Le pourcentage de naissances hors mariage a plus que doublé aux États-Unis en moins de 30 ans, sans atteindre les taux observés dans plusieurs pays du nord de l'Europe, révèle une étude des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC).
L'Islande pointe en tête avec 6 naissances sur dix (66 %) en dehors des liens du mariage. Plus de la moitié des enfants nés en Suède (55 %) et en Norvège (54 %) ont une mère non mariée, alors que le taux s'élève à 39,7 % aux États-Unis.
Les pourcentages de naissances hors mariage en France (50 %), au Danemark (46 %) et au Royaume-Uni (44 %) sont également plus élevés qu'aux États-Unis, selon l'enquête rendue publique mercredi. Le rapport s'intéresse aux tendances observées entre 1980 et les dernières années permettant de disposer de chiffres, soit 2007 pour les États-Unis et la plupart des autres pays, et 2006 pour six pays (dont l'Islande, la France, le Royaume-Uni, l'Irlande et le Canada).
Le Japon est le pays présentant le pourcentage le plus bas, avec 2 % en 2007, contre 1 % 27 ans plus tôt.
Depuis 1980, la proportion des naissances hors mariage a fait un bond significatif aux États-Unis et dans au moins 13 autres pays industrialisés, précise Stephanie Ventura du centre national des statistiques de santé des CDC. Les taux ont doublé, triplé, voire quadruplé dans ces pays. La tendance allant en s'accélérant depuis 2002, d'après Stephanie Ventura.
Aux États-Unis, le taux a plus que doublé, passant de 18,4 % en 1980 à 39,7 % en 2007, soit 1 714 643 naissances hors mariage. En Norvège, il a plus que triplé au cours de la même période (de 15 % à 54 %) et en France, il a plus que quadruplé (de 11 % à 50 %). En Italie, il a fait un bond de 4 % à 21 % tout comme en Espagne (4 % à 28 %); l'Irlande a vu grimper ce pourcentage de 5 % à 33 %. Des hausses ont aussi été enregistrées au Canada (de 13 % à 30 %), au Royaume-Uni (de 12 % à 44 %), en Allemagne (de 12 % à 30 %).
S'ils n'ont pas de certitudes sur les raisons de ce phénomène, les experts soulignent qu'il semble y avoir au sein de la société une plus grande acceptation des naissances hors mariage.
« Les valeurs autour de la formation de la famille changent et les femmes sont plus indépendantes qu'elles ne l'étaient » auparavant, « les jeunes gens n'ont pas l'impression qu'ils doivent vivre en vertu des mêmes règles sociales que leurs parents », note Carl Haub, un démographe, du Population Reference Bureau (PRB) de Washington.
Mais il existe des différences dans la perception des grossesses hors mariages suivant les pays.
Aux États-Unis, les mères qui ne sont pas mariées vivent globalement seules et sont généralement pauvres et sans éducation. Dans le nord de l'Europe, les femmes et les hommes vivent plus souvent ensemble, et sont engagés dans des relations longues et stables sans s'être dit « oui » devant le maire, explique Carl Haub. Il ajoute qu'en raison du déclin du taux de natalité dans certains pays européens, les gens ont tendance à se préoccuper davantage de la santé du bébé à l'accouchement que de la situation matrimoniale des parents.
Pour le démographe américain, le nombre total de naissance à l'échelle internationale est appelé à diminuer, un phénomène déjà observé dans des pays européens en raison des économies chancelantes. Mais il s'attend à ce que la tendance concernant le pourcentage des mères non mariées persiste.
Aux États-Unis, 23 % des naissances hors mariage en 2007 concernaient des adolescentes (contre 50 % en 1970), la proportion ayant grimpé chez les femmes d'une vingtaine d'années et plus.