On ne se sépare pas aussi facilement qu’avant lorsqu’on devient parent. C’est normal. Qui ne rêve pas d’une famille unie? C’est d’ailleurs à cet idéal que plusieurs couples avec enfants s’accrochent pour traverser les difficultés.
Rester malgré l’insatisfaction
Plusieurs insatisfactions peuvent faire naître le désir de se séparer : le manque d’affection et de reconnaissance, le sentiment d’injustice face à la répartition des tâches, les difficultés à communiquer, le manque de vision commune au niveau de l’éducation des enfants, etc.
Mais lorsque l’idée de la séparation se pointe dans la tête d’un parent, ce dernier pensera inévitablement à toutes les autres choses qu’entraînera cette rupture : la possible obligation de devoir vendre la maison (oui, celle qui renferme tant de souvenirs), la baisse de ressources financières (selon les données de 2007 de Statistique Canada, 43% des femmes connaissent une baisse de revenu deux ans après une séparation ou un divorce), le fait qu’on ne verra plus nos enfants tous les jours (et qu’on pourrait manquer certains moments importants), les liens qu’il faudra sans doute rompre avec certaines personnes (oui, il est possible d’aimer la belle-famille!), etc.
C’est sans doute ce qui explique que, malgré les insatisfactions, il se passe généralement plusieurs années avant qu’un couple qui a des enfants, jeunes enfants pourrait-on ajouter, décide de se séparer.
Endurer… jusqu’à quand ?
Oui, le fait d’avoir des enfants peut rendre plus tolérant. « Et cela peut être bénéfique parce que les choses peuvent se replacer », affirme le psychologue Yves Dalpé. Mais les choses vont-elles réellement se replacer? Est-ce seulement un mauvais moment à passer? Est-ce que ça va aller mieux quand les enfants seront un peu plus grands, quand les nuits seront plus longues et les moments passés en amoureux plus nombreux?
Malheureusement, personne n’a les réponses à ces questions, pas même votre psychologue. « Cette décision est trop personnelle et entraîne trop de conséquences » estime Yves Dalpé.
Cependant, le psychologue a une certitude : « Si les enfants sont la seule raison et que tout le reste n’est vraiment pas satisfaisant, c’est sûr que ça n’a pas de bon sens. On ne leur rend pas service, aux enfants, en restant ensemble JUSTE pour eux. » Yves Dalpé rappelle qu’une famille est constituée de deux parents qui s’aiment et qu’il est primordial pour un enfant de voir et de ressentir cet amour. « Si l’amour n’est plus là, vraiment, et que les frustrations sont très grandes, je pense que les parents sont mieux d’offrir un modèle plus sain à leur enfant. »
Une fois devenu adulte, un enfant ayant vécu avec des parents qui ne s’aimaient pas risque d’avoir des difficultés au niveau de l’attachement et de l’engagement. « Il sera aux aguets de la moindre petite affaire qui ne va pas bien et va avoir envie de s’en aller. Son jugement sera implacable et il va partir trop vite, de peur de répéter ce que ses parents ont fait, de rester ensemble alors qu’il n’y a plus d’amour », explique le psychologue.
Bien sûr, il peut y avoir des incertitudes, des remises en question, des crises, des tensions. Tous les couples en traversent et c’est normal. C’est aussi normal de travailler pour son couple, de faire des efforts et des compromis pour que ça fonctionne.
Par contre, lorsque c’est clair que l’amour n’est plus au rendez-vous, que vous ne souhaitez plus la présence de votre conjoint, que les cris ont remplacé les paroles, que vous n’avez plus de relations sexuelles depuis quelques années et que vous n’en voulez plus, que l’infidélité s’est installée de part et d’autre… Mieux vaut se séparer.
La thérapie de couple
Avant d’envisager sérieusement la séparation, songez à une thérapie de couple. Bien sûr, si votre partenaire ne veut rien savoir, ça n’augure rien de bon. Cependant, si les deux partenaires ont la volonté de tenter le tout pour le tout, les résultats peuvent être surprenants. « De tous les couples que je vois, je dirais que la grande majorité ne se sépare pas. Même dans des situations qui semblent irrécupérables », explique M. Dalpé.
Le psychologue affirme que la thérapie de couple permet de réaliser qu’on n’a peut-être pas raison d’en vouloir autant à l’autre. « Ça peut être un soulagement de voir que nos perceptions ne sont pas nécessairement les bonnes, de voir en quoi on contribue soi-même à ce que ça tourne mal. »