à manger dans sa chambre ou encore, il mentionne qu’il n’a plus faim pour le repas.
- Il présente des changements dans ses habitudes alimentaires. Il considère certains aliments comme interdits, il compte les calories des aliments qu’il mange, il se renseigne de façon exagérée sur les informations nutritionnelles des aliments.
- Il a une mauvaise perception de son image corporelle, par exemple il croit avoir un surplus de poids alors que ce n’est pas le cas.
- Il ne voit plus ses amis aussi souvent qu’avant. Il évite les sorties sociales comme les restaurants ou d’autres activités où la nourriture est impliquée.
- Il montre des changements sur le plan de l’humeur : il peut être plus triste, colérique, renfermé qu’avant. Il peut aussi présenter une faible estime de soi.
L’anorexie, la boulimie et l’hyperphagie sont les troubles alimentaires les plus fréquents. Ces trois diagnostics impliquent de grandes préoccupations liées à l’image corporelle et des comportements alimentaires déréglés. Voici certaines caractéristiques associées à chacun des troubles :
Anorexie
- Une distorsion de l’image corporelle
- Perte de poids importante liée à des restrictions alimentaires sévères, des mesures compensatoires comme de l’exercice physique excessif, des vomissements, la prise de laxatifs, etc.
- Peur intense de prendre du poids
Boulimie
- Insatisfaction et préoccupations importantes face à l’image corporelle
- Présence de restrictions alimentaires et de compulsions alimentaires. Les compulsions sont souvent suivies de mesures compensatoires (ex. : exercice physique excessif, des vomissements, la prise de laxatifs, etc.).
Hyperphagie
- Insatisfaction et préoccupations importantes liées à l’image corporelle
- Présence de restrictions et de compulsions alimentaires sans les mesures compensatoires.
Des ressources spécialisées
Les troubles des conduites alimentaires n’ont pas une cause unique et être un modèle positif n’est parfois pas suffisant. Donc, si votre enfant présente des comportements alimentaires déréglés ou même un trouble des conduites alimentaires, ce n’est pas votre faute. Proposez à votre enfant des ressources spécialisées pour lui venir en aide. Bien que vous souhaitiez aider votre enfant, s’il présente un trouble des conduites alimentaires, lui parler d’alimentation pourrait le rendre inconfortable, lui donner l’impression qu’il est surveillé et créer de l’anxiété. Une fois qu’il aura trouvé de l’aide, ne laissez pas le sujet de l’alimentation envahir votre relation.
Ce que vous pouvez faire pour aider votre enfant qui souffre d’un trouble des conduites alimentaires :
- Évitez le sujet de l’alimentation : ne parlez pas des valeurs nutritionnelles des aliments, essayez d’éviter de commenter ses portions ou celles des autres à la table.
- Mangez à la table en famille : évitez de manger devant la télévision ou chacun dans des pièces séparées.
- Ne commentez pas votre poids, le sien ou celui des autres devant votre enfant.
- Cachez la balance si vous en avez une à la maison.
Plus un trouble des conduites alimentaires est traité tôt, meilleures sont les chances de rémission. Il existe différentes ressources pouvant aider un jeune ayant un trouble des conduites alimentaires. N’hésitez pas à vous renseigner sur les liens suivants :
Ressources et liens utiles
- Institut universitaire en santé mentale Douglas
- Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine
- Hôpital de Montréal pour enfants
- ANEB
- Ordre des psychologues du Québec