D'un point de vue médical, l'événement est banal, et ne compromet que rarement le succès des grossesses futures. En revanche, des travaux récents provenant surtout d'Angleterre et des États-Unis montrent que des perturbations psychologiques importantes peuvent survenir après un avortement spontané (1).
Peu d'études ont tenté d'évaluer la fréquence des troubles dépressifs suivant une fausse couche. Par contre, 29 % des femmes ont eu recours à des tranquillisants et des somnifères. Quelques témoignages de femmes qui ont vécu les deux types d'expérience montrent que, par comparaison avec une fausse couche « à domicile », une fausse couche « à l'hôpital » est plus anxiogène et la dépression qui s'ensuit plus importante. Pour les femmes, une fausse couche n’est jamais banale, mais dans une proportion importante de cas elle peut provoquer des réactions dépressives intenses. Ces résultats devraient sensibiliser les soignants et l'entourage en général.
Considérer une prise en charge psychologique
Pour améliorer la prise en charge après une fausse couche, vous devez discuter davantage avec les médecins et être mieux informée sur les causes et les conséquences possibles d'une fausse couche. Ces informations vous permettraient d’atténuer vos sentiments de culpabilité. Il faudrait également que votre souffrance psychique soit prise en compte au moment de la fausse couche et dans les mois qui suivent et que la possibilité d'un soutien psychologique vous soit offerte.
Le sentiment de culpabilité et d’échec est fort
Mais pourquoi cet événement, qu’on dit si banal, apporte autant de souffrances? La notion de culpabilité, évoquée plus haut est la première souffrance… « J’ai échoué à mettre ce bébé au monde », « je ne me sens pas capable », « j’ai trop travaillé », « j’étais épuisée »… sont les petites phrases fréquemment entendueset qui témoignent de votre soi-disantresponsabilité.
La notion de mort est présente aussi
Par contre, on sait aussi que cet « échec » côtoie un autre sentiment qui est lié à la notion de mort et ici on est dans des sphères délicates où rationaliser ne sert pas à grand-chose. Porter la mort ou savoir son enfant mort n’est pas un événement banal et il est ultra important d’évoquer, avec un soutien psychologique, cette peine immense. Car, c’est vrai, on en sort à un moment donné, mais il faut passer au travers de plein d’émotions à partager et à ressentir.
L’équilibre du couple peut être fragilisé
Après un épisode si douloureux, votre couple peut traverser des moments difficiles, où mettre des mots n’est pas forcément facile. Votre compagnon et vous-même ne ressentez pas forcément ce qui se passe de la même manière, tout simplement, parce que vous avez porté un espoir qui a disparu dans votre ventre à vous… Se rejeter la faute peut arriver et dans ces cas-là il est important de se faire aider à deux. Il n’empêche que, parfois, l’homme a, aussi du mal à surmonter la notion d’échec qui renvoie plus facilement à des situations, où il n’a pas su protéger sa famille… Les autres enfants du couple peuvent être aussi touchés par votre tristesse et quand vous vous sentirez prête, parlez-leur simplement de votre fatigue et de votre amour pour eux. Sans dramatiser, vous devez les rassurer en leur disant que vous devez vous reposer et qu’ils n’ont rien à voir avec ce qui vient de vous arriver.
L’entourage est parfois maladroit
Lorsque vous devez annoncer la nouvelle, les amis, la famille sont, eux aussi parfois maladroits, car il n’est pas facile de savoir réconforter. Alors, les phrases dites dans ces moments-là sont parfois cruelles ou douloureuses. Vous avez des mères ou belles-mères qui, en fonction de leur propre histoire, vont culpabiliser encore plus ou être super protectrices et envahissantes… Les amies sont elles aussi renvoyées à leurs propres expériences et déblatèrent parfois des histoires qu’elles devraient garder pour elles… bref, l’entourage n’est pas formé, non plus, à accueillir un événement triste.
Alors que ne devez-vous pas faire?
- ne restez pas seule;
- ne cherchez pas les raisons de cette fausse couche, seule;
- ne culpabilisez personne, ni vous-même;
- ne dites jamais « jamais plus »;
- ne prenez pas, seule, des antidépresseurs ou des anxiolytiques.
Que devez-vous faire?
- Reposez-vous le plus possible à la maison, accompagnée de personnes bonnes pour vous.
- Demandez une aide psychologique, même si cela doit être court et voyez si vous devez être accompagnée de votre compagnon.
- Prenez le temps de prendre soin de votre corps, faites-vous masser, suivez un cours de yoga, c’est le moment de vous initier aux sports en douceur.
- Si vous êtes à la maison, entourez-vous d’un cadre joyeux… achetez-vous des fleurs!
- Entourez vos enfants, votre compagnon et demandez-leur qu’ils vous entourent aussi.
- Dans vos activités ludiques, allez voir des films légers, lisez des livres faciles.
- Quand vous serez prête, prenez un week-end prolongé, soit seule, ou accompagnée pour sortir de votre cadre habituel.
- Au bout du compte l’important, c’est vous.
La fausse-couche est encore un événement banalisé alors que, bien au contraire, il faut en prendre grand soin. Les futures grossesses se passeront encore mieux, si vous évacuez la tristesse de cet épisode et vous pourrez regarder, plus tard, cette aide psychologique comme une évidence.
(1) Friedman T., Gath D, The psychiatric consequences of spontaneous abortion. Br J Psychiatry, 1989
Lectures inspirantes
- Une fausse couche et après? Par Garel M, Legrand H., Albin Michel, Paris, 1995. ISBN : 9782226078117
- Le deuil de maternité Par Muriel Flis-Trèves, éditions Calmann-Lévy, ISBN : 9782702134658
- Un enfant pour l’éternité Par Isabelle de Mézerac, éditions du Rocher, ISBN : 9782268049601
- Une fausse couche et après? Par Micheline Garel et Hélène Legrand, éditions Albin-Michel, ISBN : 9782226078117
- Marie-Kerguelen ou l’histoire émouvante d’un deuil
- Psychomédia
- Psychologie.fr