Est-il temps de rendre obligatoire le vêtement de flottaison individuel (VFI) sur les plans d’eau du Québec? C’est la question qui se pose à la lecture du bilan des décès survenus sur les cours d’eau lors d’activités nautiques pour la saison estivale 2008. Le Conseil québécois du nautisme (CQN) s’inquiète du fait que, malgré les campagnes de sensibilisation intensives, l’année 2008 n’a pas suivi la courbe descendante entamée l’an dernier.
« En effet, 12 noyades sont survenues en 2007 et nous pensions être sur la bonne voie. Hélas, nous revenons aux bilans précédents et poursuivons la triste tendance observée depuis 2000 avec 15 noyades et plus par année », a déclaré Vahé Vassilian, président du CQN.
Le triste bilan 2008 des décès survenus dans le cadre d’activités de navigation de plaisance révèle que :
En 2008, 12 régions ont été touchées comparativement à 8 en 2007. Les régions administratives du Québec et de l’Outaouais se partagent la première place; 90 % des victimes sont des hommes dont environ 60 % étaient âgés de 40 ans et plus;L’absence du port d’un dispositif de flottaison approuvé et de taille appropriée explique la majorité des noyades. On remarque également que son taux d’utilisation n’augmente pas au fil des années;Les noyades se produisent principalement dans les petites embarcations de 6 mètres et moins;En plus des pertes de vies, les noyades engendrent 80 $ millions en coûts socio-économiques directs et indirects chaque année;D’année en année, pendant la saison automnale, environ 2 à 3 chasseurs ou pêcheurs se noient sur nos cours d’eau et viennent ainsi alourdir le bilan.
La mission du CQN consiste à promouvoir le nautisme en toute sécurité. De toute évidence, les résultats de ses campagnes de sensibilisation plafonnent au point où il est en droit de se demander si une loi pourrait aider à renverser la vapeur. « Une législation pourrait être le meilleur moyen pour changer les comportements. Nous prendrons position publiquement en 2009 », a ajouté Vahé Vassilian.
Rappelons que plusieurs organismes se sont déjà positionné en ce sens : le Bureau du coroner avec l’enquête publique du coroner Me Jacques Bérubé, le Conseil des directeurs de santé publique, la Société de sauvetage, le Comité de consultation de la sécurité nautique et la qualité de vie sur les lacs et cours d’eau du Québec du gouvernement du Québec, la Croix-Rouge canadienne et le Conseil canadien de sécurité nautique. En ce moment, la loi exige que le nombre de dispositifs de flottaison à bord soit égal au nombre de personnes présentes dans l’embarcation et que chaque plaisancier en ait un de taille appropriée à sa disposition. Toutefois, le port d’un dispositif de flottaison n’est pas obligatoire.
Le CQN rappelle que, selon une étude du Bureau de la sécurité nautique datant de 2002, entre 84 % et 93 % de la population est en faveur d’une législation qui obligerait le port du vêtement de flottaison individuel (VFI) à bord d’une embarcation. L’efficacité du port du VFI fait consensus chez les intervenants. Selon une analyse du National Transportation Safety Board (NTSB), le port du VFI sauverait environ 85 % des victimes. « Pourquoi n’avons-nous pas le réflexe de porter le VFI comme nous portons le casque à vélo, la visière au hockey et la ceinture de sécurité en voiture? » ajoute M. Vassilian.