Les pathologies visuelles graves
Une prise en charge adaptée de l’enfant est toujours possible, que ces pathologies soient d’origines génétique, infectieuse ou accidentelle. Qui plus est, elle est d’autant plus efficace qu’elle est engagée précocement.
La cataracte congénitale est la principale maladie héréditaire. Elle se manifeste par une opacité du cristallin. Selon les cas, il est possible d’intervenir chirurgicalement dès l’âge de trois semaines ou à quelques mois. L’enfant peut alors mener une vie normale s’il bénéficie de soins attentifs. Cependant, les petites cataractes ne s’opèrent pas tant qu’elles ne gênent pas la vision.
Autres maladies congénitales connues : le glaucome, les dégénérescences rétiniennes dont la rétinite pigmentaire, certains nystagmus, l’albinisme, certaines microphtalmies et certaines tumeurs.
Les affections oculaires non héréditaires sont, parfois, la conséquence d’une grande prématurité ou d’une souffrance du bébé au cours de l’accouchement. Par exemple, la prématurité multiplie par quatre le risque de troubles tels le strabisme, la myopie, l’hypermétropie. Les spécialistes ignorent les raisons de ce phénomène, mais ils constatent que, fréquemment, l’œil ne développe pas une courbure normale.
Certaines maladies du fœtus (la toxoplasmose par ex.) peuvent provoquer des troubles de la vision tout comme une infection parfois passée inaperçue au cours de la grossesse.
Dans les cas les plus extrêmes de TRÈS BASSE VISION ou de CÉCITÉ, les spécialistes de l’enfant sont capables, dès l’âge de 6 mois, d’apprendre au tout-petit à développer ses capacités de compensation visuelle, à utiliser le potentiel épargné. Selon les cas, c’est le rôle d’une orthoptiste, une éducatrice de la vision, qui vient une ou plusieurs fois par semaine pour aider l’enfant à découvrir ses possibilités visuelles ou celui d’équipes pluridisciplinaires comportant des ophtalmologistes, des pédiatres, des opticiens, des psychologues, des orthophonistes, des psychomotriciens, des kinésithérapeutes, voire des rééducateurs spécialisés.
23Leur but : tout mettre en œuvre pour qu’il y ait de moins en moins d’enfants dans les écoles d’amblyopes ou de non-voyants, rendre ces enfants autonomes et leur permettre d’accéder à des activités sportives telles la natation, le ski, l’escalade... Dans le même temps, les parents ont, bien sûr, un rôle à jouer en collaboration avec les spécialistes. Pendant les tout premiers mois de sa vie, même si la vision lui manque, l’enfant découvre le visage de son père ou de sa mère par le contact, l’odeur, le son...
Ensuite, à partir de 6 mois, son monde s’élargit et il doit apprendre à utiliser sa vision, si faible soit-elle, faute de la voir régresser si elle n’est pas stimulée. En même temps, on offre à cet enfant des objets perceptibles : un biberon sur lequel on a collé des bandes noires, une poupée ou un animal à dominantes noir et blanc... On suggère même aux mamans de porter des vêtements à carreaux ou à larges motifs noirs et blancs. Objectif : donner à voir au cerveau. Inondé d’informations visuelles, il les exploite, se débrouille...
À l’inverse, si on l’informe peu, il néglige cette information insuffisante. Ainsi, on peut parfois, grâce à une bonne prise en charge des parents et à des gestes très simples, compenser une partie non négligeable d’une basse vision. Le credo des spécialistes « un enfant voit peut-être quelque chose et on doit faire travailler son potentiel de vision pour qu’il appréhende le maximum du monde qui l’entoure ».
C’est dès la naissance que l'on détecte les malformations les plus importantes de l'œil.
Pédiatre d’abord
Pendant les premières semaines de la vie, c’est au pédiatre qu’il appartient de dépister un éventuel problème des yeux : une cataracte, comme une malformation mineure. À partir de là, le pédiatre suit l’enfant, mais les parents ont aussi un rôle de premier plan à jouer dans l’observation du comportement visuel de leur bébé. À un mois, une mère doit obtenir facilement la fixation des yeux de son petit. À force d’intimité, de complicité, il lui arrive souvent de percevoir — s’ils existent — un strabisme ou un léger nystagmus (un battement anormal des yeux) avant le pédiatre. Au moment où elle les repère, ces défauts ne sont peut-être pas encore établis, mais si on les néglige, ils peuvent aller en augmentant.
Signes à surveiller
À 4 mois et demi, un strabisme ou un nystagmus constituent des signes d'appel, tout comme l’enfant qui ne suit pas des yeux ou qui ne sourit pas quand on se penche vers lui. Même chose, vers 9 mois, si un bébé ne manipule pas ses jouets ou n’accroche pas le regard de ses parents. Ensuite, un enfant qui ne marche pas vers 15 mois peut ne pas bien voir et il n’ose pas se lancer dans un espace qu’il discerne mal. De la même façon, un enfant est peut-être exagérément maladroit parce qu’il voit mal les objets et plus tard, à partir de 2 ans et demi, celui qui se frotte les yeux ou qui les plisse risque d’être myope ou astigmate. Cette habitude de faire une grimace avec ses paupières est, pour lui, un moyen de mieux voir...
Tous ces signes constituent autant de raisons de consulter un ophtalmologiste, en ville ou dans un service hospitalier et ce, au moindre doute et dès le plus jeune âge. Cependant, sauf cas particulier, le moment idéal se situe vers 9 mois, car à cet âge, l’enfant est extraordinairement coopératif, sage comme une image. Pour lui, l’examen est un jeu et il accepte toutes les contraintes, y compris la rééducation ou la paire de lunettes susceptibles de lui être prescrites.
Plus tard, passés 18 mois, la situation est très différente. Les enfants refusent de se laisser examiner. C’est l’âge des terribles colères-détresses si mal vécues par les mamans.
La connaissance de la vision des bébés est en plein développement. Aujourd’hui, on connaît de mieux en mieux les origines génétiques de certaines affections, notamment celles de la rétinite pigmentaire. Les scientifiques sont en passe de dominer les processus d’apprentissage de la vision par le cerveau et les professionnels développent des instruments de dépistage et de mesure et des moyens de correction de plus en plus performants. Ce faisant, la recherche se poursuit en s’appuyant sur l'épidémiologie une meilleure connaissance des facteurs de risque et des données chiffrées.
Contenu entièrement crédité à l’Association des optométristes du Québec.
Septembre 2007