Au Québec, on estime que 40 000 élèves du primaire vivent avec des allergies alimentaires et que 7% des familles comptent au moins une personne allergique. Bien que la gravité des réactions diffère d’un individu à l’autre, les conséquences psychologiques et sociales sont presque toutes les mêmes : désagréments (devoir lire les étiquettes, expliquer sans cesse l’allergie), chamboulement des habitudes de vie, craintes, tendance à l’isolement, etc..
Pourtant, comme le dit si bien Marie-Josée Bettez, rédactrice en chef du site Déjouer les allergies et coauteur du best-seller Déjouer les allergies alimentaires, « ce n’est pas parce que tu ne peux pas tout manger, que tu ne peux pas tout faire ». Les enfants, allergiques ou pas, ont besoin de vivre leurs propres expériences et de savoir qu’ils peuvent réaliser leurs rêves.
Lorsqu’il était enfant, le fils de Marie-Josée fréquentait avec bonheur les camps de vacances, et ce, malgré les nombreuses allergies alimentaires (une trentaine) dont il souffrait. Selon Mme Bettez, la préparation, la communication et l’implication du jeune sont les clés pour s’assurer d’un séjour sans anicroche.
Pour que tout se passe bien
Préparation et communication
Avant d’envoyer son enfant allergique dans un camp, une bonne préparation et quelques vérifications d’usage s’imposent. Même si les camps membres de l’Association des camps du Québec sont en mesure d’accueillir les enfants allergiques et son certifiés1, il est préférable de communiquer en amont avec la direction de l’établissement pour s’assurer que tous les moniteurs et le personnel ont une formation adéquate.
Pour vous aider à établir les bases d’une communication saine et efficace, voici les questions essentielles à poser, selon Marie-Josée Bettez.
- D’une manière générale, quelles sont les mesures prises pour éviter les allergies alimentaires?
- Quel est le plan d’intervention en cas de choc anaphylactique?
- Les moniteurs savent-ils reconnaître les premiers symptômes d'une réaction allergique?
- Savent-ils se servir adéquatement d’un auto-injecteur?
Si les allergies alimentaires de votre enfant sont nombreuses et/ou complexes, peut-être pourriez-vous fournir les couverts et la nourriture (dans une glacière) pour le la durée du camp? Peu d’établissements le suggèrent d’emblée, mais la majorité d’entre eux sont ouverts à cette solution.
Quelques semaines avant le début du camp, faites parvenir à la personne en charge de l’inscription de votre enfant, une fiche d’identification avec un plan d’urgence signé par le médecin de votre enfant. Cette fiche devrait inclure une photo de votre jeune, ainsi que les numéros d’urgence à contacter au besoin. À ce propos, le site Allergies Québec offre une foule de conseils et un outil intéressant pour bâtir adéquatement ladite fiche.
Points importants à communiquer
Voici un rappel des points importants à mentionner aux responsables du camp et aux moniteurs.
- Le type d’allergie
- Pour chacune des allergie, identifier la sévérité (de contact, par ingestion, intolérance, légère, sévère, mortelle, etc..), même si toute allergie doit être prise au sérieux
- Les signes et symptômes à surveiller et quoi faire en conséquence
- En cas d’allergie, l’enfant a-t-il un auto-injecteur ou un autre médicament à prendre et si oui, quelle est la posologie à prendre ?
Dans les bagages de votre enfant
Dans les bagages de votre enfant, un minimum d’un auto-injecteur d’épinéphrine est suggéré, mais en avoir deux serait plus prudent puisque dans certaines situations, une deuxième dose peut s’avérer nécessaire.
Implication du jeune
Sans rendre la situation dramatique et mettre tout le poids de la responsabilité sur les épaules de l’enfant, il est important que ce dernier fasse partie de la solution et qu’il connaisse les comportements à adopter pour réduire les risques de réactions allergiques. Idéalement, il devrait être en mesure de reconnaître ses propres symptômes et savoir utiliser son auto-injecteur (à noter que si une réaction allergique survient, certains enfants, tout comme certains adultes, ne sont pas en mesure de se faire l'auto-injection; ceci dit, l'enfant a toutefois avantage à connaître les modalités d'utilisation de son auto-injecteur).
Pour la majorité des enfants, partir en camp de vacances rime avec indépendance et plaisir. Pour les enfants allergiques, il faut ajouter à ce magnifique combo, le sentiment d’inclusion et la confirmation que leur condition ne contrôlera pas toutes les sphères de leur vie.
Pour aller plus loin
Dans Lunchs réinventés, Marie-Josée Bettez et son fils Christophe proposent des recettes à déguster à l’extérieur de la maison (à l’école, au camp, au bureau, en visite, etc.), des menus complets et plein d’information et de trucs pour mieux gérer les allergies alimentaires au quotidien. Lunchs réinventés – Déjouer les allergies alimentaires, de Marie-Josée Bettez et Christophe Bettez-Théroux, aux Éditions Québec Amérique, en vente dès le 15 mars 2017.
- Les camps certifiés répondent à plus de 60 normes qui établissent des exigences relatives à la sécurité, l’encadrement, la programmation, l’environnement et l’alimentation.