Bien des personnes me demandent « ne sommes-nous pas obligés de prendre l’assurance de notre institution prêteuse? » La réponse est évidemment que non, mais ne vous attendez pas à ce que le conseiller de votre succursale vous dise que vous pouvez vous assurer ailleurs! Il a ses produits à vendre et c’est de bonne guerre.
Expliquons tout d’abord les grandes lignes des protections d’assurance des institutions bancaires. Vous retrouvez normalement trois types de protections, soit l’assurance vie, l’assurance invalidité et l’assurance maladies graves.
L’assurance vie
Elle va couvrir le solde hypothécaire normalement à 100 % advenant le décès de l’un ou de l’autre des copropriétaires. C’est une assurance décroissante, c’est-à-dire qu’elle correspondra toujours au solde de votre hypothèque. Les banques utilisent un taux fixe pour établir la prime. Elle restera donc toujours la même tout le long de l’hypothèque. Vous voyez immédiatement qu’au début de l’hypothèque cela peut s’avérer correcte comme prime si vous avez exemple 150 000. $ d’hypothèque, mais n’oubliez pas que la prime sera encore la même pour 100 000. $ d’hypothèque, pour 50 000. $, pour 25 000. $ et ainsi de suite.
Les Caisses Desjardins n’utilisent pas un taux fixe, car ils recalculent votre prime en fonction de l’hypothèque au moment du renouvellement. L’argument marketing de Desjardins est qu’ils vous feront payer seulement en fonction de votre solde réel. C’est bien, mais ils oublient souvent de dire aux clients que le taux de l’assurance, lui, va augmenter, car il est basé sur votre âge réel au moment du renouvellement. C’est rarement à l’avantage du client à moins que vous payiez rapidement votre hypothèque, par exemple sur 5 ou 10 ans… Ce qui n’arrive pas souvent. De plus, contrairement aux banques, Desjardins rajoute un pourcentage sur votre taux hypothécaire au lieu d’un montant fixe pour l’assurance. Cela a comme conséquence que vous aurez payé beaucoup plus d’intérêts à l’échéance de votre hypothèque. Cela serait trop long d’élaborer là-dessus dans un simple article; si vous voulez plus d’information, écrivez-moi et je me ferai un plaisir de vous donner plus d’exemples.
Certaines banques ont commencé aussi à offrir une prime d’assurance en fonction du solde réel de votre hypothèque (souvent pour les marges hypothécaires). Elles vous diront que vous payez seulement pour l’hypothèque que vous utilisez. Encore une fois, attention! Votre prime variera en fonction aussi de votre âge. Si votre hypothèque est pour plus de 20 ans, c’est souvent à votre désavantage. Ne vous fiez pas à la prime de la première année, elle sera basse au début, mais elle augmentera d’année en année.
L’assurance invalidité
Elle offre une protection qui couvre essentiellement votre paiement mensuel hypothécaire en cas d’incapacité de travailler en raison d’une maladie ou d’une blessure. Parfois, la couverture inclut aussi vos taxes municipales et scolaires si vos impôts fonciers sont pris à même votre paiement hypothécaire.
Vous avez un délai de carence à assumer, c'est-à-dire un délai avant que votre paiement soit couvert. Il peut être de 30, 60 ou 90 jours. Votre paiement est normalement couvert pendant 2 ans ou jusqu’à l’âge de 65 ans. La norme tend beaucoup plus vers la clause des 2 ans, car vous comprendrez que la prime sera moins élevée si la banque vous couvre pendant 2 ans plutôt que jusqu’à vos 65 ans.
Où je vous invite à faire attention, c’est sur la définition d’invalidité dans le contrat. Voici deux exemples :
- Vous êtes considéré invalide si votre état vous empêche d’occuper les tâches habituelles de votre emploi.
- Une autre pourrait être, vous êtes considéré invalide si votre état vous empêche d’effectuer tout travail rémunérateur que vous êtes raisonnablement apte à effectuer en fonction de votre éducation, de votre formation ou de votre expérience
Voyez-vous la différence? Il est plus facile de se faire payer avec la première définition, car elle se limite à votre emploi au moment de l’invalidité. La 2e par contre est beaucoup plus large, car elle couvre tout ce que vous avez pu faire comme travail dans le passé. C’est souvent cette clause qui prévaut quand on vous propose une protection jusqu’à 65 ans. La première définition se retrouve généralement dans les protections d’un maximum de 2 ans.
L’assurance maladies graves
Elle prévoit le remboursement du solde hypothécaire dès le premier diagnostic de l’une des maladies couvertes par votre institution. Normalement, on parle de trois maladies critiques soient : le cancer, la crise cardiaque et l’accident vasculaire cérébral. Certains disent que c’est seulement trois maladies, que ce n’est pas beaucoup. Cela couvre près de 90 % des réclamations au Canada pour l’assurance maladies graves. On peut dire que ça fait le gros du travail quand même.
À savoir
Vous ne pouvez pas adhérer à l’assurance invalidité ou à l’assurance maladies graves sans contracter l’assurance vie. Plusieurs exclusions font partie des contrats de base comme l’alcool au volant, la guerre, une émeute, les conflits armés, un vol dans un aéronef, etc. (ces clauses varient d’une institution à l’autre).
Très peu d’institutions vous offrent encore les trois protections aujourd’hui. La plupart ont délaissé l’invalidité pour la remplacer par l’assurance maladies graves. Ne vous laissez pas berner, l’assurance maladies graves ne remplace pas une assurance invalidité! Qu’arrive-t-il si vous souffrez d’une invalidité à la suite d’un accident et que vous ne pouvez pas travailler pendant de longs mois? L’assurance maladies graves ne vous sera alors d’aucun secours. Ce sont des protections distinctes qui couvrent des besoins et des situations bien différentes.
Pourquoi dans ce cas la majorité des banques ont retiré l’assurance invalidité de leur offre? Pensez-y quelques secondes… Tout simplement parce que ce n’était pas assez payant pour elles! Elles payaient pratiquement le même montant en réclamations qu’elles récoltaient comme primes d’assurances. En plus, elles pouvaient être prises à vous payer pendant deux ans en invalidité et par la suite devoir payer pour un décès… Par contre, en vous couvrant en assurance-vie et en maladies graves, elles vous réclament deux primes d’assurances, mais ne payeront seulement qu’une des deux éventualités, car si vous avez un cancer, l’assurance libère l’hypothèque. Elles ne peuvent donc pas vous payer l’assurance vie ET l’assurance maladies graves!
L’assurance privée ou personnelle
Évidemment, plus de choix s’offrent à vous juste par le fait même du nombre d’assureurs présents au Québec.
- Vous pourrez choisir une protection d’assurance fixe pour 10, 20, 30, 40 ans pour votre hypothèque. Le montant d’assurance et la prime seront fixes pour toute la durée du contrat. Vous pourriez aussi souscrire à une protection décroissante.
- Comme vous nommez vos bénéficiaires, donc à qui ira l’argent pour payer l’hypothèque, la différence entre le montant de l’assurance et votre solde hypothécaire profitera à votre famille et non pas à la banque.
- Votre protection est transférable si vous changez de prêteur hypothécaire. Vous n’aurez donc pas à refaire une nouvelle demande d’assurance. Très pratique si entretemps vous n’êtes plus assurable.
- Vous pouvez choisir le montant de protection que vous désirez si vous ne voulez pas assurer votre hypothèque à 100 %.
- Vous pouvez adhérer seulement aux protections que vous voulez, vous n’êtes pas obligé de prendre l’assurance vie si vous n’en voulez pas.
Bien que vous ayez plus d’avantages avec une assurance privée, cela ne veut pas dire que c’est nécessairement toujours le meilleur choix pour vous. Parfois, l’adhésion est plus facile par les assurances des institutions prêteuses. Par contre, si avez un problème de santé comme un taux élevé de cholestérol, une forme de diabète, etc. vous devenez difficilement assurable dans les banques. Par contre, vous aurez plus de chance d’être couvert par une assurance personnelle moyennant une surprime.
Ce n’est jamais tout noir ou tout blanc dans ce domaine, cela dépend toujours de votre situation… donc en conclusion :
Consultez, comparez, évaluez et finalement…. Assurez-vous!
N’hésitez pas à m’écrire si vous avez des questions ou si vous aimeriez avoir des comparaisons pour votre hypothèque. Bonne réflexion!
Sébastien Develey, Conseiller en finances personnelles